Karlheinz Stockhausen - Inori (Cité de la Musique - 10 Février 2012)
Le descriptif que nous donne Stockhausen de cette oeuvre qui date du milieu des années 1970 est encore bien imprégné de discours "à la Darmstadt" : série de 13 hauteurs, 13 tempos, 13 intensités, 13 timbres ; échelle d'intensités comprenant 60 degrés ; etc. Il y a aussi un dispositif scénique qui vise la Gesamtkunstwerk, en alliant aux musiciens un couple de danseurs dont les gestes répétitifs et mesurés sont une transcription de la musique en "gestes de prière". Mais ce qui ressort de tout ça, c'est surtout une fascination pour la musique indienne et une mystique genre universelle, perçues comme un moyen d'échapper aux carcans occidentaux.
Ca commence donc par une note unique, répétée dans diverses configurations rythmiques, en courtes séquences séparées par des silences, et ponctuées par des percussions aigües, cette structuration étant maintenue pendant toute l'heure de la pièce.
A partir de là, des notes vont peu à peu s'ajouter, qui finissent par donner des mélodies et même de la polyphonie.
Je suis en général assez réfractaire à ce genre de musique très lentement variante et qui explore obstinément un climat musical restreint (tonalité, modalité, mode, quelque soit le nom le mieux correspondant)(c'est pourquoi je ne suis finalement pas attiré par les ragas indiens). Et là, je ne suis pas non plus aspiré par ce lent fleuve. Je comprends l'intention, mais n'y suis pas sensible. Et je regarde donc passer les notes.
Il y a de superbes moments, cela dit : à plusieurs reprises, j'entends comme une voix surgir des mélanges instrumentaux ; un duo de flutes, puis un duo de clarinette, m'enchantent. Et les polyphonies finales me font grande impression. Mais le tout est noyé dans un temps trop long, et alourdi par la mise en scène bien inutile.
Le danseur et la danseuse qui s'installent sur une plateforme au-dessus de l'EIC agrandi répètent à loisir des gestes qui ne me touchent absolument pas. Ils font office de chef d'orchestre bis, et d'ailleurs par moment le chef d'orchestre, Wolfgang Lischke, doit lui aussi faire ces "gestes de prière". Ca reste très artificiel, et ça a déjà vieilli, comme une sorte de pré-New Age.
1 commentaire:
J'ai déjà eu une impression similaire avec d'autres oeuvres de Stockhausen: de très bons moments mais des longueurs. Par exemple avec Stimmung ou encore le fameux Helikopter-Streichquartett.
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