Ce compositeur n'est jamais apparu sur ce blogue, et à vrai dire, je ne sais pas si j'ai vu une seule de ces compositions en concert.
Transmutations
C'est un concerto de chambre, pour 16 instruments, dont une contrebasse amplifiée. Le livret place cette oeuvre dans une tradition française mixée d'éléments de langage germaniques. C'est en effet très typique d'une certaine musique contemporaine (je suis très peu sensible par contre à la notion d'écoles nationales) : des bribes de mélodies, des cellules rythmiques très éclatées, vents et percussions très en avant (et la contrebasse amplifiée pourrait presque être une percussion elle-même !), une suite d'instants, mais pas de direction dans le discours, il me semble que tous ces moments musicaux pourraient être permutés sans problème, et cela, justement, me pose problème. Denis Cohen explique cette pièce sur son site, citant deux types d'écoutes : "l'instant, la jouissance du moment présent d'une part, son passé (sa reconstitution) et son futur (sa projection désirante) d'autre part." Je ne perçois pas suffisamment cette seconde part pour être vraiment accroché.
Jeux
C'est la pièce la plus longue (plus d'une demi-heure), pour piano Midi et ordinateur. Il y a pour moi deux problèmes : la succession des sections ici encore ne me parle pas et me semble passablement aléatoire, et de plus l'habillage électronique est souvent vraiment laid. On est au milieu des années 80, et un énorme travail a lieu à l'IRCAM autour des systèmes suiveurs de partitions, permettant au musicien de dicter sa volonté à la partie électronique, au lieu de subir le déroulement inéluctable d'une bande pré-enregistrée. Fort bien, mais ici, les sonorités aigrelettes ou grésillantes manquent particulièrement de charme. Il y a des passages forts, comme cette accumulation d'énergie par une note et quelques accords martelés, mais c'est l'intérêt même de la partie électronique qui aujourd'hui se pose, quand l'étape d'évolution qu'elle représentait dans les possibilités de dialogue homme-machine a été franchie depuis longtemps, et avec des succès plus éclatants (Manoury, par exemple).
Il sogno di Dedalo
C'est la pièce la plus récente, et ça tombe bien, c'est celle que je préfère ! Ici je perçois les signes qui me guident dans la succession des événements, qui parlent de passé et de futur dans le discours. Pas d'électronique, des lignes de présence par instruments plus stables et plus longues, un flux rythmique peut-être plus simple, mais du coup mieux appréhensible , il me semble déceler ici des échos de langage spectral (une influence Hurel ?), des mécanismes qui déforment les lignes et mettent plus de liant dans les passages d'une section à l'autre, pour un fondu-enchainé bien plus confortable. C'est un morceau à la fois ludique et mystérieux, d'une belle lumière légèrement tamisée, que j'aimerais bien entendre en concert, ce qui n'est guère le cas des deux premiers.
1 commentaire:
Anonyme
a dit…
J'aime beaucoup cette pièce également : atmosphère et rythmique... Ravi de réécouter des opus contemporaines récentes et d 'actualité ; même si j'en écoute régulièrement via les programmes du conservatoire du 12ème : notamment Tanguy et ses élèves... ; et si je garde en mémoire les opus Ortf de cette collect de vinyles argentés (du 20ème siècle) des années 70... Bonne idée ta chronique et ses extraits... à suivre
1 commentaire:
J'aime beaucoup cette pièce également : atmosphère et rythmique...
Ravi de réécouter des opus contemporaines récentes et d 'actualité ; même si j'en écoute régulièrement via les programmes du conservatoire du 12ème : notamment Tanguy et ses élèves... ; et si je garde en mémoire les opus Ortf de cette collect de vinyles argentés (du 20ème siècle) des années 70...
Bonne idée ta chronique et ses extraits... à suivre
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