mercredi 28 septembre 2016

ONJ 30 ans ! (Cité de la Musique - 2 Septembre 2016)

Berlin

En première partie, l'ONJ d'Olivier Benoît joue son hommage à "Berlin", dans un ordre différent de celui du disque (je me demande s'ils font pareil pour "Paris", qui ressemble plus à une suite de tableaux ordonnée). Connaissant l'album, je me repère mieux qu'à la première écoute dans ces longues plages de matière dense, plutôt sombre, traversées d'influences plus ou moins identifiables. La lumière vient des solos, où brillent particulièrement Fidel Fourneyron au trombone, Fabrice Martinez à la trompette, et Théo Ceccaldi au violon. La base rythmique n'est malheureusement pas à son niveau habituel : la basse électrique de Sylvain Daniel m'émeut bien moins que l'habituelle contrebasse de Bruno Chevillon, et le son de batterie d'Eric Echampard, toujours aussi furieusement pulsant d'énergie sous contrôle, manque de mordant (la qualité sonore de la vidéo est meilleure qu'en direct sur place !). Quoi d'autre ? Alexandra Grimal ponctue son solo de cris ; Sophie Agnel joue puissance et émotion avec des clusters ; la clarinette de Jean Dousteyssier, un peu noyée dans l'ensemble, gagnerait à être écoutée dans d'autres contextes.

30 ans !

Pour cet anniversaire, Arnaud Merlin joue le Monsieur Loyal, invitant tour à tour les 10 chefs d'orchestre successifs de l'ONJ, et discutant tranquillement avec chacun d'eux, le temps d'une anecdote ou d'une réflexion. Puis l'orchestre actuel, auquel se sont joints des élèves du CNSMDP, et deux invités venus d'Oslo, joue l'une des compositions du dit chef. Le rythme de la soirée est bon, tout le monde a l'air d'être heureux d'être là, sans trop de regrets ou de récriminations artistiques ou politiques. Quant aux morceaux, ça dépend ! Certains me plaisent beaucoup, d'autres pas du tout.
Du coté positif : "Desert City" d'Antoine Hervé, captivante intro en bruitisme subtil par Agnel et Ceccaldi, et atmosphères mystérieuses et capiteuses ;  la belle prestation d'Elise Caron pour "A plus tard" de Denis Badaut, voix, flûte, et effets sonores divers ; la douceur onirique de "Argentiera" de Paolo Damiani, avec solos mêlés de Ceccaldi et Grimal ; le duo oud (par Barthélemy) - trompette (par Martinez) sur "Oud-Oud" ; le grand plaisir d'entendre "Paris V" en fin de parcours, son énergie électrisante, et un formidable solo de Hugues Mayot.
Du coté négatif : "Real Politik" de Claude Barthélemy, un jazz-rock pompier, où sa prestation en guitar héro m'a passablement saoulé ; "Out of" de Didier Levallet, bien trop classique dans sa structure pour susciter l'intérêt (mais les trois solos sont pris par des élèves du CNSMDP, ce qui est une chouette décision).

onj 30 ans - les musiciens

Ailleurs : Citizen Jazz, JazzMagazine
Vidéos : Berlin, 30 ans !

dimanche 25 septembre 2016

Sarah Murcia / Magnetic Ensemble (Cabaret Sauvage - 1 Septembre 2016)

Sarah Murcia - Never Mind the Future

Le public est plutôt rare quand s'installent sur scène les musiciens, dans ce toujours aussi magnifique cabaret Sauvage, mais il grandit peu à peu, attiré par les chansons des Sex Pistols admirablement arrangées, de manière formidablement diversifiée, par Sarah Murcia (du rageur et très direct "God Save the Queen" au mystérieusement planant et presque Lynchien "Pretty Vacant", du guilleret "Liar" au puissant et entêtant "Submission"). Commençant à la basse électrique puis passant à la contrebasse, et parfois ajoutant le chant, elle délivre aussi de terribles solos, qu'elle vit intensément.
Le chant est principalement assuré par Mark Tompinks, très charismatique performeur. Frank Vaillant à la batterie et Julien Desprez à la guitare assurent les aspects les plus rock. Au piano, Benoit Delbecq est, comme d'habitude, à la fois profondément fidèle à lui-même, et constamment surprenant. Je retiens en particulier un duo piano/ batterie, tout en tension. Le plus étonnant dans cette équipe est peut-être la présence d'un saxophoniste, Olivier Py, instrument assez rare dans le Punk originel ...
Une des réussites de ce projet est de faire entendre les textes des Sex Pistols, souvent négligés, souvent peu compréhensibles aussi ; ici, ralentis, articulés, ils accrochent l'oreille ("No feelings", "Bodies" ...).
Comme les Sex Pistols faisaient de multiples doigts d'honneur à la musique "sérieuse", quand Sarah Murcia redonne des lettres de noblesse à leurs chansons, cela donne une forme d'hommage assez paradoxal !

sarah murcia - never mind the future

Magnetic Ensemble

Un groupe composé principalement de percussionnistes, plus un piano préparé tout aussi rythmique, un clavier pour la basse, et une chanteuse éthérée pour l'ambiance, cela devrait beaucoup me plaire, mais finalement, non. Je trouve les compositions sommaires, les constructions sonores peu accrocheuses, et le désintérêt me fait quitter la salle en milieu de set.

magnetic ensemble