samedi 10 juin 2006

Japon - Solistes EIC (Cité de la Musique - 9 Juin 2006)

Trois générations de compositeurs, la plus jeune étant représentée par trois femmes, singulière domination statistique !

Toshio Hosokawa - Fragmente III

Pour quintette à vent, cette pièce se base sur un son "Om" maintenu tout du long, essentiellement par le cor. Les autres vents virevoltent, d'abord en solo, puis en groupes de plus en plus libres, avant de retourner se poser tranquillement. Agréable.

Misato Mochizuki - Au bleu bois

Pièce pour hautbois solo, rêverie, précise la compositrice, autour d'un tableau de Van Gogh "représentant un bois de couleur bleue, habité de mystères, de mythes, de folies". J'aime beaucoup le hautbois solo, mais cette oeuvre ne m'a pas laissé grand souvenir...

Sanae Ishida - Rupture Soigneuse

Le quintette à vent est accompagné d'un percussioniste, aux interventions pointillistes, et portant une attention soutenue aux vibrations longues, qu'il perturbe parfois en agitant frénétiquement une baguette près de l'objet résonnant. L'atmosphère générale est curieuse, musique tenue sur un fil prêt à se rompre, avant de respirer un peu plus largement. Original et intéressant.

Yoshihisa Taïra - Maya

Emmanuelle Ophèle attaque ce solo pour flûte basse en poussant des cris qui tuent, qui en tous cas mobilisent l'énergie, puis alterne des sons de souffle plus ou moins purs, des passages plus traditionnellement mélodiques, et d'autres séances de cris, qui perdent peu à peu de leur férocité. On sent les intentions (le souffle, l'énergie vitale, les arts martiaux, la vie et le chaos, tout ça), mais il faudrait une âme plus "orientale" pour goûter la pertinence de l'oeuvre produite.

Maki Ishii - Thirteen Drums

Pièce pour percussions seules. Ca commence par un ostinato impressionnant sur des fûts, transpercé de déflagrations diverses ; d'autres épisodes suivent, pariant plus sur le spectaculaire que sur le subtil. Vers la fin, ça se calme, avec un decrescendo général très poétique qui aurait pu faire une belle fin, suivi d'une reprise des hostilités au premier abord décevante, mais qui permet un ultime mouvement perpétuel avec de fausses suspensions et polyrythmies acrobatiques de toute beauté !

Mari Kamimoto - Petit Torse

Le portrait de la compositrice est surprenant, qui insiste lourdement sur sa précocité (études musicales commencées à l'âge de deux ans et demi, tournée européenne dès 11 ans...). Sa pièce pour quintette est la plus "occidentale" de la soirée, très post-sérielle en fait, avec des échos de Webern et Boulez, un jeu assez conventionnel avec la virtuosité, et une sensation persistante de "déjà entendu".

Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, j'ajoute des oeuvres de Hosokawa et Mochizuki, et profite de l'occasion "Japon" pour proposer des extraits du disque que j'ai attendu le plus longtemps et acheté un prix inavouable en import, la BO de "Ghost In The Shell" de Kenji Kawai, qui dans la salle de cinéma m'avait donné la chair de poule, à l'époque où la japanime n'avait pas obtenu des lettres de noblesse suffisantes pour une distribution décente.

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