Alexandra Grimal - Seminare Vento Quartet (Sunside - 26 Mai 2010)
C'est vraiment par hasard et au dernier moment que je découvre ce concert, et m'y précipite, pour voir ce quartet sudiste d'Alexandra Grimal, auteur d'un fort joli disque qui, bien noté par Télérama, fleurit chez les diquaires, et où sont gravées pour la première fois des compositions de la saxophoniste déjà entendues plusieurs fois dans d'autres formations, comme "Passage" ou "Elks Around".
Pour entrée en matière, ils choisissent du Ornette Coleman. Mais le rendu me semble confus, la mécanique du groupe ne me semble pas suffisamment rodée pour un tel démarrage, qui du coup patine un peu. Le reste de la soirée sera consacrée essentiellement (voire exclusivement ? mais je ne suis pas resté pour le troisième set) à leurs compositions, puisqu'ils sont trois à écrire dans ce groupe.
Le caractère de chaque morceau est plus affirmé sur scène que sur disque. "Elks Around" très décontracté à la limite du débonnaire foutraque, "Eh!" énergique proche du Free, "Saudidas Correspondidas" poignant de nostalgie. Et puis bien sur "Passage", qui m'impressionne toujours autant en concert, elle lançant son appel (sa prière ?), obstinée, obsessionnelle, et ses collègues montant en puissance autour, comme des éléments peu à peu se déchainant, jusqu'à ce qu'elle soit comme un phare au milieu de la tempête.
Qui sont-ils ses compagnons ? Giovanni Di Domenico au piano est du genre sobre, choisissant soigneusement ses accords, cherchant toujours le petit décalage harmonique ou mélodique qui donnera de l'épaisseur ou une couleur intéressante, et expérimentant volontiers, comme des petites trilles sur une seule note. Du bassiste Manolo Cabras, pas grand-chose à dire. Le batteur Joao Lobo dispose d'une large palette de techniques qu'il utilise avec parcimonie, en fonction du climat à installer (dont des sacs en plastiques utilisés pour frotter les peaux, original). Je préfère cette paire rythmique dans ses passages plus doux, tous deux jouant de l'archet, ou, plus surprenant, tous deux tapant sur leur instrument à mains nues (percussion sur contrebasse impeccable et spectaculaire !).
Et mieux vaut profiter de ce spectaculaire, car il est rare. Jouant tous la plupart du temps les yeux fermés, ça manque quand même un peu de chaleur et de communication (de communion), avec le public et même entre eux. Les échanges de sourires sont même rares ! C'est qu'ils tous très concentrés sur la musique qu'ils jouent. Et particulièrement Grimal, toujours dans une quête de transcendance Coltranienne (ouais, lâchons le mot), chaque note et chaque souffle gorgé de ferveur mystique. Musique souvent intense en énergie spirituelle, même dans ses silences.
Ailleurs : quelques photos (dans la lumière difficile du Sunside !)
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