lundi 18 décembre 2006

Planning Janvier - Février 2007

Etrange mois de Janvier ... Mois de Février plus conforme !

Suite au retour de l'agenda d'Allegro, je fouille dans le programme de Présences (en espérant qu'on puisse désormais entrer dans la salle, j'ai le souvenir d'affluences telles que sans complices pour faire la queue deux heures avant, j'avais renoncé à ce festival), et de Sons D'Hiver (si j'arrive à me motiver pour réserver des places, et franchir le périphérique ...).

dimanche 17 décembre 2006

Emio Greco - Hell (Théâtre de la Ville - 16 Décembre 2006)

J'arrive juste à l'heure mais le spectacle a déjà commencé : lumières allumées et public en train de s'installer, les haut-parleurs braillent des tubes divers, du Midnight Oil, du disco, du Marylin Manson, et 8 danseurs et danseuses se donnent à fond dans des chorégraphies inspirées des pistes de discothèques et des clips musicaux, mais avec la maestria technique et l'engagement physique d'artistes professionnels. C'est un entre-deux parfait, et qui me scotche.
Malheureusement, la lumière bientôt s'éteint, et les choses sérieuses commencent.
Scène sobre, un portail lumineux d'un coté, un arbre sec de l'autre. Les danseurs reviennent s'installer derrière des pupitres, et entament une longue séquence où des gestes rapides et amples sont séparés par des plages d'immobilité et de quasi-silence. Lent, et long. Mais beau : l'éclairage est particulièrement sublime, en noir et blanc très travaillé, avec des reflets magiques, une "photographie de plateau" sensationnelle. Beau, mais lent et long. Et quand ça s'agite, c'est d'abord pour des sauts qui ressemblent à des démonstrations techniques, puis pour des épisodes qui zappent brutalement, et entre lesquels je ne vois guère de rapports. Ce ne sont pas les danseurs qui sont à blamer, qui rivalisent de personnalité et d'intensité dans l'expression corporelle. C'est plutôt l'ambiance, une mise en scène qui se prend irrémédiablement au sérieux, qui convoque "Zarathoustra" (mais en fond sonore, avec des bébés en pleurs par-dessus ...) et la Cinquième de Beethoven, qui demande aux interprètes de se déshabiller partiellement ou totalement, qui utilise dans le titre et le sous-texte Dante, et tout cela pour seulement proposer un très beau spectacle. Très beau, mais finalement prétentieux, et encombré de scories (les faisceaux de lumière qui aveuglent le public, la nudité injustifiée (surtout qu'esthétiquement, tous ces machins qui balottent, bof), ou le faux-spectateur qui monte sur scène pour devisser les ampoules).

mardi 12 décembre 2006

Hommage à Henri Dutilleux (Salle Pleyel - 11 Décembre 2006)

Hall encombré de panneaux dressant la vie et l'oeuvre de Dutilleux, public découvrant la salle et confondant le programme de l'année et celui du concert, curieuse atmosphère.

Les Citations

Un très beau solo de hautbois (Maurice Bourgue) entame ce court dyptique, où le rejoignent le clavecin de Mathieu Dupouy et la percussion de Emmanuel Curt, mais qui resteront plus dans des rôles d'accompagnateurs. Le second volet voit la contrebasse d'Axel Salles prendre plus de place, dont un excellent solo très jazz, et un équilibre plus équitable du temps de parole. Il n'empèche que cet instrumentarium semble un peu réuni au hasard, et le clavecin en particulier peine à trouver une position intéressante.

Trois préludes pour piano

Interprétées par Vanessa Wagner, ces trois pièces flottent dans un manque de définition, un son trop réverbéré, une atmosphère pateaugeante et molle. Défauts liés à la partition, je crains. Le troisième prélude échappe mieux à cet ennui, mais sans vraiment briller exagérément.

Ainsi la nuit

Un chef d'oeuvre, oui, de Dutilleux, et du quatuor à cordes (que le XXème siècle a bien choyé). Le quatuor Sine Nomine l'habille d'habits chatoyants, de crissements magnifiques et déchirants. J'aurais aimé être moins fatigué pour mieux en profiter ...

L'arbre des songes

Plus loin de la scène qu'il y a deux jours, je trouve Raphaël Oleg moins intense et recueilli, et l'Orchestre du Conservatoire plus présent. Pas d'émotion particulière dans le fait de revoir les mêmes interprètes jouer la même oeuvre dans un cadre différent, je ne retenterais pas volontairement l'expérience.

dimanche 10 décembre 2006

Betsy Jolas - CNSMDP (Cité de la Musique - 9 Décembre 2006)

Betsy Jolas - Just a Minute

Cette pièce, aussi courte que l'indique le titre, évoque un tic-tac tendu, un suspense de musique de film. Le livret conclut étrangement "page d'orchestre qui, nous l'espérons, sera bissée", mais Dominique My refuse ce jeu : elle laisse le public applaudir, mais sans se retourner ni saluer, et enchaîne rapidement.

Claude Debussy - Rondes de printemps

Les musiciens du Conservatoire s'engouffrent avec fougue dans cette danse, peut-être un peu trop, même. L'énergie y est du coup plus spectaculaire que la poésie intime.

Betsy Jolas - Tales of a Summer Sea

Musique composée pour une production télévisée de "La Tempête" de Shakespeare, puis réécrite pour orchestre 15 ans plus tard, c'est une suite de vagues sonores puissantes mais calmes, avec plein de remous sous une surface faussement uniforme. Difficile à bien apprécier en une seule écoute.

Henri Dutilleux - L'Arbre des songes

Le concert redonne sa grandeur à cette pièce qui, en CD, ne m'a jamais vraiment captivé - contrairement à "Tout un monde lointain..." par exemple. Raphaël Oleg donne une lecture très concentrée, intense, par moments douloureuse, qui m'évoque à plusieurs reprises le "Concerto à la mémoire d'un ange". L'Orchestre du Conservatoire sait lui laisser le champ libre quand il faut, puis dialoguer (hautbois, cymbalum ... beaux solos), et iriser les feuillages qui à leur tout frémissent comme un coeur qu'on afflige.

Leonard Bernstein - Three Dance Episodes from "On the Town"

Changement radical d'atmosphère, au point de se demander quelle logique a placé ici ces trois épisodes, le premier brutal et court, le deuxième tendre et langoureux, le troisième enfin méchamment jazzy et fichtrement syncopé, où les trompettes, les clarinettes et les hautbois se lancent dans des jeux de big band avec un plaisir énorme. Les dernières pages sont bissées, dans une version débraillée presque limite.

mercredi 6 décembre 2006

Diptyque 3.3 : Lune rouge


Sensation
Originally uploaded by alibaba0.



Jeune femme brune
en gilet amande

Trotte sous la lune
à travers la lande

Vers quelle fortune
quelle sarabande

Quand flambe la lune
dans le ciel lavande


Participation au diptyque 3.3 d'Akynou.

mardi 5 décembre 2006

Louise Lecavalier (Théâtre des Abbesses - 4 Décembre 2006)

Suite de cette saison de danse pleine de flash-backs, avec le retour sur scène de l'égérie de la troupe La La La Human Steps, la muse du chorégraphe Edouard Lock, la flamboyante et volcanique walkyrie Louise Lecavalier, dans deux pièces courtes suivies d'une plus longue.

Lone Epic

En apéritif, cette pièce de Crystal Pite propose un décor de pupitres, dont les partitions retournées formeront des phrases (assez Forsythe-light like), et qui finiront vite par être renversées (cliché attendu). Mais la danse reprend alors de l'intérêt, avec de beaux mouvements de bras (puissamment musclés : la dame a fait de la boxe entretemps). Malgré le coté daté d'une volonté de "dire" quelque-chose, ou de faire à tout prix comme si, la présence intense de Lecavalier emporte le morceau.

Lula and the Sailor

Les pupitres sont dégagés, un large carré de toile est scotché au sol. Elle au centre, et Eric Beauchesne sur les cotés, interprètent un extrait de "Cobalt Rouge", de Tedd Robinson. Les déplacements constants, les piétinements et fragments de course, composent une chorégraphie presque abstraite, mais athlétique. Simple et efficace. C'est la musique, saxophone sur rythmes techno, qui cette fois a mal vieilli.

"I" Is Memory

Le morceau de bravoure : solo de 40 minutes, écrit par Benoît Lachambre. En tenue hip-hop trop grande pour elle, sur fond musical en dégoulinages électroniques répétitifs et hypnotisants, elle se lance dans une suite de glissements, de statures déséquilibrées, de repliements et déploiements des membres et de tout le corps, dans une virtuosité de la lenteur, une break-dance aux bords de l'arrêt ou de la chute. Trop exigeant pour mon état de fatigue : je jette un oeil de temps en temps, pour la voir se déplacer d'une fauteuil à une barre horizontale, ramper par spasmes ou faire une sorte de poirier ; vers la fin, elle semble se secouer plus énergiquement. Les applaudissements me réveillent.

dimanche 3 décembre 2006

Un peu de 3.0 dans la radio blog

A l'occasion de la mise à jour annuelle de la radio Dark (celle que mes lecteurs habituels n'écoutent pas), j'ai installé la dernière version de radio.blog. On y trouve un ascenceur (youpi !), et la possibilité de mettre en place plusieurs "playlists". Cette option est normalement prévue pour des sélections indépendantes, pas pour mettre les mêmes chansons dans des ordres différents. En bidouillant le PHP, j'ai néanmoins réussi à obtenir ce que je voulais : une liste de diffusion statique par année (de "D-Side 2002" à "D-Side 2006"), et une liste "Au hasard" brassant aléatoirement les mêmes chansons.
Le fonctionnement normal de ces multi-playlist peut intéresser ceux qui, entre Bach, Bach et Bach, ou entre Haydn, Ligeti et les autres, sont aujourd'hui obligés de maintenir N versions en parallèle.

Diptyque 3.2 : Ancienne génération


Ancienne génération
Originally uploaded by bladsurb.

Certains photographes gardent les anciens appareils précieusement. Ce n'est pas mon cas. Ce sont des objets comme les autres, qui, quand ils ne servent plus, encombrent.
A l'occasion de la grande braderie gratuite organisée par Akynou à partir d'un billet de François Granger, si quelqu'un est intéressé par un Pentax Z.10 qui a bien vécu (et dont l'auto-focus a connu des épisodes capricieux), deux zooms 28-80 et 70-200 (plages très agréables à l'usage), ainsi que par quelques rouleaux de négatifs encore valides (mais non frigorifiés), qu'il en profite ...

samedi 2 décembre 2006

Martin Crimp - Atteintes à sa vie (Théâtre de la Cité Internationale - 1 Décembre 2007)

17 fois Anne, Annie, Anya, ou Anouchka. 17 scènes qui nous parlent d'une femme, qui en livrent des fragments contradictoires : une femme qui efface les messages de son répondeur, demandes de pardon d'un homme pressé, ou menaces de mort ; l'amante d'un homme politique influent ; une terroriste qui plastique des boutiques de chaussures, et refuse toute légitimité au tribunal qui la juge ; une paysanne dans un pays de l'est en proie à la guerre civile, qui transporte son enfant dans deux sacs en plastique ; une adolescente qui fait du porno pour maîtriser l'image qu'elle donne d'elle-même ; une artiste qui met en scène les objets accompagnant ses tentatives de suicide (les "atteintes à sa vie") ; une mère de famille rigoriste ; etc. Mais ce ne sont que reconstitutions, évocations, témoignages : elle n'apparaît pas, puisqu'elle n'existe pas. Le vrai personnage principal, c'est le langage, comme élément central du théâtre. Les paroles se croisent et d'affrontent, les phrases se superposent et se téléscopent, les mots se cherchent ou s'échappent, les traductions abondent ou manquent. La scène pratiquement vide, un large podium garni de trois cubes, permet d'évoquer un appartement luxueux, une scène de guerre, une geole où on torture, par la simple magie du théâtre, par le travail de Joël Jouanneau et une troupe de sept hommes et deux femmes pleinement engagés dans le projet, par le pari sur l'intelligence des spectateurs. L'usage d'une caméra vidéo, un faux présentateur qui commente au micro, un photographe, brouillent un peu plus les niveaux de représentation : est-ce une reconstitution policière, l'élaboration d'un film, des souvenirs ? Tout est possible, et on voit passer bien des curieuses choses sur le plateau : un faux Columbo, un sac à dos rempli de pierres, des russes venant vanter les mérites d'une voiture, des intermèdes musicaux très Rock ou disco. Entre humour et tragédie, charriant les pires horreurs du monde mais les enfouissant dans des habits moqueurs, se moquant d'elle-même tout en glorifiant ses propres artifices, voilà une pièce magistrale et passionnante.