Stravinsky Strasnoy (Théâtre du Châtelet - 22 Janvier 2012)
Igor Stravinsky - Ragtime
Dans cette courte pièce, on sent bien l'hommage au Jazz du début des années 1920, dans le souple chaloupement du rythme. Mais cela ne suffit pas à tenir la distance, et ces même pas 10 minutes réussissent à devenir répétitives et lassantes. Ca manque de groove, et de solos !Oscar Strasnoy - Usages du Monde
Quatre extraits d'un manuel de savoir-vivre de la Baronne Staffe sont chantés par les enfants de la Maîtrise de Radio-France, accompagnés d'un ensemble des musiciens de l'Orchestre Philharmonique. C'est plutôt rigolo, le texte daté étant traité de façon ironique, et l'accompagnement restant léger et décoratif sur les trois premiers morceaux. Pour la dissection des volailles, la musique se fait à ce point tonale qu'elle doit citer des lignes mélodiques déjà existantes (genre Mozart ou Haydn), ou alors c'est tout comme. Le tout est charmant, mais reste vraiment anecdotique.Igor Stravinsky - Suite n°1, Suite n°2
Rien que pour ces suites, ce concert valait pour moi le déplacement. J'en adore les miniatures rythmiques, la vivacité des lignes, l'acidité des couleurs. Oscar Strasnoy, en chef d'orchestre, privilégie les contrastes des dynamiques, créant des arrières-plans et des mises en avant bien lisibles. J'ai un coup de coeur particulier pour la "Valse" de la suite n°2, un numéro d'équilibre et d’agilité qui a en fait l'air bien casse-gueule pour les solistes !Oscar Strasnoy - L'Instant
Après cette série de courtes pièces, voici le morceau de résistance : un instant qui dure 45 minutes, avec choeur, maîtrise, grand orchestre, le contre-ténor Andrew Watts et le narrateur Benjamin Lazar.C'est présenté comme étant un opéra, mais le livret semble plus flou, qui parle d'un "double narrateur", dont l'un commence par discuter avec les musiciens qui les entourent - comme s'il était prévu que seules des versions "de concert" soient données.
Cependant, histoire il y a : deux amis se jurent d'assister au mariage l'un de l'autre, mais l'un des deux meurt. Il revient pourtant assister au mariage, et invite son ami à le suivre un instant au paradis, instant qui dure 300 ans, et au retour duquel, apprenant la mort légendaire de sa femme, le visiteur meurt d'émotions. Au-dessus de cette histoire se greffent des effets "méta", narration distanciée, énumération de listes interminables, description de conventions opératiques, etc.
La musique est agréable, mais ressemble trop à du patchwork de citations diverses, certaines au premier degré, d'autres plus en ironie. Les enfants manipulent plus de percussions légères qu'ils ne chantent. Les lignes mélodiques du contre-ténor sont belles. La sonorisation du narrateur est trop importante et recouvre trop souvent le reste de la matière sonore.
Mais le principal problème est qu'à la fin de la pièce, je ne sais pas quel est le style véritable de Strasnoy, si tant est qu'il en ait un, sous l'accumulation des "à la manière de" plus ou moins directs. Et je ne sais pas non plus ce qu'il a voulu nous dire par cette histoire. Il y a bien du métier, dans les orchestrations, mais la personnalité de ce compositeur se retranche derrière trop de paravents. Comme dirait l'autre, il serait bon qu'il fende un peu l'armure ...
Ce concert a été diffusé par France Musique et est peut être écouté pendant encore quelques semaines.
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