vendredi 19 mai 2023

Alexandra Grimal, Joëlle Léandre (Le Triton - 13 Mai 2023)

Voici deux musiciennes que j'ai souvent vu improviser, mais jamais ensemble, et qui ont des approches assez différentes de cet exercice.

Pour Joëlle Léandre, c'est une pratique très habituelle - et parfois, c'est un peu la routine. Elle possède dans son répertoire mental un ensemble d'idées de départ qui peuvent toujours servir à allumer le feu, s'il veut bien prendre. Drone, déclarations bougonnes, jeu percussif, archer tenu à l'envers, c'est solide, mais pas toujours inédit.

Pour Alexandra Grimal, le danger n'est pas la redite, mais plutôt le silence. Quand elle n'a rien à dire, elle a tendance à se taire, et attend l'occasion ou l'inspiration. De fait, elle bouscule peu Léandre, qui déroule ses paysages habituels, et elle s'y place comme elle peut, complémentant un drone, proposant une cascade mélodique, variant entre ses deux saxophones.

Finalement, le moment le plus intéressant sera vers la fin, quand Grimal passe à la voix, ponctuant une cantilène au soprano par des interjections "I ... accept ... silence". 

Et puis, comme Léandre qui avait passé tout l'après-midi à l'IRCAM est fatiguée, et qu'il fait de plus en plus chaud sur la scène, et qu'elles ont rempli le quota d'une heure, c'est la fin.


alexandra grimal, joëlle léandre

mardi 9 mai 2023

Louis Sclavis Quartet - Les cadences du monde (Le Triton - 6 Mai 2023)

J'étais passé, je crois bien, totalement à coté de cet album "Les cadences du monde", inspiré du recueil de photos "L’Usure du monde“ de Frédéric Lecloux, lui-même reprenant le périple relaté dans "L'usage du monde" par Nicolas Bouvier.

La formation est gentiment aventureuse, avec d'un coté Louis Sclavis alternant entre clarinette et saxophone, de l'autre le percussionniste Keyvan Chemirani, essentiellement au zarb et parfois au bendir, et au milieu, deux contrebassistes, Anna Luis et Bruno Ducret, qui eux aussi alternent, entre pizzicati rythmiques de Jazz et jeu à l'archet plus mélodique.

Cela fait finalement pas mal de possibilités, et elles sont toutes explorées lors des improvisations en duos ou en trios (les solos proprement dits sont rares), qui émaillent les compositions par ailleurs très écrites (avec suivi sur partition).

Bien sur, on voyage, vu le concept de départ, et on louvoie entre le monde du Jazz, de la World, du classique (auquel se rattache plutôt Anna Luis). Je ne suis pas emporté par un torrent d'émotions, mais c'est un concert fortement agréable.


les cadences du monde