Hommage à Albert Ayler (Cité de la Musique - 9 Février 2008)
Laurent Bardainne - Here is to you, Albert Ayler !
Le saxophoniste ténor arrive seul sur scène, avec un son ample et assuré, qu'il lance peu à peu vers l'aigu. Viennent l'épauler un puis deux batteurs, Philippe Gleizes et Vincent Taeger, en déluge de frappes sur leurs futs et cymbales, un maelström de puissance. Lorsque viennent s'installer Nicolas Villebrun à la guitare et Arnaud Roulin aux claviers, le climat change totalement, en énergie lourde et lente (ma forme préférée !), un mur de son très physique. L'équipe est complète quand arrive le chanteur Dean Bowman, aux techniques remarquables, preacher, hurleur, hululeur, le tout en maintenant une distance d'élégance et de showman désinvolte. Les peu nombreux morceaux s'articulent en architecture complexe, entre les moments empreints de puissance latente où guitare et claviers comblent tout l'espace sonore, et ceux où les batteurs épuisent leurs batteries en solos furieux (ils devront plusieurs fois en refixer certains éléments !). Le sax de Bredainne et la voix de Bowman apportent les touches finales.Vers la fin, une bande de très jeunes filles, des classes musicales d'un collège de Saint-Ouen, viennent jouer les choristes, en chant, danse, et frappement de main. L'initiative pédagogique est fort sympathique et j'espère l'expérience fructueuse pour ces enfants ; dommage que cela doive s'accompagner d'une forte simplification de la musique proposée au public.
Marc Ribot - Spiritual Unity
C'est l'attraction principale de la soirée, mais la première partie m'a bien plus captivé ! Premier problème ici, le batteur Chad Taylor : il s'agite beaucoup, mais pour faire du surplace ; pas de groove, pas de drive. Deuxième problème : le trompettiste (et autres instruments) Roy Campbell Jr, dont la musique ne me parle tout simplement pas ; un excellent musicien, mais avec qui je ne me sens pas d'affinités. Reste le bassiste Henry Grimes, un ancien compagnon de Albert Ayler, qui surclasse largement le batteur en terme de pulsion : même quand il passe au violon, dans un discours échevelé de courtes phrases qui partent dans tous les sens, il y a en sous-terrain un rythme inébranlable et infatigable, comme un coeur qui bat en dépit de tout. Enfin, à la guitare, Marc Ribot, dont chaque solo est un impressionnant voyage, lourd d'électricité ou avec amplification coupée style ukulélé. Mais l'ensemble a du mal à décoller, j'écoute mais sans jamais vraiment embarquer. Tant pis ; le début de la soirée, et les solos de Ribot, sont suffisants pour une soirée très plaisante.A lire aussi : Allegro Vivace.
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