dimanche 30 octobre 2016

Autour de Chet (Philharmonie de Paris - 9 octobre 2016)

C'est l'option "grand spectacle"qui a été choisie pour cet hommage à Chet Baker : spectaculaires jeux de lumières, surprises ponctuant le déroulé, comme un chanteur qui vient du fond de la salle, ou un duo presque dans le noir, défilé plutôt prestigieux de chanteurs (Hugh Coltman, Piers Farcini, José James) chanteuses (Sandra Nkaké, Camélia Jordana) et trompettistes (Airelle Besson, Erik Truffaz, Luca Aquino, Stéphane Belmondo), orchestrations variées (si je vois bien pourquoi ils invitent un quatuor à cordes, je comprends moins bien le choix de renforcer l'aspect rythmique de plusieurs morceaux, en doublant le batteur d'un percussionniste - ce n'est clairement pas ce qui me vient en tête de prime abord quand je pense à Chet Baker).
C'est du bon boulot. On ne s'ennuie pas, et si cela manque globalement de raffinement, il y a quand même de beaux moments. Je retiens principalement Airelle Besson (qui est la seule personne dont le solo a été applaudi pour lui-même !) et Camélia Jordana, qui invoque dans son chant les grandes divas du Jazz ("Camélia, elle l'a, ce je ne sais quoi", etc.).

autour de chet


Les Arts Florissants - Bach cantates (Cité de la Musique - 27 Septembre 2016)

Pour un concert de musique de chambre, je suis assez mal placé, tout au fond de la salle. J'ai de plus la sensation fort désagréable qu'un des violons joue faux ; du moins quelque-chose me gène dès qu'ils interviennent. Enfin, une des chanteuses a la voix à plusieurs reprises inaudible sous l'orchestre, et aucune des autres voix ne m'enchante particulièrement.
Du coup, je traverse le concert (cantate profane BWV 202 ; sonate pour deux violons (aïe !) BWV 1039 ; cantate sacrée BWV 55 ; suite BWV 1067 ; cantate du café BWV 211) sans grand plaisir. J'attendais le plus la dernière pièce, mais n'ai rien ressenti de comparable avec sa découverte en 2008.

les arts florissants

Louis Sclavis Quartet - Loin dans les terres (Le triton - 16 Septembre 2016)

La soirée avait bien mal commencée, par un repas au restaurant du Triton, d'habitude très agréable, et ce soir totalement gâché par un service déplorable, où le collègue a été agressé d'un coup de pied (involontaire) puis d'un coup de fourchette (très surprenant), et où il a fallu attendre près d'une heure qu'on nous serve des plats qui n'étaient pas ceux commandés. Arrivant quand même dans la salle, nous sommes encore refroidis par le discours inaugural du maître des lieux, expliquant qu'il couperait le courant si les musiciens dépassaient l'horaire de début du second concert (Louis Sclavis expliquera ensuite qu'il s'agissait d'une blague entre eux ...).
Le plaisir heureusement revient dès qu'ils commencent à jouer, et c'est un bon long set de plus d'une heure et demi qu'ils nous offrent.
Le batteur Christophe Lavergne et la contrebassiste Sarah Murcia se connaissent bien, évoluant dans le trio de Sylvain Cathala. Lui est toujours incisif et inventif. Elle est pour une fois un peu en retrait, solide mais sans ostentation. Ils laissent toute la place au pianiste Benjamin Moussay, lyrique et intense (le collègue trouve dans son jeu du Chick Corea - celui de "Now he Sings, Now he Sobs" par exemple), et au leader et clarinettiste Louis Sclavis, merveilleux et plus apaisé que parfois.
Au final, c'est de la musique que je déguste avec un grand plaisr sur le moment, mais sans ressentir le besoin pressant d'acheter le disque quand il paraîtra.

louis sclavis quartet - loin dans les terres louis sclavis quartet - loin dans les terres
louis sclavis quartet - loin dans les terres louis sclavis quartet - loin dans les terres

Ailleurs :Alain Gauthier

dimanche 9 octobre 2016

Emile Parisien Quartet / Archie Shepp All Star (Grande Halle de la Villette - 3 Septembre 2016)

Emile Parisien Quartet

La première fois que je les avais vus, ils avaient joué les morceaux de leur dernier album, dans l'ordre. Cette fois, plus conventionnellement, ils piochent plus largement dans leur discographie, et allongent encore des morceaux déjà longs au départ, construits en épisodes, avec des plages proches du chaos (Julien Touéry fouille dans son piano préparé, Ivan Gélugne martyrise se contrebasse en pizz sauvages, Julien Loutelier revisite sa batterie dans un grand désordre percussif) qui soudain passent du trépignement à l'envol, du surplace à la course, du sombre à l'embrasement. Ces séquences épiques sont généralement l'occasion de solos flamboyants d'Emile Parisien, dont tout le corps réagit à la musique, les jambes s'envolent et se tordent, le dos s'arc-boute puis se détend, les mains et la bouche s'agrippent au saxophone, ténor ou soprano, tandis que les notes fusent, phrases serrées, explosives, tournoyantes, escaladeuses de ciel et bâtisseuses de pont au-dessus des abîmes.
Comme ils ne sont que la première partie, le set est assez court, moins d'une heure. Dommage, je suis à peine rassasié.

émile parisien quartet

Archie Shepp All Star - Tribute to John Coltrane

En effet, quelques standards de Coltrane sont joués ("Naïma", "Cousin Mary" ...), mais Shepp y mêle ses propres succès ("Blasé", "Los Olvivados" ...) et d'autres. Il y a pas mal de monde sur scène : au centre, Archie Shepp ; juste autour, Billy Hart à la batterie, Richard Davis à la contrebasse (qui se déplace en fauteuil roulant et joue assis), et Jason Moran au piano ; plus loin, Ambrose Akinmusire à la trompette, et une section de cuivres (Sebastien Llado, Izidor Leitinger, Jean-Philippe Scali).
Le problème, c'est que j'ai du mal à apprécier le son d'Archie Shepp, qui est sa signature très particulière; Ça geint, ça chouine, ça larmoie, ça se tord et ça suffoque, et je souffre. Je reste du coup assez extérieur aux émotions suscitées, et observe le tout d'assez loin.
Dans les bons moments, je noterai : de beaux, simples et efficaces effets de big band entre la section de cuivres et la contrebasse, sur "Hambone" ; une version âpre et écorchée vive de "Naïma", très loin de toute mièvrerie ; la prestation impeccable de Marion Rampal sur "Blasé", troué de silence et d'obscurité magnifique ; et enfin, pendant le bis, enfin Akinmusire nous délivre un solo lumineux, généreux, comme libéré.

archie shepp all star

Ailleurs : JazzMagazine
Vidéos : Emile Parisien, Archie Shepp