dimanche 3 février 2019

Sydney Symphony Orchestra - Berg Mahler (Philharmonie de Paris - 4 Décembre 2018)

Alban Berg - Concerto pour violon "A la mémoire d'un ange"

Plus encore que le jeu de Renaud Capuçon, ce qui m'a impressionné dans cette interprétation par le Sydney Symphony Orchestra dirigé par David Robertson, c'est le coté désagrégé de la musique, comme des morceaux d'épaves flottant entre deux eaux, un orchestre sciemment désuni, presque un champ de ruines. Impression funèbre garantie.

Gustav Mahler - Symphonie n°5

Contraste saisissant pour cette symphonie rondement menée, pleine d'allant et de détails, qui focalise mon attention tout du long. Bel orchestre, lecture assez neutre mais bien prenante, que du bonheur.

sydney symphony orchestra

Ailleurs : Vincent Guillemin

Bach6Cellosuiten - Queyras, De Keersmaeker (Philharmonie de Paris - 17 Novembre 2018)

Jean-Guilhen Queyras joue les six suites pour violoncelle de Bach, sans partition, assis sur une chaise tournée chaque fois dans une direction différente, et bien sur c'est magnifique. Pour chaque suite, un ou une danseuse virevolte autour de la scène. Anne Teresa De Keersmaeker joue une courte séquence, répétée à chaque danse. Le décor est vide, à part la chaise, et des adhésifs au sol qui dessinent une sorte d'étoile chaque fois agrandie.

Je n'ai rien compris à la danse, mais la musique a suffi à mon plaisir.

queyras rosas


Au-delà - Vivier, Grisey (Cité de la Musique - 16 Novembre 2018)

Claude Vivier - Jesus erbarme dich

Courte pièce où dialogue une soprano et un petit choeur l'entourant. Beau, simple, assez intense, mais vraiment court.

Claude Vivier - Cinq chansons pour percussion

Là, malheureusement, c'est beaucoup plus long, et bien moins intéressant. Le soliste passe d'un ensemble de percussions à un autre, mais rien ne se dégage vraiment, fors l'ennui.

Claude Vivier - Glaubst du an die Unsterblichkeit der Seele ?

On retrouve le Choeur Solistes XXI, accompagné de percussionnistes de l'EIC. En 8 minutes se déploie un drame, intense et violent, d'abord un brouillard de lignes vocales sur lesquelles surfe les déclamations et exclamations du ténor, suivi d'un récit, d'autant plus glaçant qu'il se révélera prophétique, d'un meurtre dans une rame de métro. Du grand théâtre, tétanisant.

Gérard Grisey - Quatre Chants pour franchir le seuil

Cette pièce est un chef d'oeuvre, ce soir en est encore une fois la preuve. La révélation est ailleurs : dans le talent immense de la chanteuse Melody Louledjian. Elle survole toutes les difficultés de la partition, et en exalte les beautés avec un naturel et une authenticité estomaquantes. Les similis-hoquets du premier chant, les dictions suspendus du deuxième (mon préféré je crois), tout est lumineux, sonne nécessaire. Michael Wendeberg n'a plus qu'à l'accompagner dans cette sombre traversée, et cela donne une interprétation historique. Frissons.

au-delà

SpotifyGérard Grisey: 4 Chants pour franchir le seuil de Gérard Grisey, Catherine Dubosc, Klangforum Wien, Sylvain Cambreling
Ailleurs : Alexandre Jamar

Iannotta Macé Lachenmann (Cité de la Musique - 26 Octobre 2018)

Clara Iannotta - Clangs

Cette pièce pour violoncelle et ensemble amplifié propose, en restant assez loin du concerto, une évocation des résonances du carillon de la cathédrale de Fribourg. Une étude, par moments joliment mystérieuse, par exemple quand sont utilisés des harmonicas enrobés de soie, ou d'autres sources sonores non conventionnelles et parfois peu identifiables. Intéressant.

clara iannotta

Pierre-Yves Macé - Rumorarium

A la base, il y a des enregistrements de musique de rue, avec lesquels il joue ; mais on n'échappe pas à l'effet catalogue : je ne saisis à aucun moment un discours d'ensemble unifiant les séquences. Je zappe.

Helmut Lachenmann - Concertini

Pour du Lachenmann, il y a moins de bruits et moins de désespoir que d'habitude. Ça ressemble même bien souvent à de la musique normale, avec de vrais soli virtuoses (et magnifiques) !

Spotify Lachenmann: Concertini & Kontrakadenz de Helmut Lachenmann, Ensemble Modern, Brad Lubman, Markus Stenz 
Ailleurs : Michèle Tosi