dimanche 8 juin 2008

RSO - 555 (Temple du Saint Esprit - 7 Juin 2008)

Le 5ème anniversaire du Rainbow Symphonic Orchestra a décidé de la thématique chiffrée.

Edward Elgar - 5ème Marche de Pomp and Circumstance

C'est ronflant comme une valse rapide à deux temps, ça écoeure vaguement comme un tour de manège après un repas trop arrosé, c'est lourd comme une pièce montée dans un mariage où il faut à tous prix être joyeux, ça transpire le malaise et l'outrance sous le vernis des flonflons. Certains prennent cette musique au premier degré, bigre.

Ludwig van Beethoven - 5ème symphonie

Première audition en concert (ben oui). Il n'y a donc pas que le Popopopom introductif qui est connu : si l'andante ne réveille aucun souvenir, l'allegro si.

Jean Sibelius - 5ème symlphonie

Joli défi, pour un orchestre amateur : bien des pupitres sont mis à rude épreuve, particulièrement les cordes et les vents. Première audition là aussi (en concert ou ailleurs). J'ai beaucoup aimé les tapis très flottants des cordes, brouillards sépulcraux où errent quelques cors perdus. Certains musiciens parlaient de difficulté de mise en place, pour les oreilles néophytes, ça passe sans problème, peut-être les brouillards étaient-ils juste un peu plus épais que prévu ! L'acoustique de la salle, meilleure qu'aux Blanc-manteaux, n'accepte cependant pas les tutti : la fin du premier mouvement est une grosse grosse soupe où tout est écrasé, avec quelques mélodies aigües vaguement surnageantes. Tant qu'on reste dans des textures de moyenne densité, beaux paysages, très agréable voyage, avec des vitesses supersposées, le sentiment de quelque-chose d'effiloché, de cotonneux, une lumière très blanche. La fin est assez surprenante. Les Blam Blam seraient-ils une version épurée du syndrome de l'hydravion ?

samedi 7 juin 2008

Mahler Berg Schoenberg (Salle Pleyel - 6 Juin 2008)

Gustav Mahler - Symphonie n°10

Bien sur, sous la direction de Pierre Boulez, il est hors de question de ne pas se limiter à l'adagio. Ce n'est pas mon Mahler favori : un peu trop de cordes, même si elles laissent la place à d'incisifs passages parfois acerbes et acides. La fatigue m'empêche d'être bien attentif.

Alban Berg - Altenberg Lieder

Un cycle de 5 lieder que je ne connaissais pas, et qui est une splendide découverte ! L'orchestration regorge d'idées modernes, dans les sonorités, ou dans le traitement des motifs. La voix de Laura Aikin semble souvent à coté de l'Orchestre de l'Opéra national de Paris, et parfois en-dessous, plutôt que prise dans le matériau orchestral, mais peut-être est-ce normal pour ces pièces ? Même les poèmes, dont le livret franchement indigent ne donne que les traductions, sont surprenants, intitulés "Textes de Cartes Postales", à quel degré faut-il les prendre ?

Arnold Schönberg - Pelléas et Mélisande

Le poème symphonique dans toute sa splendeur de musique de film sans film. C'est moins baveux de post-romantisme que la Verklärte Nacht, avec même des épisodes guillerets façon fêtes paysannes, et de la matière orchestrale bien nourrissante, que viennent alléger de délicats solos ça et là (beaux passages pour les vents).
Comme d'habitude, Pierre Boulez reçoit un triomphe dès qu'il apparaît sur scène, avant même la moindre note jouée. A croire que le public l'acclame en chef d'orchestre afin qu'il n'ait pas le temps de composer (mais les "Notations pour orchestre" manquantes, alors, c'est pour quand ?).

Ailleurs : Palpatine, Philippe Herlin

vendredi 6 juin 2008

Festival Agora - Le Seuil du verbe (Cité de la Musique - 5 Juin 2008)

Après le prologue intersidéral, le festival Agora ouvre les festivités par ce concert de l'Orchestre Philarmonique de Radio France (augmenté de quelques membres de l'EIC) dirigé par Pascal Rophé. Est-ce la taille de l'orchestre ou une nouvelle manie de mise en scène qui supprime l'estrade et met les musiciens au même niveau que le public ? Dommage pour la vue.

Gérard Grisey - L'icône paradoxale

Cette pièce pour grand orchestre et deux voix de femme s'inspire de la Madonna del Parto de Piero della Francesca, et de son mouvement en abime vers l'infini. D'une part, l'orchestre attaque par des conflagrations aigües et tranchantes, puis enfle lentement, en ralentissant, et en conquérant les fréquences de plus en plus graves ; puis se densifie fortement, dans un tutti maelström majestueux. D'autre part, les voix (Susan Narucki et Lani Poulson) commencent par des sonorités pures et étales, avant de passer peu à peu des voyelles aux consonnes, de la note au bruit, du son pur souffle à la mélodie avec rythme. Cette superposition de trajectoires amène des moments assez prodigieux de rotations et de mouvements déboussolants. Même si elle est moins immédiatement captivante que "Vortex Temporum" ou "4 chants pour franchir le seuil", il est tout de même étrange et triste que cette oeuvre n'ait apparemment pas trouvé sa place sur un CD.

Jonathan Harvey - Mortuos Plango, Vivos Voco

Sans aucune coupure, l'orchestre est plongé dans le noir, le haut de scène est déguisé en vitraux, et la bande lance ses chants de garçon prisonniers d'une cloche. J'adore cette oeuvre. L'union mystique de la voix du fils du compositeur, et des sons de la grande cloche ténor de la cathédrale de Winchester. A la fois profondément serein et lumineux, mais aussi mystérieux, cette voix qui semble nous parvenir d'au-delà, à travers le spectre harmonique spécifique et unique de la cloche réverbérante. La douleur ("je pleure les morts") est transcendé par la jubilation du chant ("j'appelle les vivants"). J'écoute relativement souvent cette pièce sur un CD aujourd'hui peu trouvable, mais l'entendre diffusée en concert, avec spatialisation, lui rend une force délectable.

Elliott Carter - Concerto pour violoncelle

Encore un concerto pour violoncelle. Mais peu mémorable à mon gout. Interprété par Marc Coppey ce soir, mais commandé par Yo-Yo Ma, il offre au soliste une sorte de mélodie continue bien trop gentille, généreuse mais sans passion, et que l'orchestre habille assez paresseusement, changeant fréquemment de tenue, mais sans jamais m'emporter.

Jonathan Harvey - Madonna of Winter and Spring

L'inspiration est ici directement religieuse, pièce composée "en hommage à Marie, mère de Jésus". Presque 40 minutes divisées en 4 parties, une présentation des 20 mélodies formant la trame, une descente essentiellement électronique, une redite grave, glacée, fantomatique, des mélodies, puis une résurrection vers l'aigu. C'est agréable à suivre, un bel habillage de l'orchestre par les synthétiseurs, mais je n'ai aucun souvenir particulier dès le lendemain ...