lundi 19 mars 2018

Grand soir Lindberg (Cité de la Musique - 9 Mars 2018)

Magnus Lindberg - Arena 2

Cette pièce de 15 minutes bouillonne d'énergie, d'idées, de textures. C'est splendide et captivant.

Iannis Xenakis - Palimpsest

Piano, percussions, vents, cordes, les familles se succèdent ou se répondent en duo. Des passages sonnent tonaux, d'autres juste bruyants, tout ça n'est pas totalement convaincant.

Gérard Grisey - Modulations

A Lindberg succède Pintscher en chef d'orchestre pour conduire l'EIC dans ce chef d'oeuvre qu'ils maîtrisent à merveille. La lecture en est analytique, avec beaucoup de soins dans les détails, les transitions comme magnifiées au microscope. Superbe et fascinant.

Christian Rivet - Etoile double

Dans cette création pour violoncelle, contrebasse et ensemble, on frôle parfois le silence, des notes éparpillées donnent une belle idée d'espace, le dialogue violoncelle contrebasse donne de belles sonorités.Intéressant.

étoile double

Brian Ferneyhough - Time and Motion Study 1

Alain Billard joue cette partition hyper-virtuose comme si c'était du Free Jazz ; ça ressemble à du Anthony Braxton, en fait ! Ahurissant et passionnant.

Magnus Lindberg - Souvenir

Par rapport à "Arena 2", le langage s'est beaucoup émoussé, on tombe dans de la mélasse néo-classique sans originalité. Décevant.

Ailleurs : Vincent Guillemin, Jérémie Bigorie

dimanche 4 mars 2018

Planning Mars-Avril 2018

Toujours cette moyenne d'un concert par semaine, et pas trop mal répartis, en plus ! Plutôt des "gros" concerts, par contre ; s'agira d'être en forme pour bien en profiter ...


Dusapin, Bartok (Philharmonie de Paris - 18 Février 2018)

Pascal Dusapin - Morning in Long Island

Alors que j'aime beaucoup ses "Solos pour orchestre", ce "concert n°1 pour grand orchestre", écrit ensuite, me semble beaucoup plus plat. Pendant près d'une demi-heure, il n'y a que des micro-variations sur une seule couleur, diaphane, et un climat, froid ; quand quelque-chose se passe, ça ne dure pas, et on retombe dans le climat de départ ; et quand le dernier mouvement enfin s'agite, c'est pour du sous-Bernstein, où le "swing" ne se retrouve malheureusement que dans le titre. Bref, de la musique pénible.

Béla Bartok - Le Château de Barbe-Bleue

Pas de prologue ? C'est mauvais signe ... De fait, l'Orchestre philharmonique de Strasbourg dirigé par Marko Letonja ne variera guère de couleurs d'une porte à l'autre, sauf à la cinquième, avec orgue que j'entends cette fois d'en face, et cuivres spatialisés qui éclatent dans mon dos, pourquoi pas, mais est-ce vraiment dans la partition ? Comme les voix de Nina Stemme et Falk Struckmann ne m'ont ni l'une ni l'autre transcendé, j'ai juste suivi avec plaisir la partition, mais sans émotion particulière.
Cela dit, c'est toujours agréable d'entendre le Mandarin Merveilleux et le Château de Barbe-Bleue à 8 jours d'intervalle, même si aucun de ces deux concerts ne sera inoubliable ...

barbe-bleue

Hans Werner Henze - Requiem (Cité de la Musique - 16 Février 2018)

Cette suite de "neuf concerts spirituels pour piano solo, trompette concertante et orchestre de chambre" durant plus d'une heure, elle suffit à remplir un programme de concert. Il faut dire que comme pièce, c'est du lourd. Je lis qu'on y entend des échos de Bach, de Mozart, d'autres œuvres de Henze : comme souvent, cela m'est passé par-dessus les oreilles. Par contre, le coté dodécaphoniste, je l'ai bien ressenti ; et pour de la musique écrite en 1990, c'est pas forcément bon signe : tout ça m'a semblé lourd, figé, assez grandiloquent, engoncé dans un langage passé. La trompette, rare, donne des éclats de lumière. Mais je n'ai vraiment pas envie d'écouter ça une deuxième fois.

Ailleurs : Jérémie Bigorie, Michèle Tosi, Benoît Fauchet ...

le requiem de henze

Le Mandarin (Philharmonie de Paris - 10 Février 2018)

Qigang Chen- Wu Xing (Les Cinq Elements)

Ecrite pour "alla breve", cette oeuvre enchaîne cinq moments dédiés chacun à un des éléments de la doctrine chinoise : l'eau, le bois, le feu, la terre, et le métal. J'aime beaucoup les effets de voilures successivement levées de l'eau, les couleurs du métal, et j'aime bien la sorte de statisme du feu. Mais l'ensemble fait un peu "métaboles" (c'est sans doute lié au cahier des charges de "alla breve", cela dit ...).

Qigang Chen- Reflets d'un temps disparu

Ce concerto pour violoncelle commence de façon intéressante, avec un Gauthier Capuçon très intense dans les différents effets sonores requis par son instrument, et des climats qui ne sont pas sans évoquer le "Tout un monde lointain" de Dutilleux. Le problème, c'est que plus on avance, plus les choses se posent, les mélodies s'affirment, la structure se stabilise, et l'ennui s'installe. Quand la lourde machinerie de musique de film s'impose vers la fin, j'ai déjà décroché depuis un bon moment.

Béla Bartok - Le Mandarin merveilleux

Bon, ce n'est que la version courte, mais l'Orchestre de Paris, dirigé par Hannu Lintu, en donne une version bien plaisante, acide comme il faut.

Reflet d'un temps disparu

Spotify : Qigang Chen - Iris dévoilée, Reflets d'un temps disparu, Wu Xing.

Bach en 7 paroles 5 - Des profondeurs (Cité de la Musique - 6 Février 2018)

Nicolaus Bruhms - De Profundis clamavi

Comme le concert se concentre sur les jeunes années de Johann Sebastian Bach, commencer par un de ses prédécesseurs fait sens. Belle performance, pleine d'intensité, de l'alto William Howard Shelton. Le climat général est aussi posé : beau, mais funèbre ; mais beau ; et funèbre.

BWV 131 - Aus des Tiefen rufe ich, Herr, zu dir

Quelle beauté, le choral introductif, où se détachent momentanément les solistes ! Première cantate écrite, sans doute en 1707, Bach s'y autorise des ruptures brutales inhabituelles, et effectue des montages par juxtaposition où se confrontent solistes et ensemble, tant au chœur qu'à l'orchestre. La sérénité et la douleur, les lentes lignes de mélodies et les décorations virtuoses, tout est dans l'équilibre des éléments, et parvenir à faire tenir cette architecture "baroque" tient du tour de force (mais j'aurais pu me passer du coup d'accélérateur dans le choral final).

Franz Tunder - Ach Herr, lass deine lieben Engelein

Un air sur lequel je n'ai pas grand-chose à dire.

BWV 106 - Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit

Là aussi oeuvre de jeunesse (22 ans), cet assemblage qui n'est pas vraiment une cantate met à l'honneur la flûte (en duo), et passe rapidement d'un climat à l'autre. Le ténor Reinoud Van Mechelen bénéficie de magnifiques airs où excelle son velouté. La deuxième partie, plus ascétique, qui parle de l'acceptation de la mort dans une perspective chrétienne, est par moment bouleversante. Mais là aussi, la fin accélère brusquement, une habitude qu'heureusement Bach perdra par la suite ...

Dietrich Buxtehude - Klag-Lied BuxWV 76

Une simplicité proche de la perfection, où brille une nouvelle fois William Howard Shelton.

BWV 4 - Christ lag in Totesbanden

Ecrite à peine un plus tard que les deux précédentes, cette presque cantate est déjà un classique. L'assemblage des lignes et des vitesses, qui sont toujours aussi disparates, est ici plus solide et naturel. L'ensemble Pygmalion varie à merveille les attaques et les tenues, et cette fois, on retrouve le final massif et posé habituel aux cantates !

BWV 230 - Lobet den Herren, alle Heiden

Oh, un bis ! Beaucoup plus allègre que la thématique de ce soir, cet air, de date inconnue, pétille de couleurs dans les chœurs, sans pourtant oublier l'émotion dans sa partie centrale.

A remarquer : pas d'invité spécial pour cet épisode. Juste un effort de mise en scène dans la disposition des chanteurs solistes sur des avancées de part et d'autre de l'orchestre.

Ailleurs : Stéphane Reecht
Le concert est disponible pendant quelques mois sur Philharmonie Live.