lundi 29 octobre 2007

Planning Novembre - Décembre 2007

Après l'accalmie de ces quelques semaines sans rien de prévu, le rythme va s'accélérer ...

Puis trêve des confiseurs, qui devrait être la bienvenue !

mardi 16 octobre 2007

Cantus Cölln - Cantates de Bach (Cité de la Musique - 14 Octobre 2007)

Je retrouve le Cantus Cölln, de nouveau dans un programme Bach, avec un effectif agrandi : les voix sont doublées, les cordes nombreuses.

"Herr, deine Augen sehen nach dem Glauben" (BWV 102)

Dans cette longue cantate, c'est le choeur initial qui me plait le plus, ample, avec d'étonnants effets vocaux. La soprano Sabine Goetz a tendance à couvrir ses camarades, mais d'une si belle voix qu'on lui pardonne. Deuxième grand moment : la première aria, pour alto et hautbois, la douleur dans la voix du contre-ténor Kai Wessel, la consolation dans le hautbois de Stefanie Haegele. Le reste est moins marquant.

"Herz und Mund und Tat und Leben" (BWV 147)

Cette cantate fort longue (plus d'une demi-heure, en deux parties et 10 mouvements) recycle du matériel précédent, du 1716 remanié 1723 finalisé 1730 (dixit le livret). Chaque partie se termine par l'air "Jesus bleibet meine Freude" que le livret traduit par "Jésus demeure ma joie" au lieu de l'habituel "Jésus que ma joie demeure" ! C'est bien sur bien beau, mais ça ne me transporte guère ; notons cependant les interventions impressionnantes du basse, toujours aussi théâtral. J'admire du coup le travail des hautboïstes, humectant copieusement les anches extraites d'un riche trousseau, ou nettoyant régulièrement les tuyaux de leurs instruments d'un tissu accroché à un fil plombé ; l'orchestre est très concentré, fixé aux gesticulations pleines de grâce de Konrad Junghänel, au prix d'une certaine froideur, non dans la musique, mais dans les attitudes et dans l'atmosphère produite.

Missa (BWV 234)

Je retiendrai le "Kyrie eleison" immense, en plusieurs parties bien distinctes, dont un passage central purement vocal, où les voix entrent une à une, sans que ce ne soit ni vraiment un canon, ni vraiment il me semble une fugue, cela possède une odeur de liberté comme une improvisation, c'est magique. Et le "Miserere", chanté par Sabine Goetz, accompagnée uniquement de violons et de flutes, une architecture sonore sans assise, en apesanteur, digne d'une Passion.

samedi 13 octobre 2007

Le triomphe de la raison - EIC (Cité de la Musique - 12 Octobre 2007)

Bruno Mantovani - Con leggerezza

Avec légèreté, mais aussi avec brio ! "La forme est éminemment rhapsodique" prévient le compositeur dans le livret. En effet, une dizaine de secondes d'inattention, et on se retrouve devant un paysage tout nouveau, tant les idées s'enchainent et s'engendrent vite. Il y a de la liberté, et de la joie, en général, dans toutes les œuvres que je connais de Mantovani ; pas d'exception pour cette pièce, qui se place du coté lumineux, mais non sans profondeur. Pour un compositeur de 33 ans, il est plutôt bien servi en discographie, espérons que cela continue, j'aimerais retrouver un jour cette œuvre sur CD.

York Höller - Fanal

Je pense avoir déjà entendu ce concerto pour trompette (créé par l'EIC en 1991, c'est presque du répertoire, donc !). Mais malgré la performance de Jean-Jacques Gaudon, je n'accroche pas. Le livret : "Mais dès que l'attention de l'auditeur ne se limite pas aux événements de surface, il perçoit un va-et-vient permanent entre des structures clairement perceptibles et presque trop persuasives et des structures volontairement diffuses qui se dérobent à l'évidence immédiate." Damned, raté, pour moi, ce soir...

Marco-Antonio Pérez-Ramirez - Shouting Silences

La musique contemporaine offre une myriade de concertos pour violoncelle, en voici un de plus, mais qui se classe dans le haut du panier ! Une tension s'installe dès le début de la pièce, une émotion exacerbée, entre phases quasi catatoniques, statiques et froides, et éruptions maniaques, où l'orchestre prolonge par des traits obsessionnels (aux percussions notamment) les frénésies du violoncelle. La fin me surprend par son soudaineté, j'aurais aimé que cela dure un peu plus longtemps que ces 15 minutes ! Pierre Strauch obtient un triomphe, avec raison.

George Benjamin - At First Light

Le chef d'orchestre François-Xavier Roth dirige haut la main cette oeuvre lumineuse et intense, en accentuant les contrastes et les ruptures. Le résultat est spectaculaire et captivant.

mercredi 10 octobre 2007

Jean-Paul Sartre - Huis Clos (Théâtre des Abbesses - 9 Octobre 2007)

Il parait que la mise en scène que Michel Raskine proposait en 1991 était plus vaudevillesque et agitée ; cette version l'est pourtant déjà suffisamment ! Les tensions entre Garcin, Inès et Estelle se traduisent en empoignades parfois exagérément violentes (séance de torture d'Estelle), en déshabillages qui, ouf, savent s'arrêter à temps, en mise à sac du mobilier. Un parti-pris très physique, pour un texte qui pourrait offrir des lectures beaucoup plus froides et analytiques. Mais bon, le texte ne semble pas trop trahi, et les éclats d'humour vache, les répliques cinglantes, en ressortent ragaillardis !

De la troupe de 91 restent Christian Drillaud en Garcin (directeur de journal, intellectuel posant au héros révolutionnaire - un coté Serge July dans la composition), et Marief Guittier en Inès (look androgyne, cuir et crane rasé, sans doute trop agressif pour une employée des Postes, mais impressionnante en lesbienne fascinant sa proie) ; Pour Estelle, fausse blonde tentant de dominer la situation en jouant de ses atouts physiques, une nouvelle, Cécile Bournay ; et Guillaume Bailliart joue le garçon d'étage.

Certains aspects du texte ont vieilli (la lâcheté, vécue par Garcin comme une faute qu'il ne peut se pardonner), d'autres auraient nécessité plus d'explications (tout ce qui touche aux miroirs et à leur absence), et des passages sonnent par contre terriblement contemporains (le rôle des bourreaux de chacun pour les autres, expliqué par Inès : "Eh bien, ils ont réalisé une économie de personnel. Voilà tout. Ce sont les clients qui font le service eux-mêmes" ; rationalisation et torture 2.0, donc).

Comme la mise en scène utilise beaucoup de mouvements et d'actions, les canapés sont tous aisément mobiles, et se retrouveront tous plus ou moins saccagés à la fin ; divers mobiliers annexes (une table qui servira pour les confessions, une tringle avec des cintres) ne semblent là que pour ajouter au désordre ; c'est une sorte de faux minimalisme qui ne m'a pas vraiment convaincu. Un mannequin du Christ, assis, bras et mains liés, tête penchée en avant, veut certainement signifier quelque-chose, mais le message de cette présence me restera mystérieux. Les lumières, parfois tamisées au point de laisser la majeure partie de la scène dans l'obscurité, ou violemment crues, rappellent certaines méthodes de torture, mais de manière un peu gratuite. Coté sons, par contre, c'est très réussi, entre le vrombissement agressif lors de l'ouverture de la trappe d'entrée, les roucoulement répété d'un oiseau qui crée des ruptures momentanées dans les dialogues, ou la voix très particulière de Guittier.

mercredi 3 octobre 2007

Sidi Larbi Cherkaoui - Myth (Théâtre de la Ville - 2 Octobre 2007)

Le livret se termine par "Sidi Larbi Cherkaoui donne encore une fois à son public ce que trop d'artistes lui refusent : la générosité." Il est vrai qu'on trouve un peu de tout dans ce spectacle de 2 heures sans entractes. Autour de quelques personnages qui font essentiellement du théâtre (un militaire, une demeurée, une intello anglaise, un drag-queen black ... L'Octuple Sentier les liste excellemment), il y a des danseurs acrobates ou contorsionnistes habillés en noir qui gambadent et cabriolent, imitant tour à tour des ombres, des fantômes ou des doubles, accompagnant, imitant, ou houspillant les personnages, parfois menaçant, parfois invisibles, parfois dansant à l'unisson des autres.
Toute cette danse, mêlée de cirque, est spectaculaire et très prenante, sur de la musique médiévale jouée en direct par l'ensemble Micrologus, et même si, au bout d'un temps, il y a comme des redites, je reste, comme Pouessel, essentiellement séduit par la virtuosité de cette troupe.
Malheureusement, derrière cette danse, on sent la volonté de tenir un discours. Et là, dans le mélange hétéroclite des sources et des citations, dans les interrogations des personnages ou les déballages de dialogues pseudo-philosophiques, dans les gags supposés être signifiants, on fouille on fouille et on ne trouve pas grand-chose à comprendre. Et le décor de bibliothèque, avec des cranes, des portes dérobées, des murs à escalader et une grande porte, finit par devenir un peu claustrophobant.
A la fin, la grande porte s'ouvre, et un type vaguement christique entre sur scène armé de grands bâtons qu'il exhibe un moment en forme de croix. Contrairement à Ali, cela ne m'a pas géné outre-mesure, j'ajoute la citation dans le gloubi-boulga mythologique et insipide de la pièce.
Quel bilan alors ? J'aurais envie de dire à Cherkaoui,à l'instar des Talking Heads : "Stop Making Sense !". Sa danse souvent splendide a-t-elle vraiment besoin de se nourrir de ses éléments externes qu'il intègre si mal à ses spectacles ? C'était déjà le cas pour Tempus Fugit.

lundi 1 octobre 2007

EMO - Boulez (Salle Pleyel - 30 Septembre 2007)

Cette fois, la salle est bien pleine, au point de désorganiser bizarrement le personnel d'accueil, légèrement dépassé par l'affluence ; comme il y a deux jours à la Cité, les voilà confrontés à une pénurie de programmes : nouvelle tendance, insufflée par des préoccupations écologiques ? simple mauvaise gestion des stocks, malheureusement, puisque de nouveaux paquets apparaitront après la pause ...
Le programme pourrait se comprendre ainsi : une pièce maitresse du XXème siècle, "Amériques" de Varèse ; 3 créations françaises de compositeurs inspirés plus ou moins directement par l'esthétique éruptive et percussive du maitre ; et du Boulez dirigeant Boulez pour (se) faire plaisir.

Mark Andre - ...auf... (II)

Andre ou André ? Le livret hésite, le CD dit é, l'IRCAM dit e, Zürich dit é, Darmstadt dit é et c ! Et que dit la musique ? Après le petit gag de Pierre Boulez retournant en coulisse chercher la partition, elle nait du silence, des claquements à vide des touches d'un piano, puis de deux, accompagnés de rares notes ; elle s'empare des cordes, le chuintement des archets, puis des vents. Les sonorités explorent les gammes bruitistes, mais sans chercher à copier Lachenmann, et proposent des moments véritablement inouïs, des alliages incompréhensibles, dont je ne parviens pas à comprendre la fabrication, au point que je cherche un moment où sont les hauts-parleurs ! Tout l'orchestre parfois semble le prolongement des percussions, ou sert de filtre, ou de caisse de résonance. Mais cette recherche d'inédit entre dans un vrai programme musical, une mise en tension de l'orchestre qui semble chercher à briser une frontière, une lutte parfois aride et parfois violente. Description d'un moment prodigieux, et passage en force à travers "quelque-chose" qui finit pulvérisé : cette pièce est le mouvement central d'un tryptique sur la résurrection du Christ. Et je pense avoir assisté à l'audition d'un chef d'œuvre.

Edgard Varèse - Amériques

J'ai l'impression d'entendre la pièce pour la première fois, alors que je suis supposé bien la connaitre en CD ! Mais après le petit dialogue charmant flute-hautbois, lorsque les percussions démarrent, sarabandes légères de castagnettes ou hurlements de sirènes, que les cuivres et les contrebasses rivalisent de violence, j'éprouve rapidement une sorte de rejet, trouvant presque pénible ce piétinement féroce et furieux, ce déchainement tellurique ininterrompu, ce maelström finalement assez peu varié. Bizarre sensation. J'avais préféré Arcana (dont le descriptif pourrait en large part être resservi ici !).

Enno Poppe - Obst

Quatre mouvements apposés comme des fruits sur un plateau : des lignes qui s'accumulent dans un vortex puissant ; un motif de tierce qui se ballade en descendant de pupitre en pupitre ; une brève étude rythmique peu intéressante ; enfin, mouvement le plus développé, de grandes vagues successives parcourant tout l'orchestre. Première oeuvre de Poppe pour grand orchestre, c'est peut-être une première familiarisation ; peu passionnant.

Matthias Pintscher - Towards Osiris

Comme première étape d'une future vaste partition (créée l'an prochain à Chicago par Boulez), c'est très prometteur ! Brillant et virtuose, avec un splendide solo de trompette tout à fait jazz, et des performances assez éblouissantes des claviers de percussion, c'est rapide, 7 minutes, mais intense.

Pierre Boulez - Notations I-IV VII

Après tant d'artisanat furieux, ces études pour piano développées pour orchestre sonnent de manière très classique ; seule la percussion indique leur modernité. Timbres moelleux, suaves par endroits, rythmes déchainés soudain, mise en place parfaite que le bis confirme, bonheur.
De bout en bout, bien sur, direction impeccable de précision, et orchestre (Ensemble Modern Orchestra, formé autour des 17 solistes de l'EM, specialisé dans la musique contemporaine) apte à toutes les alchimies sonores requises.

A lire aussi : gPouessel, Palpatine, Laurent, Moere.