Médéric Collignon Jus de Bocse - Bitches Brew Project (Le Triton - 21 Mai 2010)
Quand on précise en réservant une place qu'on mangera au restaurant attenant, on a droit à un siège marqué à son nom dans la salle. Bon à savoir. Me voilà donc au premier rang, bien au centre, pile en face de la batterie et de la trompette. L'endroit exact où, une affichette le précise, si on est sensible au niveau auditif, il convient de ne pas se mettre (mais ils distribuent des bouchons d'oreille gratuitement au bar au cas où). Et de fait, ça bastonne. La première partie est marquée par la batterie de Philippe Gleizes en sur-régime, et la trompette de Médéric Collignon en grande force. Les deux autres comparses restent en arrière-plan. Dans le cas du Fender Rhodes de Frank Woeste, c'est un peu trompeur, car son rôle est essentiel même dans les morceaux rapides, en force de cohésion du groupe, il cimente harmoniquement, et permet à Collignon de mieux partir à l'aventure. Le cas du bassiste est plus problématique ce soir, parce que ce n'est pas l'habituel Frédéric Chiffoleau à la contrebasse, mais Emmanuel Harang à la basse électrique. Collignon le présente comme un copain-ami de longue date, témoin de ses premiers pas dans le Jazz. Son statut, remplaçant d'un soir ou plus définitif, n'est pas précisé. Mais il ne fait pas (encore) partie de la dynamique du groupe. Il assure sa partie, un brin intimidé par la puissance que dégagent les autres, et reste en retrait.
Cette première partie est donc toute en puissance. Gleizes surtourt frappe fort. Il ne laisse aucun répit à ses cymbales, qui flamboient longuement et bruyamment. Et comme il est dès le départ dans un haut registre d'énergie, quand il monte en puissance au cours du morceau, on frôle vite le surdosage. Sans doute s'en rendent-ils compte, ou en ont-ils écho pendant la pause, car la seconde partie sera plus raffinée. "On joue fort pour s'empêcher de penser", explique Collignon toujours en verve d'aphorismes et remarques plus ou moins délirantes, et spécialement contre celui autour duquel il brode les contrepèteries "si connard qu'il osa" et le moins parfait "il nique sa cause aux races". La seconde partie voit plus de morceaux lents, qui permettent à Woeste de partir dans des ballades rêveuses, parfois debussystes. Collignon abandonne plus souvent la trompette pour passer à la voix, imaginant des mains une sorte de guitare, et pestant contre son micro qui connait des ratés, mais qui lui permet de trafiquer suffisamment sa voix pour qu'il semble parfois pouvoir chanter avec l'exact son de sa trompette !
Ailleurs : un set de photos
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