Berliner Ensemble - Richard II (Théâtre de la Ville - 11 Avril 2010)
"Richard II" est la première partie de la tétralogie "Henriad". Cela commence par un duel, que Richard laisse faire, puis interrompt au dernier moment, bannissant les deux accusateurs mutuels, l'un à vie, l'autre, Henry Bolingbroke, pour 10 ans, qu'il ramène finalement à 6. Tout cela sent l'arbitraire, le manque de conviction, l'indécision. Quand il confisque ensuite toute la fortune du père de Bolingbroke pour financer la guerre, le banni revient pour prendre le pouvoir. Richard lui donne sa couronne, finit en prison, puis finalement assassiné.
Le Berliner Ensemble joue la pièce en allemand, dans une traduction de Thomas Brasch, que le livret dit remarquable, mais que je ne suis que traduite à nouveau, en français, en surtitres que le rang assez élevé permet pour une fois de lire confortablement tout en suivant l'action sur scène. Une part de musicalité pourtant transpire.
Le décor est unique mais se modifie, pour passer d'une salle de trône à une rue, d'une bâtisse isolée à un jardin. Une des idées fortes de la mise en scène de Claus Peymann, c'est que ce décor peu à peu s'encombre de détritus, de terre, d'éléments de costumes abandonnés, d'eau, se dégrade, graffitée, saccagée, jusqu'à ce que Henry IV, le nouveau roi, ne règne sur un territoire dévasté par l'incurie et la violence.
Les acteurs sont formidables. Michael Maertens joue un Richard II infantile, qui hurle pour se faire entendre mais ne sait pas gagner le respect, et qui quand le pouvoir l'abandonne devient plus adulte, forcé d'assumer sa chute, et y gagnant un peu d'humanité et de profondeur. Veit Schubert campe un Henry Brolinbroke souvent dépassé par les événements, mais qui prend goût au pouvoir finalement, et qui peut-être saura être à la hauteur de son rôle. Un autre personnage fascinant est le duc de York, qui au nom de l'ordre, est capable de dénoncer son propre fils, et qui, dans une variation par rapport au texte habituel, finira par tuer Richard II en croyant obéir à une injonction non-dite de Henry.
Le jeu de tous les acteurs est souvent à la limite de la bouffonnerie (les éclats de voix puérils de Richard, les évanouissements répétés de la reine Isabelle, Henry nettoyant les graffitis à la main, les jardiniers trempant la reine, etc.), et pourtant le texte regorge de larmes et de drame. Dans cet équilibre subtil se tient la force de cette extraordinaire représentation.
Ailleurs: Les 3 coups, Palpatine, Candoni, Quirot ...
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