lundi 6 juin 2016

Festival La Voix Est Libre - Les Amours Poly-gammes (Cirque Electrique - 13 Mai 2016)

Il y a du y avoir une petite défaillance de communication pour ce festival, dont je n'ai récupéré le programme qu'assez hasardeusement. D'habitude, il avait lieu au Théâtre des Bouffes du Nord, mais cette année, il se disperse entre plusieurs lieux, dont ce Cirque Electrique, qui me spamme depuis plusieurs années, mais où je n'avais jamais mis les pieds. Et la défaillance de communication s'est doublée d'une défaillance d'organisation ; indiquer 20h30 comme horaire de début, mais n'ouvrir le chapiteau qu'une heure plus tard, et continuer à y faire entrer des gens à près de 22h, ce n'est pas du tout correct. Le retard s'accentuera encore entre les deux parties, forçant des départs prématurés pour cause d'horaires de transports en communs. Enfin, je ne sais pas trop d'où sortait ce public, si c'étaient des habitués du lieu, mais entrer et sortir sans arrêt, en passant devant les artistes en train d'improviser, c'est carrément irrespectueux. J'ai l'impression que beaucoup de gens étaient là un peu par hasard, et se comportaient comme dans un festival de Rock, entrant de temps en temps voir ce qu'il se passait, avant de ressortir aller boire une bière. Tout ça donnait un cadre plutôt déplorable à la soirée.

Violaine Lochu, Marie-Suzanne de Loye, Sanja Kosonen

La soirée commence avec un duo : Marie-Suzanne de Loye à la viole de gambe, qu'elle utilise un peu comme un violoncelle, en pizz ou à l'archet, ou en bouclant au pied, de façon assez belle et sage qui m'a fait plusieurs fois penser à Vincent Courtois ; Violaine Lochu à l'accordéon, et surtout à la voix, qui part dans tous les sens, un feu d'artifice enchanteur et à tout instant surprenant, presque comme une Youn Sun Nah sans contrôle - elle commence une chanson en avalant un peu d'eau pour faire des borborygmes ... Leur duo est drôle, et Violaine Lochu est pour moi la découverte de la soirée.
Pour les accompagner, Sanja Kosonen traverse la scène sur un fil de fer, équilibriste rousse qui joue à la sorcière derrière un masque de bois, ou qui multiplie les risques sur son fil, perchée sur des talons aiguilles.

la voix est libre - les amours poly-gammes

Claudia Solal, Benjamin Moussay

Lui au piano, elle à la voix, leur duo ressemble à un récital assez classique, un peu trop tenu pour ne pas être un peu terne.
Il faut attendre que les premières protagonistes les rejoignent et les bousculent pour que Claudia Sola en particulier se lance dans des dérapages plus intéressants.

la voix est libre - les amours poly-gammes

Et c'est la fin de la première partie.

la voix est libre - les amours poly-gammes

Edmond Baudoin, Yann Tambour, Laura Perrudin

Le fil de fer est enlevé, remplacé par un dispositif permettant à Edmond Baudoin de dessiner à l'encre de chine des scènes, portraits, paysages, images oniriques, qu'une caméra, malheureusement capricieuse, projette sur grand écran.
On commence par Yann Tambour, connu sous le nom de Stranded Horse, à la guitare et à la voix. C'est pas très intéressant, sa voix est très quelconque, et les chansons sont assez plates.
Beaucoup plus enthousiasmante est la harpiste Laura Perrudin, qui comme beaucoup d'artistes ce soir, utilise les boîtiers pour enregistrer de courtes phrases musicales ou vocales et les rediffuser en boucle ; elle crée ainsi boucle après boucle  des morceaux complexes, c'est un travail technique de haute précision et parfaitement maîtrisé. Lorsque Yann Tambour se met à la kora, l'échange des sonorités devient assez captivant.

la voix est libre - les amours poly-gammes

Nosfell, Babx, Julien Lefèvre

Nosfell, à la voix et guitare, vit intensément sa musique, qu'il lance par de grands feulements dans les aigus, tout en se tordant sur scène de façon très expressive. Babx, au contraire, très sobre derrière son piano, joue dans un ambitus très étroit, des comptines cruelles. Du violoncelliste Julien Lefèvre, je n'ai pas de souvenirs.

la voix est libre - les amours poly-gammes

Et c'est la fin de la seconde partie.

la voix est libre - les amours poly-gammes

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Cloud Gate Dance Theatre de Taïwan - Rice (Théâtre de la Ville - 24 Avril 2016)

Pour sa première venue au Théâtre de la Ville, le chorégraphe Lin Hwai-min et sa troupe du Cloud gate, très connue à Taïwan, nous présentent un spectacle basé sur le cycle de la culture du riz. Si je reconnais aisément certains mouvements qui évoquent en effet le plantage du riz, d'autres sont plus mystérieux, qui font par exemple intervenir du feu et de longues perches qui claquent sur le sol. A ce travail thématique se superposent le cycle des saisons, et l'intervention des différents éléments, en particulier dans les vidéos diffusées en fond de scène pour servir de décor. Le conceptuel l'emporte finalement sur l'origine paysanne des mouvements. Et des séquences au son de la Norma de Bellini, ou de la 3ème symphonie de Mahler, s'en éloignent encore davantage.
Du coup, je trouve le tout un peu rigidifié par sa prétention, joli mais sans émotion, et en fait un tantinet rasoir.

cloud gate dance theatre

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