Alain Platel - Pitié (Théâtre de la Ville - 27 Octobre 2008)
Bien des blogueurs ont déjà exprimé leur avis sur ce spectacle, et comme je suis globalement d'accord, je vais résumer. Après un concert que j'aurais pu classer en catégorie "Danse", voici une chorégraphie que je pourrais classer en "Jazz".
Déjà quelque peu réfractaire au précédent VSPRS, et copieusement averti par les billets lus la semaine précédente, j'ai en effet choisi de me concentrer pleinement sur la musique d'Aka Moon et collègues invités. Autant que faire se peut : car non contents de s'agiter beaucoup, en contorsions hystériques ou grimaces éperdues, les danseurs grognent hurlent ou se confessent en chuchotis amplifiés, bref, perturbent et pas qu'un peu l'écoute.
Mais la musique, donc. Dans la continuation de son travail sur les Vêpres de Monteverdi, Fabrizio Cassol "relit" la Passion selon Saint-Mathieu de Bach. Il en sélectionne quelques chorals et arias, qu'il ré-instrumentalise à sa sauce, y met une part d'improvisation plus ou moins grande, et y ajoute des morceaux faits maison.
Que certains puristes détestent ce genre d'exercice, certainement. Moi j'aime beaucoup ! Il y a même un brin trop de respect, j'aurais aimé plus de "free" par moments ! Michel Hatzigeorgiou en particulier m'a semblé bien sage, et Stéphane Galland gardait une assise relativement rigide. Plaisir que de retrouver certains complices habituels : Magic Malik à la flûte et à la voix, sidérant ; Tcha Limberger au violon. Et quelques nouveaux, en particulier Lode Vercampt au violoncelle, plein d'invention ; la seule déception sera la trompette de Sanne Van Hek, un peu terne et académique.
Coté voix, c'est magnifique. La soprano Claron McFadden, l'alto/mezzo Monica Brett Crowther, et le contre-ténor Serge Kakudji, non seulement ont des voix splendides, mais surtout se complètent admirablement. Les parties où leurs voix s'entremêlent sont des splendeurs, comme il n'y en avait pas quelques jours avant.
Le disque est annoncé pour bientôt, je ne sais pas trop quel sera le personnel (d'un soir à l'autre, les soprano alto/mezzo trompette violoncelle et accordéon changeaient).
Ailleurs : In the mood for Jazz, Joël, Images de danse, Native Dancer, Un soir ou un autre, ...
2 commentaires:
> Que certains puristes détestent ce genre d'exercice, certainement. Moi j'aime beaucoup !
En ce qui me concerne, je ne détestais pas a priori ! par exemple, les œuvres de Bach (et d'autres) revues par Jacques Loussier ou les Swingle Singers me vont très bien. Mais ici, malgré quelques passages bien aimables, l'adaptation m'a franchement déplu.
Je vais prendre un peu le contre-pied, mais étant à la fois fan d'Aka Moon et de Bach, je m'attendais à une jouissance musicale d'une intensité musicale. Là, seuls quelques passages étaient vraiment transcendants, mais j'ai trouvé l'ensemble plutôt fade.
En revanche, quelle danse ! Ca m'a transporté du début à la fin, il y avait des gestes incroyables, des danseurs qui s'étaient tous livrés à une attitude d'abandon torturé qui tournait au bestial et qui questionnait vraiment, dans un collectif très solide. Alors oui, on peut passer quelques moments inutiles tels que la scène de provoc scatologique, mais ce serait occulter un travail quand même phénoménal, pour un résultat invu (je cherchais l'équivalent d'inouï). Platel, je dis bravo.
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