mardi 20 avril 2010

Anthony Coleman Trio, Jim Hall Trio (Salle Pleyel - 18 Avril 2010)

Anthony Coleman, Henry Grimes, Joey Baron

La première partie de cette soirée aurait du être le Marc Ribot Trio, une version réduite du "Spiritual Unity", mais le nuage de cendres volcaniques ayant coincé au loin Ribot et Taylor, on a droit à une rencontre plus inédite entre le rescapé contrebassiste Henry Grimes, le batteur Joey Baron déjà prévu pour le deuxième partie de soirée, et le pianiste Anthony Coleman présent sur Paris pour "Banlieues Bleues" et le festival "Radical Jewish Culture" du MAHJ. L'ambiance est au Free Jazz. Anthony Coleman scotche des feuilles dans son piano pour réduire les harmoniques, joue en densité et en vitesse, mais avec une approche souvent Monkienne, aidé en cela par Joey Baron, qui joue aussi avec les sons : ils établissent un dialogue où les silences, les contretemps, les échanges et les pièges, créent une belle complicité, pleine de sourires et d'étincelles.
Entre eux deux, il y a Henry Grimes, qui semble un peu débarqué d'une autre planète. Il s'accroche à une sorte de logorrhée de notes un peu monotone, qu'il interrompt de temps en temps pour jouer du violon, ou même, lors du premier morceau, pour réciter quelques pages de poésie. Ses deux camarades de soirée semblent parfois un peu décontenancés par sa présence, qui ne s'inclut pas vraiment dans leur paysage.
Cela donne une performance assez courte (une grosse demi-heure) et assez surprenante. Mais c'est aussi de cela qu'est fait le Jazz.

Jim Hall, Scott Colley, Joey Baron

Quand s'avance Jim Hall, blanchi, courbé, boitant, aidé d'une canne, grimpant sur son haut tabouret, puis descendant régler sa sono, ce qu'il fera encore et encore presque tout au long du concert, on peut un peu s'inquiéter. Et quand les premières notes surgissent, comme hésitantes, fragiles, les interrogations demeurent. Mais c'est une forme de délicatesse. Il avance dans chaque chanson comme sur la pointe des pieds. Et reste ensuite léger, économe, cherchant la meilleure note, la mélodie la plus directe en terme d'émotion. Souvent, il coupe l'électrification de sa guitare, la jouant en acoustique, un son parfois très ténu, proche du silence. Il y a une intimité et une recherche de sincérité nue qui me fait penser aux grandes heures de Bill Evans. A ses cotés, Joey Baron pousse son jeu vers Paul Motian, une simplicité coloriste pour entourer le guitariste et le porter tranquillement. De grands espaces sont laissés au contrebassiste Scott Colley, qui ondule autour de son instrument dans de grands et solides solos. Standards, balades, blues, et deux totales improvisations, c'est un concert très agréable, doux et chaud.

Spotify : Anthony Coleman Plays Gebirtig, un Best Of Jim Hall (1971-2000)

Et une vidéo du Jim Hall Trio avec Bill Frisell en plus

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