samedi 31 octobre 2009

Joe Lovano nonet - Birth of the Cool (Cité de la Musique - 28 Octobre 2009)

Le cycle "We Want Miles" propose de revisiter en une série de concerts quelques albums importants de Miles Davis. Ce soir, on remonte au début de sa carrière, pour un "Birth of the Cool" revu par Joe Lovano, accompagné, comme dans l'album de départ, de huit compagnons, même si l'instrumentarium n'en est pas respecté.
Première fois que je vois Joe Lovano sur scène. Il en impose. Dès l'entrée, il commence à jouer, alors que les autres s'installent, et entrent peu à peu dans la danse, dans une ambiance assez déstructurée, presque free. Ca ne durera pas : rapidement, les choses se mettent en place de façon beaucoup plus académique, avec vers la gauche un trio rythmique basse batterie piano, vers la gauche un choeur de cuivres (saxophones ténor alto et baryton, trombone, trompette), et au centre, Joe Lovano, saxophone ténor, soliste principal, chef d'orchestre, qui décide qui doit prendre les solos, dans quel ordre et en quelle durée. Il présente aussi les morceaux, dans des speechs à la fois patauds et présomptueux, des clichés qu'il présente comme des vérités profondes, c'est gênant.
Mais c'est aussi lui qui joue le plus, et ça tombe bien, son jeu est l'un des plus solides du plateau, pas particulièrement aventureux, mais costaud, sur de lui, magistral, imposant. Dans ses collègues, il y a des déceptions (le pianiste James Weidman parfait en accopagnateur mais aux solos sans intérêts, le trompettiste Barry Ries qui essaie d'être si éloigné de Miles Davis qu'il finit à coté de son instrument), et de belles découvertes (Ralph Lalama au deuxième saxo ténor, tranchant et brillant, Gary Smulyan au saxo baryton, instrument rare). Mais mon héros de la soirée sera la batteur Lewis Nash, tranquille quand il le faut, mais qui se lance dès qu'il peut dans des breaks musclés et acrobatiques, joliment spectaculaires.
Le répertoire, c'est bien sur du Miles Davis, arrangé par Gunther Schuller, mais aussi du Monk, et du Lovano himself.

Vous pouvez vous faire une idée par vous-même du concert, très agréable, bien "cool" donc, puisque diffusé en direct et enregistré, il est disponible pendant quelques mois sur LiveWebArte.

Ailleurs : Le regard de James, et suite

Spotify :
Miles Davis - Birth of the Cool
Joe Lovano - Streams of Expression

dimanche 25 octobre 2009

Xenakis Stravinski (Cité de la Musique - 23 Octobre 2009)

Après un concert pour grand orchestre, puis un pour solistes, en voici un dernier, pour ensemble. C'est sans doute celui où le couplage fonctionne le moins.
En introduction, des membres de l'IRCAM installent des micros pour enregistrer l'acoustique de la salle remplie de public, ce qui demande une bonne qualité de silence, qu'ils n'obtiendront guère, entre les portables qui sonnent, l'EIC qui s'échauffe de manière fort audible en coulisse, et les exclamations peu discrètes de Françoise Xenakis, qui trouve très malvenu le bras levé du technicien sur scène.

Iannis Xenakis - Plekto

La formation est assez standard du XXème siècle, flûte, clarinette, piano, violon, violoncelle, percussions. Et l'oeuvre ne brille pas par une originalité folle. Piano et percussions s'affrontent, d'un bord à l'autre de la scène. Les instruments centraux se concentrent sur des aspects plus mélodiques, assez surprenants chez Xenakis. Le tout n'est pas inoubliable, puisque déjà en grande partie oublié...

Igor Stravinsk - 8 miniatures instrumentales

C'est l'extension, pour 15 instruments, écrite en 1962, de pièces faciles pour piano, appelées "Les 5 doigts", qui datait de 1921. On peut y entendre des échos de "Pulcinella". C'est frais, rythmé, dynamique. Pas transcendant non plus.

Igor Stravinski - Concertino

C'est encore une transposition, pour 12 instruments, écrite en 1952, d'un quatuor à cordes écrit en 1920. Violon soliste, architecture très aérée et assez gracieuse, avec des vitesses très contrastées. C'est frais, rythmé, dynamique (ben oui, again).

Iannis Xenakis - Nomos Alpha

Pièce pour violoncelle seule, remplie d'expérimentations sonores (mais plus "bruyante" que du Lachenmann), ce déluge de virtuosités me laisse froid.

Igor Straviski - Concerto "Dumbarton Oaks"

"Petit concerto dans le style des concertos brandegourgeois", décrivait le compositeur. En effet, l'élégance simple des lignes contrapunctiques est bien là, une certaine robustesse dans la construction du discours aussi. Mais Stravinski y ajoute sa sauce, obstinatos rythmiques, une énergie sous-jacente qui fait rebondir continuellement les lignes, une petite distance d'humour quand le tempo doit ralentir. Très joli. Ah oui, disons que c'est frais, rythmé, dynamique.

Iannis Xenakis - Eonta

Ouf, pour terminer, enfin une pièce un peu plus consistante, qui ne soit ni mineure, ni décorative. Cela commence par une vaste cadence pour piano, entre improvisation à la Cecil Taylor, et étude de Ligeti qui aurait voulu s'inspirer de Stockhausen. Dimitri Vassilakis y est magistral. Bientôt viennent l'entourer deux trompettes et trois trombones. Pour la création, Boulez avait doublé les effectifs de cuivre, afin de leur permettre de souffler en relais. Précaution inutile avec les virtuoses de l'EIC. 5 ils sont donc, à tournoyer dans le fond de scène, à éructer dans le coffre du piano, ou à s'aligner face à lui. Jeu des sourdines, et des attitudes scéniques, la couleur de ces cuivres est fluctuante et surprend bien souvent. François-Xavier Roth dirige la manoeuvre, à travers les différentes sections, où le piano est tour à tour minimaliste, pointilliste, escaladeur d'arpèges en glissandi, etc. C'est passionnant à voir et à entendre.


Spotify
Xenakis - Ensemble Music 1
Stravinsky; Pulcinella, Dumbarton Oaks, Jeu de Cartes

samedi 17 octobre 2009

François Verret - Do You Remember, No I Don't (Théâtre de la Ville - 15 Octobre 2009)

De François Verret, j'ai vu plusieurs spectacles, mais peu récemment, puisque le seul mentionné dans ce blogue est Contrecoup, qui date de 2005. J'avais en effet un sentiment de redite, qui m'avait poussé à faire une pause dans les spectacles de ce chorégraphe metteur en scène.
Le dispositif sur scène est plus discret que d'habitude, mais reste très présent : une cloison coupe la scène dans toute sa longueur, qui sera opaque ou plus ou moins transparente. La partie arrière de scène est parfois enfumée, et l'éclairage ajoute encore des complexités dans les images mentales qui se succèdent, parfois à peine esquissées avant de replonger dans le noir, ne laissant que comme l'empreinte d'un rêve.
Des corps blessés se redressent sur un matelas, une pianiste pousse à toute force son piano sur un sol accidenté, un type creuse des tombes dans un nuage de poussière, un gars en fauteuil roulant passe et repart, l'atmosphère est à la catastrophe, passée et à venir. Des parenthèses humoristiques permettent de reprendre souffle, comme ces discours politiciens au ridicule convenu. Cette dernière scène étant précédée d'une magnifique et effrayante séquence, où d'une machine se détache un tuyau qui se pliant dépliant avance par secousses sur le sol, avant qu'en émerge un corps qui se sert alors du tuyau comprimé comme d'une robe d'un modernisme ringard.
Le tout est accompagné de textes, inspirés de Heiner Müller. Mais de ce discours, je n'ai rien retenu ! Je préfère les images inventées par la mise en scène, la musique partiellement improvisée au piano par Séverine Chavrier en grands coups ou cavalcades, la danse qui éclate en fulgurances brèves et sèches.
Rien ne dure, en fait. Le tout est bouclé en 50 minutes, et je reste un peu sur ma faim, j'aurais bien aimé que cela continue. La dernière scène résonne douloureusement avec des actualités récentes sur la fragilité des identités : une femme se fait interroger par des voix robotiques, "what's your name ? where do you come from ?", à qui elle répond en chantant "I don't, I don't, I don't remember !", dont la force primitive, même un peu naïve, mais viscérale, reste longtemps après les applaudissements fournis.

dimanche 11 octobre 2009

Xenakis - Stravinski (Cité de la Musique - 11 Octobre 2009)

Un concert court (une heure), par le quatuor à cordes de l'EIC, ou ses membres (Jeanne-Marie Conquer, Diégo Tosi, Odile Auboin, Eric-Maria Couturier). Gros coup de pompe qui me fait somnoler tout du long. Du coup, impressions brèves.

Iannis Xenakis - Ikhoor

Pour trio à cordes. Sept épisodes en dix minutes. Plein de glissandi, lents ou rapides.

Iannis Xenakis - Mikka

Pour violon seul. Des micro-intervalles où la main de Conquer s'agite et frotte dans un exercice ébouriffant, pour un rendu un peu opaque.

Igor Stravinski - Trois pièces

Pour quatuor a cordes. Musique abstraite et sautillante, aux architectures minimales et presque à nu. La 3, triste et belle.

Igor Stravinski - Double canon

Pour quatuor a cordes. Musique funèbre. Constructions sérielles, mais pleines de beauté classique. Lent et intense.

Igor Stravinski - Elégie

Pour alto seul. J'ai l'impression qu'Auboin n'est pas à son aise ! Le résultat m'a semblé crispé, mais peut-être est-ce voulu.

Igor Stravinski - Concertino

C'est très joli, tout ça, mais c'est sans doute trop néo-classique pour moi : ça entre par une oreille et ça ressort aussitôt par l'autre.

Iannis Xenakis - Tetras

Pour quatuor à cordes. Neuf sections, en seize minutes. Beaucoup d'énergie, à la limite du bruit ou de l'effet sonore.

Spotify
Symanowski / Stravinski - Goldner Quartet
Xenakis: Complete String Quartets

Xenakis - Stravinski (Cité de la Musique - 9 Octobre 2009)

Iannis Xenakis - Aïs

Dans les bons points, il y a les belles couleurs dans les grands accords de cuivres, et la superbe prestation de Daniel Ciampolini aux percussions, où les rythmes de la poésie grecque assurent un irrésistible allant. Dans les mauvais points, le chant du baryton, qui miaule et yodule à n'en plus finir.

Iannis Xenakis - Jonchaies

Là, tous les pupitres du Philarmonique de Radio-France ont l'occasion de briller ! Et d'abord les cordes, dont les archets dansent en cadence, dans une intro très visuelle ! Après, ça vrombit, ça enfle et ça tournoie, une musique instinctive et qui ici évite la plupart du temps la brutalité, pour évoquer des phénomènes naturels, forêt de bambou prise dans le vent ou la tempête. Les flux se croisent et les plans sonores s'enchevêtrent, Pascal Rophé s'agite beaucoup pour endiguer le chaos qui pourrait menacer et mêne tout ce monde à bon port. Splendide !

Igor Stravinski - L'oiseau de feu

Il y a toujours des plages de cet oiseau de feu qui me semblent un peu molles, manquant soit de grâce vraiment suave, soit d'ironie. Du coup, difficile d'échapper à une certaine dose de mièvrerie. Mais quand soudain éclatent les danses sauvages, le choc n'en est que plus jouissif ! Le public est particilièrement enthousiaste, sans que j'ai pu détecter en quoi cette interprétation était supposé être exceptionnelle.

Ailleurs : Zvezdo
Spotify :
Iannis Xenakis: Orchestral Works & Chamber Music
Musica Viva 6 : Iannis Xenakis

Guy Cassiers - Sous le volcan (Théâtre de la Ville - 7 Octobre 2009)

Le premier rang, pour du théâtre, c'est parfois très bien. Mais quand la place est sur le coté, et qu'il y a des sous-titres à lire, la pièce étant donnée en Hollandais, c'est moins bien. Difficile en effet de jongler entre regarder la scène, et lire le panneau où défile le texte. Surtout que ces deux taches sont l'une et l'autre bien prenantes.
Coté scène, pourtant, il semble ne pas y avoir grand-chose à voir, à prime abord : un plateau où ne traine qu'une chaise, devant un mur d'écrans. Mais ceux-ci rapidement s'allument, qui offrent des paysages mexicains, et permettent à peu de frais une multitude d'espaces successifs, qui sélectionnent en gros plan des gestes qui du coup n'auront pas lieu sur scène, comme tous les verres versés et bus, et qui parfois ouvrent une magnifique profondeur de champ en plans incrustés de manière complexe, pour évoquer des espaces plus mentaux, oniriques ou alcoolisés. Sur cette scène ne passent que quatre acteurs, plusieurs personnages condensés dans le même acteur. Ils ont la présence nécessaire pour que cela soit suffisant, et pour apporter de la chair à ce décor technologique et conceptuel.
De la chair, et des mots. Dans leur bouche, le Hollandais sonne comme une belle langue musicale, qu'ils articulent avec précision. Du coup, je me laisse aller au plaisir de l'audition, et à la contemplation des images, sans guère plus suivre l'histoire.
Le roman de Malcolm Lowry a été adapté par Josse de Pauw, qui joue le Consul. Entre ses problèmes avec l'alcool, avec sa femme qu'il aime et ne sait pas aimer, avec les troubles de l'année 1938, le destin de Geoffrey Firmin possède de multiples couches de lecture et d'interprétation. Beaucoup trop pour moi, qui ne connait pas le roman, et ne peut pas confortablement lire les sous-titres. Tant pis ! Il reste un spectacle riche, puissant, mais sans doute plus profitable à qui connait le Hollandais, ou le roman !

Ailleurs : 3 coups

dimanche 4 octobre 2009

Edgard Varèse 360 (Salle Pleyel - 3 et 4 Octobre 2009)

360 degrés en 2 jours seulement (pas comme d'autres lambins) : cela suffit pour écouter toute l'oeuvre d'Edgard Varèse, les 11 opus habituels plus quelques raretés, et même une création française ! Le tout sous l'égide du Festival d'Automne à Paris, ce qui a ses avantages (un livret copieux, intéressant, et offert) et ses inconvénients (il fallait un coté "création" : ce sera l'ajout de vidéos par Gary Hill).
Plus généralement, il y a volonté de briser le rituel habituel des concerts. Bon coté : les morceaux organisés par demi-soirée sans avoir à reconfigurer le plateau, ce qui permet d'enchainer sans presque de pause. Cela évite les 10 minutes d'attente entre des oeuvres qui n'en font que cinq ... Mauvais coté : des affèteries de mise en scène passablement ridicules, comme ces costumes-carcans pour les solistes, un divan, une partition projetée au sol, un casque d'oiseau, etc.
Et puis, le gros morceau : les vidéos. Elles sont globalement ratées. Au mieux, de jolies illustrations, sans grand intérêt mais qui se regardent ; le plus souvent, des images inutiles, qui n'apportent rien ; au pire, des trahisons de l'esprit de la musique (genre, ces musiciens fouettant leurs instruments ou fouettés pendant qu'ils en jouent, cela veut-il dire que c'est une musique qui fait mal à jouer et à entendre ?!).
Accompagnant ces vidéos, projetées sur écrans au-dessus de la salle et parfois débordant sur les murs, il y a des slogans. Ca commence plutôt bien, avec "The sound leads you to the inside of space", mais ça enfile des perles sur le son, l'espace mental, la musique, les sens, tout ça, dans un style affirmatif voire impératif rapidement déplaisant, surtout quand ça dérape dans du "This music knows you cannot close your ears" qui m'a particulièrement énervé.
Heureusement, il reste la musique, révolutionnaire et visionnaire, de Varèse, excellemment interprétée, et c'est quand même ça qui compte.

Revue de détails.

(samedi 3 octobre)

Hyperprism

Neuf instruments à vent, neuf percussionnistes, quatre minutes. Son compact, brutal, mais aéré par des silences, déflagrations, construction par blocs disjoints mais connectés, tiens, des sirènes, pas de doute, on est bien chez Varèse !

Un grand sommeil noir

C'est une pochade de jeunesse, un lied très debussyste pour soprano et piano, sur une berceuse de Verlaine. Joliment réussi, dans son syle, sauf que le style n'est en rien varésien. Une curiosité, disons. A la suite, une vidéo nous montre la silhouette électronisée de Bill Frisell jouant librement à la guitare la partie de piano. Sans aucune explication ni présentation, ce module tombe comme un cheveu sur la soupe, et se fait légèrement huer.

Octandre

Splendide morceau, où j'aime les variations de densité du matériau, entre solo et tutti (des huits vents). Sans percussions, avec plus de mélodie que d'habitude. Les musiciens du Asko/Schönberg ensemble et Peter Eötvös sont des spécialistes de cette musique, qui roule donc sans problème.

Offrandes

Retour de la soprano Anu Komsi, qui manque un peu de coffre pour cette oeuvre en deux parties qui ne me laisse guère de souvenirs. Tiens, je l'avais déjà entendu en concert.

Intégrales

Par rapport à il y a deux jours, le hautbois final est plus rêche et désespéré. La salle modifie aussi le son, ici plus ample, moins intime.

(entracte : on passe à la configuration grand orchestre)

Tuning Up

Pendant cinq minutes, l'orchestre enfle dans diverses directions, mais se fait happer à chaque fois par un La majeur. C'est assez anecdotique.

Amériques

Cette intro au bois, avec appel de cuivres, cette obsession rythmique, c'est clairement (mais pas exclusivement loin de là) une réponse au "Sacre du Printemps", avec le rituel païen en moins, et des visions urbaines et futuristes en plus. Cette fois, la violence me semble bien mieux canalisée.

(dimanche 4 octobre)

Nocturnal

Voilà une fort curieuse partition, avec une soprano qui parle plus qu'elle ne chante, et un choeur de basses assez effrayant (ça gronde, ça vocifère, ça menace). L'atmosphère, très nocturne, est trouée de silences, et pleine de cauchemars. Oeuvre tardive (1961) achevée par Chou Wen-Chung, elle mérite de trouver sa place dans le corpus officiel varésien.

Arcana

Du lourd, comme "Amériques". En plus éruptif encore, sans doute. Il me semble que Peter Eötvös continue de tenir assez serrés les rênes du Philharmonique de Radio France, afin de ne pas se laisser déborder. Peut-être un peu trop : j'ai été moins happé qu'à la première écoute.

(entracte : passage à une configuration ensembles de chambres)

Ionisation

Pas grand-chose à dire sur ce grand classique. Il semble que je l'entende pour la première fois en version normale pour treize percussionnistes (et non réduit pour six). Du coup, surprise du piano final, traité en grosse caisse de résonance remplie de fils de métal.

Ecuatorial

Cette fois, on a bien deux thérémins, en version "violoncelle thérémin". Et ma hauteur dans la salle permet un bon mixage entre les diverses couches. Une grande force, et de splendides couleurs, où les thérémins ajoutent leur magnifique mystère.

Density 21.5

Belle interprétation de Jeannette Landré, malgré son ridicule costume made by Paulina Wallenberg Olsson qui aurait bien pu s'abstenir de participer.

Etude pour Espace

Pour choeur et ensemble, orchestration de Chou Wen-Chung, création française. Mais qu'est ce qui est vraiment de la main de Varèse là-dedans ? Il y a moins de "bloc" et plus de "nappe", plus de continuité orchestrale ; et surtout, de la spatialisation très bien travaillée, qui projette parfois les chanteurs en toutes directions, mais laisse l'orchestre bien sur la scène. Intriguant, et intéressant. Aurait-ce été là le futur de l'oeuvre Varésienne ?

Dance for Burgess

Une sorte de blague, plus intéressant que "Tuning Up", mais plus anecdotique encore.

Déserts

Après la vidéo de Bill Viola, les images fadasses de Gary Hill font minables. Les interpolations ont été minutieusement nettoyées de tout bruit, elles sonnent claires (et souvent très aigües !). Du beau travail, mais gaché par l'image (et les slogans à la con, qui envahissent les écrans principaux). Faudrait fermer les yeux, mais assommé par toute cette musique, je menace alors de m'assoupir ...

Poème electronique

Là encore, déjà entendu, mais totalement oublié. Surprise, il passe dans le noir, sans images ! C'est une bonne idée pour conclure la soirée et le marathon.

Au salut final, les musiciens et le chef d'orchestre se font fortement applaudir, et le vidéaste et son équipe se font fortement huer. Je ne donne pas totalement tort au public ...

Ailleurs : Virgile, Joël, Zvezdo, Palpatine, Musica Sola, Concertonet
Spotify
Boulez dirige Varèse II
Giacinto Scelsi - Orchestral Works 2

jeudi 1 octobre 2009

Varèse Jodlowski Berio (Cité de la Musique - 30 Septembre 2009)

Edgard Varèse - Intégrales

En guise d'apéritif avant le festin Varèse de ce week-end, ces 10 minutes déploient en fait tout un univers. Après une lente mise en place toute en percussions et appels stridents de cuivres, les choses se corsent, avec des citations incongrues, un zeste de fanfare ici, une bribe d'espagnolade là, mais c'est le final qui surprend le plus, avec Didier Pateau qui délivre au hautbois des lignes onctueuses et sensuelles, presque romantiques ! Magnifique interprétation.

Pierre Jodlowski - Barbarismes (trilogie de l'an mil)

Je ne suis toujours pas emballé par ce jeune compositeur. L'introduction, avec plongée de la scène vide dans la pénombre, et surgissement d'un vague grondement sonore, me plait bien. Et les divers épisodes électro-acoustiques, assez bruts, proches d'un simple montage sonore, me plaisent aussi. Mais quand les instruments jouent, ce n'est pas que ce soit désagréable, c'est simplement que je n'arrive pas à m'intéresser à ce qui se passe. L'évocation des figures du "chevalier", du "fou", puis du "roi", me laisse complètement froid. Et comme ça dure 30 minutes, c'est long.

Luciano Berio - Laborintus II

Quelle complexité de matière sonore ! Nous avons un récitant, Fosco Perinti, qui déclame avec emphase et énergie le texte de Sanguineti qui défile en surtitres ; trois chanteuses et huit acteurs, qui chantent, crient, chuchotent, mélangent tous les types de vocalités, avec le naturel et l'allant des grandes heures de Berio ; un petit orchestre, sans presque de cordes, mais deux harpes, accompagne ces péripéties, depuis les madrigaux jusqu'au Free Jazz (mais quand l'EIC se met au Jazz, ça donne effectivement de l'improvisation, mais fort différente de la version en CD !) ; enfin, de l'électronique projette le tout dans un rétrofutur rigolo. Pareille matière ne doit pas être simple à équilibrer, et de fait, le récitant est au début trop fort. Mais quand tout se met en place, sous la direction impeccable de précision et de souplesse de Susanna Mälkki, cela devient tout simplement jouissif, tout plein des couleurs orchestrales étincelantes de Berio, avec son art incomparable de jongler avec les voix ! Si Mälkki salue particulièrement la flutiste Emmanuelle Ophèle, c'est pour ma part les trois chanteuses issues de Axe 21, Valérie Philippin, Laurence Favier et Valérie Rio, qui m'ont le plus enthousiasmé !

Ailleurs : Simon Corley
Spotify :
Varèse - Orchestral Works
Gustav Mahler - Early Songs (arr. Luciano Berio)