samedi 17 juin 2006

Hindemith, Strauss (Théâtre des Champs-Elysées - 16 Juin 2006)

Paul Hindemith - Musique de concert opus 50

Musique pour orchestre à cordes et cuivres. Si j'apprécie beaucoup le traitement des cordes, pâte très malléable, sculptée avec maestria, j'ai plus de mal avec la couche de cuivres au-dessus, dont la collure me semble au départ brutale et discordante, avant de s'apaiser. Ne connaissant pas l'oeuvre, je ne sais pas si c'est écrit ainsi.

Paul Hindemith - Concerto pour la main gauche et orchestre opus 29

Singulier destin pour cette oeuvre, commandée avec droit d'exclusivité par le pianiste Paul Wittgenstein (le frère de Ludwig !), revenu amputé de la guerre en 1915, et qui laissera ce concerto dans un tiroir, malgré la lettre d'accompagnement de Hindemith :
"J'espère qu'après avoir parcouru la partition, vos premières craintes disparaîtront. C'est une pièce simple, sans le moindre problème d'exécution, dont je suis sûr qu'elle vous plaira après quelques temps. (Peut-être serez-vous un peu choqué au début, mais cela ne fait rien). Vous comprendrez la pièce de toute façon et en cas de doute je suis toujours là pour vous donner des renseignements et des précisions."

Cela n'a manifestement pas suffi, la chanson lui a pas plu, n'en parlons plus. Du moins pendant presque 80 ans, au bout desquels l'oeuvre ressurgit, et est créée par Leon Fleisher, qui la joue aussi ce soir.
De fait, la partie piano ne semble pas d'une virtuosité inaccessible, même pour une main gauche. De plus, elle est souvent couverte par l'orchestre, très énergique, voire imposant. Je préfère, et de loin, le troisième mouvement, minimal et magnifique, un trio avec ponctuation de basse, pour hautbois accompagné du piano, puis piano solo, puis flûte accompagné du piano, dans une longue mélodie clair-obscure, où le contrepoint grince un peu, dans un décalage subtilement douloureux.

Richard Strauss - Don Quichotte opus 35

Que d'anecdotes, que de péripéties ! Le livret cite Antoine Goléa : "les instruments et les variations sont comme des ombres chinoises sur un mur, [...] et ces ombres sont colorées comme les ombres immenses d'un film en technicolor et en cinémascope, traitées selon la technique d'un Walt Disney né cinquante ans avant le vrai." Bien bien bien. Dans tout ce fatras d'aventures orchestrales, il y a des moments plaisants, d'autres insupportablement dégoulinants de sucrerie, de belles interventions au violoncelle (qui, placé sur estrade en soliste, rejoint parfois, par la musique jouée, le pool des camarades orchestraux, singulière position liée au statut de faux concerto de l'oeuvre), une fin tranquille et douceureuse presque poignante, mais en général, tout ça ne me parle pas. Peut-être faut-il lire Cervantès pour apprécier.
Kurt Masur et l'Orchestre National de France sont longuement applaudis par une salle pas vraiment pleine, malgré l'opération "payez une place venez à deux" qui est à l'origine de ma présence, et malgré les scolaires venus remplir quelques rangs, et qui s'entraînent avec enthousiasme à la claque.

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