Shantala Shivalingappa - Shiva Ganga (Théâtre des Abbesses - 27 Octobre 2004)
Dans la notice du spectacle, Shivalingappa, déjà vue chez Pina Bausch dans "Néfes", explique que le kuchipudi "est aussi précis que le bhârata natyam mais moins codifié. Du coup, on peut être inventif, presque contemporain d'une certaine façon." Est-ce du à cette danse, ou à son interprétation personnelle, en tous cas ce spectacle mélange en effet la dramaturgie et les effets habituels de la danse indienne, et des touches beaucoup plus modernes.
En introduction, l'habituelle pièce uniquement musicale, jouée live par deux percussionnistes, un flutiste et un chanteur. Et la courte pièce dansée, en hommage aux dieux. Suivie de pièces plus longues et plus complexes. Du très classique, donc.
Par contre, la différentiation entre danse pure et danse narrative est plus ténue que d'habitude. Plutôt que de mimer, Shivalingappa évoque : d'une lente ondulation du dos, du buste et des bras, elle imite la trompe d'un éléphant à la fois puissant et protecteur ; d'un rapide mouliné des poignets et des mains, elle fait pousser un arbre dont les feuilles tremblent. Mais ces mouvements sont aussi des merveilles de technique fluide et naturelle, se figent en des postures d'une beauté de statue dans un temple, ou sont rompus par des surprises, un saut, une cheville qui déclenche une pirouette ...
Après une courte pause, elle revient en tenue plus décontractée, pour une pièce basée sur le rythme (un peu trop longue introduction musicale aux talas, continuée par le dialogue avec la danseuse, terminée avec les déplacements typiquement kuchipudi sur un plateau de cuivre), puis le morceau de bravoure, "Shiva Ganga", un tryptique entre énergie virile et énergie gracieuse.
Shivalingappa irradie, d'un généreux bonheur d'offrir la beauté lumineuse de sa danse. Elle flotte légèrement au-dessus du sol, ne le touchant que pour frapper un rythme. Après un tournoiement où elle trace un grand cercle en sautant d'un genou à l'autre, elle termine allongée et agitant lentement les bras, évoquant le fleuve Gange prodiguant sa force liquide au monde. Miraculeusement splendide.
Pour se remettre de tant d'émotions, elle offre un court bis plus classiquement bondissant.
MAJ : Zvezdoliki y était aussi !