dimanche 25 juin 2006

Mario Canonge trio (Sunside - 24 Juin 2006)

Lors du dernier Paris Pique-nique, j'avais opté pour la sieste, allongé près des nappes, plutôt que d'aller écouter de plus près le programme du Festival Jazz du Parc Floral, à savoir Mario Canonge Trio suivi de Sixun ; séance de rattrapage hier soir, avec l' ex-bassiste du second groupe accompagnant le pianiste leader du premier.
Michel Alibo ne viendra qu'au deuxième set, et plus moyen de me rappeler le nom du bassiste intérimaire du premier ! Pourtant généreux sur sa basse électrique à cinq cordes, beaucoup de notes, de longs solos, il se donne du mal, et réussit plutôt bien. Michel Alibo sera plus sobre, mais me semble un peu plus mécanique, peut-être un peu trop à son aise pour prendre des risques.
A la batterie, un visage connu, mais qu'il me faudra chercher sur Internet pour comprendre d'où : il s'agit de Jean-Philippe Fanfant, un habitué du trio Canonge, mais qui participait aussi aux sessions live de "La Nouvelle Star" ! Gage d'un excellent niveau, puisqu'il faut des musiciens capables de "suivre" des interprètes parfois perdus, et de passer d'un style à un autre sans problème. Sa technique n'est donc pas uniquement, ni purement, Jazz. Il adopte des boucles puissantes, qu'il enflamme à volonté, en couches rythmiques superposées, roulement des tomes, crissement des cymbales, il y a un plaisir de jouer qui ne trompe pas. On sent un peu la même culture hybride lorsque Manu Katché joue chez Jan Garbarek, mais Fanfant utilise bien plus la puissance, une approche percussive que la musique de Canonge réclame.
Au piano, donc, Mario Canonge. Le surnom "Monk antillais" ne fonctionne pas vraiment, parce que l'aspect rythmique n'est pas du tout le même. Basés sur des airs de biguine ou de groka, les morceaux ne ralentissent jamais, foncent à grands coups d'arpèges martelés, de mélodies pulsées, de chevauchées sauvages d'un bout à l'autre du clavier. Même s'il joue avec le tempo, le doublant, passant en 3/2, reprenant en *4, il ne se met que rarement en danger, et plutôt quand il joue seul. L'atmosphère est plus à la fête, au partage avec un public formé en bonne partie d'habitués, qui seront comblés par la venue sur scène de Ralph Thamar, qui chantera quelques chansons au débotté, auquelles le public participera avec plaisir, "belle - belle - toujours belle", un tube il semblerait.
Après deux heures, le manque de familiarité avec cette musique fait que tout commence à se ressembler et à sembler se répéter, si bien que je sèche le troisième round.
L'un dans l'autre, une très agréable soirée, une bonne manière de fêter mes 39 ans.

Mise à jour : je profite de la venue de l'été pour ajouter dans le Pot-Pourri un petit programme estival, composé d'extraits de disques achetés récemment. Ce sont plutôt des nouveautés, que je devrais présenter sommairement si je n'avais pas la flemme, à part Sextant, présenté il y a déjà quelques temps par Samizdjazz, à l'occasion de la sortie de la revue du même nom.

vendredi 23 juin 2006

Saison 2006/2007 : Théâtre de la Ville

Recevant mes billets aujourd'hui, je me rends compte que je n'ai pas annoncé ma sélection dans le programme Théâtre de la Ville / Théâtre des Abbesses. Allons-y maintenant.
Dans la partie théâtre, où se pratique envers les metteurs en scène la même fidélité qu'avec les chorégraphes, ce qui fait que les mêmes noms se retrouvent d'année en année, une rareté pour commencer : "La Déesse de la rivière Luo", théâtre musical interprété par 18 musiciens chanteurs et danseurs de Taïwan ; puis "Sauterelles" de Biljana Srbljanovic, mis en scène par Pitoiset, une saga familiale grinçante dans les décombres balkaniques ; "Atteintes à sa vie", mon "Martin Crimp" annuel, cette fois mis en scène par Jouanneau ; "Homme pour homme", parce que cela fait longtemps que je n'ai plus vu du Brecht, celui-ci est mis en scène par Demarcy-Mota ; et enfin, du théâtre visuel, "Plus ou moins l'infini", par la Cie 111, une pièce sur le thème de la ligne, conclusion d'une trilogie, après le volume et le plan (et le point, alors ?).

Coté danse, d'abord les indispensables : Pina Bausch bien sûr, et puis deux progammes rétrospectives, pour De Keersmaeker (des pièces anciennes autour de Steve Reich, où elle réinventait des libertés de mouvement), et pour Vandekeybus (20 ans pour sa compagnie Ultima Vez, l'heure d'un collage/bilan ?). Du coté des flamands, j'ajoute Michelle Anne De Mey, qui recrée elle aussi un spectacle de 1990. Au moins, ils semblent conscients que l'élan donné à la danse dans ces années-là s'était depuis peu bien essouflé, et qu'il serait temps de faire le point et d'aller chercher ailleurs des énergies nouvelles.
Ailleurs en Inde par exemple, avec le kathak de Akram Kahn, ou le kuchipudi de Shantala Shivalingappa. Ailleurs aussi avec l'italien Enio Greco (dont j'ai fort peu aimé "Double Points", mais c'était une expérience particulière, peut-être peu révélatrice de son talent), la canadienne Louise Lecavalier (ancienne égérie de Edouard Locke, une retrouvaille), et la russe Olga Pona (ma seule vraie inconnue dans ce programme, en fait).

mardi 20 juin 2006

Le Livre du Graal : Salisbury 1

Ainsi commença la bataille de Salesbières. Je ne saurais vous conter qui s'y comporta bien, et qui s'y comporta mal ; mais je peux au moins vous dire que le roi Pendragon y trouva la mort, ainsi que beaucoup d'autres barons. Et l'histoire raconte qu'Uter remporta la victoire, mais qu'il subit de fortes pertes, aussi bien parmi les riches que parmi les pauvres. Quant aux Saxons, nous ne trouvons pas trace d'un seul qui ait participé à la bataille et en ait réchappé, soit qu'il mourût au combat, soit qu'il se noyât. Ainsi prit fin la bataille de Salesbières.
Merlin, §116

Pour une bataille qui marque le début de l'ère chevaleresque (qui se terminera au même endroit entre Arthur et Mordret), ils ont encore une belle marge de progression, question effets spéciaux et gestes épiques.

Panne

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Alexandre Tinoco

Tout semblait pourtant bien parti. Un décor exotique mais pas touristique, ni trop typique, des personnages sympathiques, pas héroïques, mais pas comiques, une pente en ligne droite à suivre toute tranquille, rencontres, aventures, péripéties et rebondissements, un scénario qui devait s'écrire tout seul. Et puis la panne. Inspiration défaillante. Arrêt du véhicule à peine démarré.
Le vieil homme, un grand-père aux habitudes nées dans un autre pays, comme cela était censé se préciser vers la page 50, et le jeune, son neveu, c'était là tout ce qu'il savait encore de sa propre vie, hésitèrent longuement avant de sortir prendre l'air ; puis, en attendant que l'auteur veuille bien reprendre l'exposé de leur destin, ils s'installèrent à l'arrière de la guimbarde, et commencèrent à discuter.

Ceci est ma participation au diptyque 2.8 d'Akynou.

Quelques pépites YouTube

Dans l'immense réservoir YouTube, il faut parfois fouiller longuement pour dénicher des perles. Quand un blogueur décide d'en lister les meilleures vidéos consacrées à la musique contemporaine, on dit merci Mister Rambler, et on déguste (via Alex Ross, of course).
Le même blogue propose un assez étonnant mix d'avant-classical music, également récupérable ici.

dimanche 18 juin 2006

Le Livre du Graal : Enonciation et Prophétie

"On viendra, dit-il, me chercher de l'Occident, et ceux qui viendront me chercher auront juré à leur seigneur de lui apporter mon sang, après m'avoir occis. Mais quand ils m'auront vu et entendu parler, ils n'en auront pas le coeur. Et lorsque je m'en irai avec eux, toi tu t'en iras dans ces régions où demeurent les gens qui ont avec eux le vase sacré du saint Graal. Dès lors, à jamais, tes peines et ton livre seront relatés et écoutés volontiers en tous lieux. Mais ton livre ne sera pas au nombre des autorités ; et c'est parce que tu ne peux pas être compté parmi les apôtres, car ils ne mirent rien par écrit, sur Notre-Seigneur, qu'ils ne l'aient vu et entendu. Alors que toi, tu n'y mets rien que tu aies vu ou entendu, si ce n'est ce que je te dis. Et de même que je serai parfois obscur, sauf avec ceux desquels je voudrai me faire entendre, de même ton livre restera obscur, et il arrivera rarement qu'on l'apprécie. Tu l'emporteras avec toi quand je partirai avec ceux qui viendront me chercher, et que tu t'en iras vers l'Occident. Ainsi le livre de Joseph sera avec le tien, et quand tu auras achevé tes peines, et que tu seras tel que tu doives être en la compagnie du saint Graal, alors ton livre sera réuni à celui de Joseph. Et ainsi ma peine et la tienne seront bien manifestes, et Dieu en aura merci s'il lui plaît ; et ceux qui l'entendront prieront Notre-Seigneur pour nous. Quand les deux livres seront ensemble, cela fera un très beau livre - les deux seront une même chose, si ce n'est que je ne peux pas dire ni répéter les conversations privées de Notre-Seigneur et de Joseph. Et en Angleterre il n'y avait pas jusqu'alors de rois chrétiens. D'ailleurs, je ne me soucie pas de rapporter à propos de ceux qui avaient régné auparavant autre chose que ce qui concerne ce conte."
A ce point, le conte dit qu'il y eut en Angleterre un roi nommé Constant. Il régna longtemps, et eut des enfants : l'un s'apppelait Mainet, l'autre Pendragon, et le troisième avait nom Uter.
Merlin, §40-42

La notice, de Irène Freire-Nunes, explique :
Sans aller jusqu'à préciser le code des bienséances ou de la propriété littéraire auquel il se conforme, Merlin, en ne répétant pas les échanges privés de Joseph et du Christ, parvient à donner au lecteur l'impression frustrante qu'il en sait davantage qu'il ne veut en dire, et qu'il reste par conséquent le maître du jeu dans une relation complexe qui va le devenir encore plus au fil des pages, puis des années et des romans.

Complexe en effet. Merlin semble parfois dicter à Blaise un futur possible, que l'écrit (dans un roman dont le personnage principal est également l'auteur, et qu'il écrit "sous nos yeux", page après page) fixe alors dans la réalité. Vertigineux.

Agora 2006 - La Dernière (Centre Pompidou - 17 Juin 2006)

En ouverture, un responsable de l'événement Agora Résonances, après les remerciements d'usage pour un concert de clôture, indique que les musiciens de l'Ensemble InterContemporain ont voulu marquer la mort de Ligeti en jouant la deuxième bagatelle pour quintet à vents, "Rubato Lamentoso". Intensément dramatique, profondément émouvante, l'interprétation est à couper le souffle. Que Gvgvsse se rassure, tous ne s'en foutent pas, et cette musique est prête pour bruler encore longtemps les âmes de ceux qui savent entendre (désolé pour la lourdeur de la phrase). Pas d'applaudissements, minute de silence respectée, puis arrivée du chef Christian Eggen.

Magnus Lindberg - Corrente

Pièce marquée par un ostinato rythmique qui passe de pupitre en pupitre, sorte d'énergie à peine domptée qui tente de s'échapper mais fait du surplace. Des couleurs variées, mais pas beaucoup de chaleur.

Franck Bedrossian - Division

La déflagration initiale, brutale, violente, marque un climat qui se maintiendra pendant toute la pièce : les instruments devront prolonger la partition électronique, plus que l'inverse. Malgré la forme plus ou moins concertante, avec des cadences solistes pour clarinette basse, trombone ténor-basse et contrebasse, nous sommes dans un territoire entre Xenakis (sans les effets spéciaux) et Lachenmann (sans le désespoir morbide), plein de vrombissements, de rugissements, d'essoufflements. La recherche est intéressante (la pièce fait partie d'un cycle, au sein duquel elle trouve peut-être plus sa place qu'isolée), mais le résultat esthétiquement peu probant. Les oreilles, anesthésiées par l'agression sonore, ne laissent pas passer grand-chose vers les centres de l'analyse ou du plaisir. Avis différent de Samizdjazz, qui trouve la pièce très évocatice !

Enno Poppe - Öl

Cette pièce aussi fait partie d'un cycle, sur des textures. Celle-ci est bien huileuse, en longues étendues mélodiques, avec des couches qui glissent les unes sur les autres, des couleurs qui miroitent, des matières intéressantes. Un auteur à retenir, apparement plus connu en Allemagne qu'en France.

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, la deuxième bagatelle, jouée aux saxophones, puis la troisième, librement improvisée par Sclavis ; puis "Corrente" de Lindberg ; et une pièce pour échantillonneur et grand orchestre, de Mâche, même si son univers musical n'est pas du tout le même que celui de Bedrossian.

samedi 17 juin 2006

Hindemith, Strauss (Théâtre des Champs-Elysées - 16 Juin 2006)

Paul Hindemith - Musique de concert opus 50

Musique pour orchestre à cordes et cuivres. Si j'apprécie beaucoup le traitement des cordes, pâte très malléable, sculptée avec maestria, j'ai plus de mal avec la couche de cuivres au-dessus, dont la collure me semble au départ brutale et discordante, avant de s'apaiser. Ne connaissant pas l'oeuvre, je ne sais pas si c'est écrit ainsi.

Paul Hindemith - Concerto pour la main gauche et orchestre opus 29

Singulier destin pour cette oeuvre, commandée avec droit d'exclusivité par le pianiste Paul Wittgenstein (le frère de Ludwig !), revenu amputé de la guerre en 1915, et qui laissera ce concerto dans un tiroir, malgré la lettre d'accompagnement de Hindemith :
"J'espère qu'après avoir parcouru la partition, vos premières craintes disparaîtront. C'est une pièce simple, sans le moindre problème d'exécution, dont je suis sûr qu'elle vous plaira après quelques temps. (Peut-être serez-vous un peu choqué au début, mais cela ne fait rien). Vous comprendrez la pièce de toute façon et en cas de doute je suis toujours là pour vous donner des renseignements et des précisions."

Cela n'a manifestement pas suffi, la chanson lui a pas plu, n'en parlons plus. Du moins pendant presque 80 ans, au bout desquels l'oeuvre ressurgit, et est créée par Leon Fleisher, qui la joue aussi ce soir.
De fait, la partie piano ne semble pas d'une virtuosité inaccessible, même pour une main gauche. De plus, elle est souvent couverte par l'orchestre, très énergique, voire imposant. Je préfère, et de loin, le troisième mouvement, minimal et magnifique, un trio avec ponctuation de basse, pour hautbois accompagné du piano, puis piano solo, puis flûte accompagné du piano, dans une longue mélodie clair-obscure, où le contrepoint grince un peu, dans un décalage subtilement douloureux.

Richard Strauss - Don Quichotte opus 35

Que d'anecdotes, que de péripéties ! Le livret cite Antoine Goléa : "les instruments et les variations sont comme des ombres chinoises sur un mur, [...] et ces ombres sont colorées comme les ombres immenses d'un film en technicolor et en cinémascope, traitées selon la technique d'un Walt Disney né cinquante ans avant le vrai." Bien bien bien. Dans tout ce fatras d'aventures orchestrales, il y a des moments plaisants, d'autres insupportablement dégoulinants de sucrerie, de belles interventions au violoncelle (qui, placé sur estrade en soliste, rejoint parfois, par la musique jouée, le pool des camarades orchestraux, singulière position liée au statut de faux concerto de l'oeuvre), une fin tranquille et douceureuse presque poignante, mais en général, tout ça ne me parle pas. Peut-être faut-il lire Cervantès pour apprécier.
Kurt Masur et l'Orchestre National de France sont longuement applaudis par une salle pas vraiment pleine, malgré l'opération "payez une place venez à deux" qui est à l'origine de ma présence, et malgré les scolaires venus remplir quelques rangs, et qui s'entraînent avec enthousiasme à la claque.

Jazz in Japan - Yosuke Yamashita (Cité de la Musique - 15 Juin 2006)

Une tradition s'installe à la Cité de conclure la saison par un concert du Big Band du Conservatoire. Après Gerald wilson, Bill Holman et Chris Potter, c'est cette année le pianiste Yosuke Yamashita qui s'y colle. Les notices disent qu'il a commencé sa carrière dans un style proche de Bill Evans ; cela a presque disparu aujourd'hui, il manie le stride plus à la manière de McCoy Tyner, avec des envolées Free proches de Cecil Taylor. Mais l'énergie joyeuse, le plaisir de jouer, fougueux, généreux et bonhomme, me feront souvent penser à Horace Silver.
Le concert, tout entier composé de morceaux écrits par Yamashita, se partage entre arrangements pour Big Band écrits par le pianiste lui-même, d'autres écrits par des élèves du Conservatoire, et quelques-uns laissés en formation réduite au quintet.
Parmi les élèves, je noterai les noms du contrebassiste Ronan Courty, aux solos essentiellement mélodiques, mais d'une fort belle manière, du saxophoniste Raphaël Quenehen, explorateur des profondeurs hoquetantes du saxophone basse, et de Baptiste Bouquin, auteur d'un arrangement extraordinaire autour de la chanson "Picasso", variée dans ses climats, intense et pleine de surprises, le plus beau moment du concert, indéniablement.
Pour le reste, cela restait du Jazz assez tout-terrain, dans une veine post-post-bop, pas révolutionnaire pour un sou, mais très agréable.

mercredi 14 juin 2006

Soleil ! N'est-ce pas merveilleux ?

A moins de se faire piéger par des orages, la journée du 18 Juin promet d'être fort agréable, au Parc Floral (que ce soit pour écouter l'excellente musique de Mario Canonge, ou pour participer au pique-nique, ou les deux !).

CCN - Ballet de Lorraine - Jean-Claude Galotta - Docteur Labus (Théâtre des Abbesses - 13 Juin 2006)

En 1988 était créé "Docteur Labus" de Galotta, sur l'argument prétexte d'un mexicain qui aurait eu quatre femmes en même temps, chacune ignorant l'existence des autres.
20 ans plus tard, une compagnie aux origines néo-classiques, le CCN - Ballet de Lorraine, reprend la chorégraphie.
On sent tout de suite que cette pièce date du début de Galotta, quasiment sans moyens : décor réduit à des toiles de fond, éclairage assez standard. La scénographie est minimale : 4 couples investissent successivement la scène pour une vingtaine de minutes, séparés par de brefs passages d'un soliste mimant des claquettes.
Ces corps sont formés par le classique : les jambes montent avec une facilité déconcertante, les mouvements de bras ont de l'ampleur, parfois de l'emphase, souvent trop. Et puis, ces pas n'ont pas été créés par eux, pour eux ; ils les redonnent comme ils peuvent, avec professionalisme et application, mais sans que transparaisse une nécessité urgente ou impérieuse.
Le langage même de Galotta était encore en formation : tout n'est pas mur, les équilibres entre gestuelles de danse, gestes plus quotidiens, paroles, ne sont pas bien arbitrés ; il y a des répétitions, des moments un peu vides, des plages qui me laissent bien indifférent.
La musique est de Torgue et Houppin, qui resteront longtemps fidèles au chorégraphe. On trouve déjà une pièce pour piano solo mélancolique à la Satie, mais les plages plus conséquentes souffrent d'une boîte à rythmes datée, et de sons trop purement électroniques, genre accordéon ou orgue ; l'utilisation de vrais instruments apportera une toute autre dimension à leurs compositions.
Au final, un spectacle curieux, la récupération dans les limbes du temps d'une pièce pleines de potentialités mais aux défauts frustrants, recréée de facon figée par une troupe qui n'a pu ou su totalement s'approprier le matériau.
Exception : le dernier couple, touchants d'humour et de séduction, de grace et de sensualité.
Akynou est légèrement plus euphorique :-) Peut-être ne m'y connais-je pas suffisament en "problèmes de couples" pour apprécier.

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, j'ajoute des morceaux de Serge Houppin et Henry Torgue, qui ont longtemps fourni toute la musique des spectacles de Gallotta.

mardi 13 juin 2006

György Sándor Ligeti (28 Mai 1923 – 12 Juin 2006)

Pour ceux qui arrivent ici en cherchant des informations sur ce compositeur (Google et les blogues, ça devient vraiment n'importe quoi !), je suis au regret d'annoncer que la ligne éditoriale m'interdit les nécrologies (à moins que ce ne soit mon incapacité à en rédiger).

Je vous renverrai donc plutôt vers :
- Mitternacht (le plus beau titre, l'élégance de l'évidence)
- Samizdjazz (un fort intéressant document !)
- Zvezdoliki et Palpatine (des hommages aux tons plus personnels)

Pour ce qui est des blogs anglophones :
- Jeremy Denk se souvient de son apprentissage de "L'automne à Varsovie"
- Alex Ross se souvient que Ligeti avait répondu à une de ses lettres, et propose quelques autres liens.

Pour des informations plus détaillées sur le compositeur et sa musique :
- à l'Ircam, présentation et catalogue de référence,
- et Wikipedia dirige vers le site officiel, où on peut trouver des extraits sonores, Tonbeispiele, et des exemples de partition, Notenbeispiele.

A titre plus personnel, je me souviens d'un concert où, flottant dans un costume vert pomme, il avait tenu à serrer la main de chacun des musiciens du studio 104 de Radio-France, prolongeant ainsi de façon quelque peu artificielle une standing ovation, exemple d'humour grinçant et de jeu avec les conventions qu'on retrouve si souvent dans sa musique. Et c'est également le seul compositeur dont j'ai acheté une partition, celle du premier livre des études pour piano, alors que je ne joue pas de piano, et ne sais pas lire le solfège.

Enfin, dans le Pot-Pourri, je vais ajouter des morceaux de circonstances, le Requiem, et un extrait du Grand Macabre, le tout encadré de quelques études.

Bonus, trouvé via Ionarts :

lundi 12 juin 2006

Bunraku, l'art des marionnettes (Cité de la Musique - 11 Juin 2006)

Avec le No et le Kabuki, le Bunraku est une des trois formes traditionnelles du théâtre japonais.

La Belle à la robe enflammée d'amour : scène de la tour d'alerte au feu

Le rideau se lève sur une scène assez semblable à celle du Kabuki : étroite, toute en largeur, fermée par des panneaux de bois aux peintures naïves. A droite prennent place un joueur de shamisen, et un récitant. Sur la gauche mais invisible, un joueur de percussions ajoutera une dose de bruitisme aux moments clés. Puis apparaît la marionnette, entourée de ses trois manipulateurs. Car là est la particularité du spectacle : le manipulateur principal bouge la tête et le bras droit, un premier assistant s'occupe du bras gauche, un second des jambes ; ces assistants, tout de noir vétus et cagoulés, sont à la fois visibles et invisibles, alors que le principal escorte la marionnette dans ses aventures, l'accompagne de ses regards à la neutralité bienveillante.
Pas une parole de leur part, mais des bruits de pas parfois accentués. Tous les dialogues sont parlés/chantés (et tout ce qui existe entre ces deux formes) par le narrateur, qui se charge de toutes les voix, en plus de la description des pensées, des actions et des leçons à retenir (un peu à la manière du chanteur coréen de pansori).
Tout cela nécessite une parfaite coordination entre les trois manipulateurs pour obtenir des mouvements complexes et coordonnés, et cela nécessite un dialogue beaucoup plus libre entre ces manipulateurs d'une part, le récitant d'autre part, et enfin le joueur de shamisen, qui épaissit la trame sonore et la diversifie tout du long du spectacle.
Nous n'avons droit d'abord qu'à une scène clé d'un récit d'amour complexe, où une femme se décide à sonner l'alerte au feu pour que son amant puisse sauver sa tête, même si cela la condamne à son tour à mort. Sous la douce neige qui tombe, elle cède peu à peu à l'hystérie des sentiments, défait ses cheveux, puis grimpe à la tour fatale, dans un déferlement de cris gutturaux, de martellements sonores, de percussions cachées et de crissements de shamisen. Impressionnant.

Présentation des manipulations

En une demi-heure, un maître manipulateur nous explique l'histoire de cet art, nous montre l'armature des marionnettes, et les principes de jeu, dans une intervention où on frole bien souvent le gag trop connu des traductions, où 3 minutes de japonais agrémentées de forces gestes et mimiques sont résumées en deux phrases de quatre mots. Des explications sont disponibles en ligne, ici et ici par exemple.

Miracle au temple de Tsubosaka

Une pièce complète cette fois. Un masseur aveugle fait part à sa femme qu'il la soupçonne d'aller chaque soir rejoindre un amant ; en fait, elle grimpe au temple prier pour que cesse sa cécité. Affligé de son erreur, il lui demande de l'amener à ce temple pour y prier et jeuner, et resté seul, décide de se suicider pour épargner sa femme du fardeau de devoir le soigner. Découvrant cela, elle le suit dans la mort. Intervient alors le Bouddha, qui les ressuscite et rend la vue au masseur ; les époux dansent leur joie.
Un drame sentimental quasiment bourgeois, où la vertu est récompensée, rien de transfigurant, qui donne un aspect très "populaire" ; mais servi dans des conditions de stylisations qui renvoient à des formes beaucoup plus "savantes".
Toute la difficulté, pour un occidental, est dans le jeu des conventions, si différent de nos habitudes. Que faire de ces manipulateurs, si visibles ? Faut-il deviner et admirer leur technique, ou tenter de les oublier pour ne regarder que les marionnettes ?
On applaudit les performances, du Trésor National Vivant Maître Minosuke Yoshida III et de ses acolytes, et du narrateur Rosetayu Toyotake, même s'il est impossible de goûter toute la richesse d'une forme culturelle trop éloignée de nos standards.

Mise à jour : Je mets dans le Pot-Pourri un chant de satsuma-biwa, le biwa étant une version à quatre cordes du shamisen, qui n'en possède que trois. Ce style de musique a influencé toutes les formes ultérieures de théâtre classique japonais. Et j'ajoute un extrait du film "Le chant de la fidèle Chunhyang", superbe hybride de cinéma et de pansori.

dimanche 11 juin 2006

Ravel Bartok (Théâtre du Châtelet - 10 Juin 2006)

Maurice Ravel - Daphnis et Chloé

Le livret, généreux, indique avec moult détails la création de cette oeuvre, destinée aux Ballets Russes, sur un argument tiré d'un roman qui "n'agence, d'ailleurs assez mal, que des péripéties dénuées d'intérêt". Ravel sort les gros moyens : grand orchestre, grand choeur, ils ne sont pas 1000 sur scène, mais occupent quand même l'espace de façon impressionnante. Il en faudrait plus pour faire frémir Pierre Boulez, qui, prenant en main l'Orchestre de Paris et son Choeur, permet à cette musique de se déployer avec tout le panache nécessaire. La magie Ravel n'opère qu'en concert, où l'orchestre pétille de délices sonores, mélanges voluptueux, soli irisés, nourriture riche, qui mal maîtrisée peut écoeurer ; il faut faire très attention à la dose de sucre et à la consistance de la chantilly. Ce soir, aucun problème : les pupitres sont sans failles, et les vents en particulier s'illustrent à maintes reprises ; le lever de jour peuplé d'oiseaux est messiaenique au possible. Applaudissements nourris en forme de triomphe, puis buvette prise d'assaut ; une dame-vison en tenue été me grille avec l'aplomb irrévocable de celle qui devra fouiller entre les billets de 500 pour trouver une plus petite coupure, tout en dialoguant avec des amis en plusieurs langues simultanées.

Bela Bartok - Le Château de Barbe-bleue

Partition rare, dit Paris-Broadway, quoique donnée il y a deux ans, avec le même Peter Fried, qui m'avait peu plu à coté de Ildiko Komlosi. Cette fois, sa partenaire est Jessye Norman, impeccable en diva, parure magnifique, poses et effets garantis, mais diction peu convaincante, et caractérisations émotives peu claires (mais ConcertoNet a apprécié). Bref, je n'ai pas encore trouvé mon couple parfait, pour cette pièce qui doit être bien complexe à interpréter (à certains moments, Peter Fried ne chante plus, psalmodie presque). Mais le héros du jour, c'est encore l'orchestre dirigé par Boulez. Il ne ménage à aucun moments les chanteurs, et donne toute la puissance, quitte à les noyer. Les cordes en particulier sont remarquables de précision, dans des petits moteurs rythmiques ou des nappes glacées. Cette oeuvre continue d'être ma préférée chez Bartok. Ce soir, on a eu droit, par le récitant Frigyes Funtek, à l'introduction parlée mise en garde : ce conte parle-t-il de dedans ou de dehors ?

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, des extraits des deux oeuvres de ce soir. La jointure des deux sélections est curieusement impeccable.

samedi 10 juin 2006

Japon - Solistes EIC (Cité de la Musique - 9 Juin 2006)

Trois générations de compositeurs, la plus jeune étant représentée par trois femmes, singulière domination statistique !

Toshio Hosokawa - Fragmente III

Pour quintette à vent, cette pièce se base sur un son "Om" maintenu tout du long, essentiellement par le cor. Les autres vents virevoltent, d'abord en solo, puis en groupes de plus en plus libres, avant de retourner se poser tranquillement. Agréable.

Misato Mochizuki - Au bleu bois

Pièce pour hautbois solo, rêverie, précise la compositrice, autour d'un tableau de Van Gogh "représentant un bois de couleur bleue, habité de mystères, de mythes, de folies". J'aime beaucoup le hautbois solo, mais cette oeuvre ne m'a pas laissé grand souvenir...

Sanae Ishida - Rupture Soigneuse

Le quintette à vent est accompagné d'un percussioniste, aux interventions pointillistes, et portant une attention soutenue aux vibrations longues, qu'il perturbe parfois en agitant frénétiquement une baguette près de l'objet résonnant. L'atmosphère générale est curieuse, musique tenue sur un fil prêt à se rompre, avant de respirer un peu plus largement. Original et intéressant.

Yoshihisa Taïra - Maya

Emmanuelle Ophèle attaque ce solo pour flûte basse en poussant des cris qui tuent, qui en tous cas mobilisent l'énergie, puis alterne des sons de souffle plus ou moins purs, des passages plus traditionnellement mélodiques, et d'autres séances de cris, qui perdent peu à peu de leur férocité. On sent les intentions (le souffle, l'énergie vitale, les arts martiaux, la vie et le chaos, tout ça), mais il faudrait une âme plus "orientale" pour goûter la pertinence de l'oeuvre produite.

Maki Ishii - Thirteen Drums

Pièce pour percussions seules. Ca commence par un ostinato impressionnant sur des fûts, transpercé de déflagrations diverses ; d'autres épisodes suivent, pariant plus sur le spectaculaire que sur le subtil. Vers la fin, ça se calme, avec un decrescendo général très poétique qui aurait pu faire une belle fin, suivi d'une reprise des hostilités au premier abord décevante, mais qui permet un ultime mouvement perpétuel avec de fausses suspensions et polyrythmies acrobatiques de toute beauté !

Mari Kamimoto - Petit Torse

Le portrait de la compositrice est surprenant, qui insiste lourdement sur sa précocité (études musicales commencées à l'âge de deux ans et demi, tournée européenne dès 11 ans...). Sa pièce pour quintette est la plus "occidentale" de la soirée, très post-sérielle en fait, avec des échos de Webern et Boulez, un jeu assez conventionnel avec la virtuosité, et une sensation persistante de "déjà entendu".

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, j'ajoute des oeuvres de Hosokawa et Mochizuki, et profite de l'occasion "Japon" pour proposer des extraits du disque que j'ai attendu le plus longtemps et acheté un prix inavouable en import, la BO de "Ghost In The Shell" de Kenji Kawai, qui dans la salle de cinéma m'avait donné la chair de poule, à l'époque où la japanime n'avait pas obtenu des lettres de noblesse suffisantes pour une distribution décente.

vendredi 9 juin 2006

Théâtre des Champs-Elysées - 29 Mai 1913

Via Alex Ross, je découvre sur YouTube des extraits d'un documentaire de la BBC, Riot at the Rite, consacré à la création du "Sacre du Printemps" de Stravinski. Spectacle sur scène et dans la salle, absolument réjouissant.

Premiere Performance Part1 A


Premiere Performance Part1 B


Premiere Performance Part2 A


Premiere Performance Part2 B

jeudi 8 juin 2006

Koan

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Jerome MagicWorld.


- Arrivée au bout du pont, que fit la vache ?

( Il me semble, sans pouvoir vérifier, et citant donc de mémoire improbable, que dans le livre "Le Temps incertain" de Michel Jeury, le héros possédait dans son bureau une image dont la légende disait "Au bout de 10 000 ans, la vache arriva au bout du monde ; que fit-elle ?" ; je pensais que c'était là un koan zen connu, mais l'échec de mes recherches, que j'avoue certes rapides, m'indique qu'en fait, peut-être pas.

Ce qui est certain, c'est que la réponse n'était pas donnée, alors qu'elle est évidente :
- Mu !)

(et ceci, croyez-le ou non, essaie de passer pour ma participation au Diptyque 2.7 d'Akynou)


Maj : Merci à Tlön de me donner la citation exacte :
"Après 4000 jours de marche, la vache arrive au bout de l'univers, que fait-elle?"

lundi 5 juin 2006

Le Livre du Graal : Généalogie

Il ouvrit le bref pour y trouver écrites toutes les merveilles du monde, les unes en hébreu, les autres en latin. Elles le disaient clairement : des serviteurs et des chevaliers de Jésus-Christ, le premier serait Nascien, le second Célidoine ; le premier à descendre de Célidoine serait roi, bon chevalier et homme de bien, et aurait pour nom Narpus. Le deuxième se nommerait Nascien, le troisième Alain le Gros, le quatrième Isaïe, le cinquième Jonal, chevalier preux et hardi, grand zélateur de la sainte Eglise. Le sixième serait appelé Lancelot : il serait couronné au ciel et sur terre, car en lui se rencontreraient pitié et charité. Le septième aurait pour nom Ban, et celui qui descendrait de lui - le huitième - Lancelot, qui endurerait plus de peine et de fatigue que personne avant ni après lui ; un vrai chien, celui-là, jusqu'au moment où il s'amenderait, peu avant sa mort, autant qu'il le devrait. Le neuvième, trouble et épais au commencement comme de la boue, au milieu clair et net et à la fin cent fois plus clair qu'au milieu, serait si délicieusement doux à boire qu'on pourrait difficilement s'en rassasier.
En celui-là se baignerait Jésus-Christ véritablement ; il aurait pour nom Galaad. Il dépasserait en qualités physiques et chevaleresques tous ceux qui avant lui auraient été, et qui après lui viendraient. Il mettrait fin à toutes les aventures, et la volonté de Jésus-Christ le conduirait toujours. Toutes ces choses étaient consignées dans le bref que Nascien trouva dans sa main.

Joseph d'Arimathie, § 436-437

Et même pas de spoiler warning ?

dimanche 4 juin 2006

Anne teresa De Keersmaeker - D'un soir un jour (Théâtre de la Ville - 3 Juin 2006)

Unité de titre, de décor et presque de costumes, mais il s'agit plus d'une suite de six illustrations musicales. Dommage que le livret n'indique pas, pour chaque pièce, les interprètes.

Claude Debussy - Prélude à l'après-midi d'un faune

Pendant 5 minutes de silence (troublé par des toussoteux acharnés), une fille, seins nus, prend des poses, d'abord seule, puis rejointe par un gars guère plus mobile. C'est long. Les premières notes sont un soulagement, la danse s'enclenche, mélange du langage Rosas et des attitudes et positions Nijinskiennes, en angularités hiératiques. On se demande du coup quel est le langage le plus moderne des deux... En tous cas, l'hybridation fonctionne plutôt bien, et bercé par la magie ineffable du chef-d'oeuvre de Debussy, le solo du faune amoureux et rêveur est un grand et bouleversant moment.

Igor Stravinski - Symphonies d'instruments à vent

De nouveau, un long prélude silencieux. Puis de la danse Rosas typique, mais comme engoncée dans ses habitudes, sans grand-chose qui transporte. Ennui calme.

George Benjamin - Dance Figures

Cette suite a été écrite par Benjamin spécialement pour l'occasion, sous commande de Keersmaeker, comme un souvenir des Ballets Russes. Musique splendide, envoutante par moments, en climats successifs et variés, orchestration somptueuse. La chorégraphie ? Aucun souvenir...

George Benjamin - Ringed by the flat horizon

Bis repetita. Musique splendide, et danse presque oubliée. Il y a clairement chez Keersmaeker la volonté d'utiliser la danse pour faciliter l'accès à la musique, quitte à la traduire dans un "mot à mot" quasi trivial. Un soliste va personnifier les cadences du violon, à un balayage du spectre harmonique par l'orchestre va correspondre une course de toute la troupe hors du plateau. Du coup, cela manque de caractérisation.

Igor Stravinski - Fireworks

Il s'agit de faire la fête ! Mouvements hip-hops, glissades sur les tables, c'est court, heureusement, car tout ça sonne faux, et sans grand intérêt.

Claude Debussy - Jeux

Après une vidéo, comme un écho hommage à "Blow Up" je suppose un extrait de "Blow Up", la partie de tennis jouée sans balle, la balle absente rebondit sur la scène, et les danseurs se succèdent, en duos trios et plus quand affinités. C'est joliment fait, mais là encore, qu'a-t-elle à nous dire ? Cela manque de sujet, et tout ce qui a trait à la sensualité (corps peu ou pas vétus, jeux de séduction, etc.), n'apporte pas grand-chose, très loin du travail de Marie Chouinard par exemple.

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri gambade le Faune de Debussy, livré aux Vents de Stravinski, et comme je n'ai rien (pour le moment) en Benjamin, je mets son petit frère Britten (ah ah ah). Comme en plus je n'ai qu'un seul disque de Britten (quelle misère), ce sera donc du Peter grimes, les interludes pour qu'il n'y ait quand même pas trop de voix (quelle horreur !).

D'une rue à l'autre

Dans mon quartier, il y a un restaurant fort connu des Américains. Les Clinton y ont invité les Chirac.
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Le soir, de somptueux taxis s'arrêtent à l'angle des deux rues et de riches touristes viennent déguster, pour une somme rondelette, une solide cuisine du terroir "so typically french", dans un arrondissement "so charming".
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Il suffit pourtant de tourner au coin de la rue pour découvrir un autre visage de Paris.
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Un batîment délabré, squatté, et qui s'effondre lentement, en attendant quelque drame rénovation.
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(Les deux dernières images ont été obtenues par juxtaposition de photos, en utilisant le logiciel Autostitch, très amusant pour divers types d'expériences)
(et ceci est ma participation photographique au diptyque 2.6 d'Akynou)