(pour ce compte-rendu, je triche un peu : j'écoute l'enregistrement fait par France Musique, qui me permet de redonner vitalité à des impressions de concert affaiblies par une forte fatigue en cours de première partie)
Mauricio Kagel - 10 marches pour rater la victoire (extraits)
En préambule de ce premier concert de l'EIC de la saison, Mälkki le dédie à Maurico Kagel récemment disparu, et présente en forme d'hommage deux courtes pages de "10 marches pour rater la victoire", une sorte de marche modérément funèbre, puis une sorte de fanfare modérément triomphante, toutes deux avec ce qu'il faut d'ironie et de faux-semblant énigmatique.
Eliott Carter - Asko Concerto
Six sections séparées par des sortes de tutti, où brillent quelques solistes parfois superposés. Le tout est plutôt enjoué, avec de jolis solos, par exemple de harpe, de clarinette basse, ou de basson vers la fin, mais ça ne m'emporte guère plus loin qu'un intérêt poli.
Conlon Nancarrow - Etudes (arrangements pour orchestre)
Voici deux études de Nancarrow (pas parmi les plus spectaculaires, je pense) transcrites pour ensemble par deux musiciens de l'EIC : la 2a par le tubiste Arnaud Boukthine, la 20 par le pianiste Sébastien Vichard. Ces orchestrations affadissent le propos - la radicalité et l'impossibilité de jouer ces pièces se perd dans la suavité des textures et dans la dextérité de l'EIC à se jouer des rythmiques les plus complexes. Cela met plus en évidence qu'en version originale, des parentés avec Charles Ives ou Ligeti, mais ne soulève guère d'enthousiasme à l'écoute.
Per Norgard - Scintillation
Etrange musique, aux contours comme flous, ou mangés par du contre-jour. Il y a comme un suspense à tenter de percevoir des lignes mélodiques, ou des mouvements rythmiques, qui émergent d'une texture plus indéterminée, puis s'y engloutissent par transparence. Une foule de détails, de points de cristallisation, mais qui ne donnent jamais une vision complète.
Karlheinz Stockhausen - Zeitmasse
Mon morceau préféré de la soirée. Nous sommes en 1956, et déjà dans le post-sérialisme. Il y a de magnifiques lignes mélodiques, avec l'acidité des influences Weberniennes, aidée par la texture du quintette à vent. L'attention devrait se focaliser sur les rythmes, en partie libres (genre "aussi rapide que possible à environ quatre fois plus lent") et en partie hyper précis (échelle de 12 tempi de 60 à 120). Là encore, la maitrise de l'EIC est telle que le chaos de la liberté n'effleure jamais, et je remarque plus le contrôle gestuel forcené de Mälkki. La pièce pépie avec bonheur et insouciance, les instruments s'envolent et se dispersent sans jamais se perdre, dialoguent avec une sérénité joueuse très agréable. Une fraicheur très désaltérante.
Elliott Carter - Double Concerto
Le Asko Concerto datait de 2000, ce double concerto pour piano et clavecin est écrit 40 ans plus tôt. Il me passionne aussi peu. Ce n'est ni désagréable, ni mal écrit, c'est juste que je m'y ennuie tranquillement. Soit je ne comprends pas l'enjeu, soit celui-ci ne m'intéresse absolument pas.
2 commentaires:
la triche, c'est pas grave. Mais c'est vrai qu'en général, les chroniquettes faites "en trichant" sont souvent différentes de celles faites sans "tricher" !
(j'aurais bien aimé (re)voir le Budapest Fetsival Orchestra, moi)
Y avait des places, à Pleyel ! (apparemment, c'est souvent le cas, depuis le début de saison, les salles pleines sont rares)
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