Jean-Efflam Bavouzet - L'esprit Debussy (Cité de la Musique - 4 Février 2012)
Claude Debussy - Images pour piano
Le livret est cette fois particulièrement fourni, près d'une dizaine de pages ! Du coup sont expliqués les rapports entre les différents livres d'Images, pour piano et pour orchestre. Dans ce premier livre on peut apprécier certaines des caractéristiques fondamentales de Debussy : l'aquatique de "Reflets dans l'eau", la presque abstraction de "Hommage à Rameau", la virtuosité dansante et aérienne de "Mouvement".Sous les doigts de Bavouzet, c'est la première qui me plaît le plus, qu'il donne avec une certaine distance presque nonchalante.
Pierre Boulez - Sonate n°1
Une belle mise en perspective pour cette pièce que de l'inclure dans un programme "Debussy". Bien sur, on est dans le dodécaphonisme, qui ce me semble commence à s'étendre vers les dynamiques, par exemple. L'effet est pointilliste, que la proximité debussyste colore d'une lumière un peu diaphane par moments, comme impressionniste. Surtout, Bavouzet rend cette partition beaucoup plus humaine qu'expérimentale : on y sent la colère dans les passages rapides, et une aspiration à la poésie, presque une tendresse même, dans les passages lents (poésie et fureur : René Char reste une influence majeure de ces années là).Claude Debussy - Jeux
De ce que je comprends du livret, "Jeux" est d'abord une pièce orchestrale, mais que Debussy avait d'abord écrite au piano, si bien que cette version piano apparaît si simple que Bavouzet a réalisé une nouvelle transcription pour deux pianos, mix entre les deux versions debussystes. Mais même dans cette version supposée simplifiée et plus lisible en terme de thèmes et de tonalités, je suis rapidement perdu, comme c'est le cas pour la version orchestrale, je n'arrive pas à vraiment entrer dans cet univers.Bela Bartok - Trois Etudes
Ces études apparaissent presque plus féroces et agressives que la sonate de Boulez ! Dans la première, il n'y a que la fureur, hérissée de dissonances. Le livret trouve des couleurs ligetiennes dans la deuxième étude, mais c'est aussi celle qui se rapproche le plus de l'univers debussyste, une présence d'eau et d'irisation. La troisième n'offre que de courts répits dans un martèlement rythmique au grand galop.Bavouzet fait précéder ces études d'une pièce que Bartok a dédié à Debussy, une "improvisation opus 9", donc je suppose que c'est la troisième "Esquisse op. 9b", une drôle de musique, où un peu de douceur debussyste passe à travers les accords sévères de Bartok.
Rectificatif : il s'agissait en fait de "Improvisation n° 7 op. 20, In Memoriam Claude Debussy".
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