Johann Sebastian Bach - Johannes Passion (Théâtre du Châtelet - 28 Mars 2007)
Etait-ce aussi mauvais que certains pronostiquaient ? Globalement, oui...
L'introduction est presque catastrophique : les flûtes peinent à tenir les notes longues, les cordes flotttent parfois proches du mal de mer, le tout flotte dans une sorte de langueur qui ne me convient pas du tout ; cela s'arrange par la suite, mais il est quelque peu dommage que l'orchestre du Concert d'Astrée n'arrive à attirer mon attention que pour des points négatifs, ses meilleurs moments étant ceux où il disparait pour ne laisser place qu'à la musique ! Le choeur s'en sort mieux, épatant même lors des airs les plus vifs, polyphonies de la foule haineuse, ou lors des passages plus massifs aux lignes doucement vibrantes. Coté voix, pareil que Simon Corley : le Pilate de Simon Kirkbride est enthousiasmant, et les soli de Andreas Scholl et Emma Bell bouleversants.
Question mise en scène, pas d'erreurs, c'est du Bob Wilson. Vétus, voire entravés, par les tenues intemporelles et so chic habituelles de Parmeggiani, les personnes se déplacent lentement, souvent à reculons, bras tendus légèrement éloignés du corps. L'imagerie traditionnelle n'est pas copiée, elle est même à peine évoquée, mais que donne-t-il à la place ? rien, ou si peu. Le Christ met un genou à terre. Les soldats, par trois même quand le texte dit quatre, passent et repassent. Les femmes aux pieds de la croix sont figées dans des attitudes qui ne créent ni beauté, ni sens. Redite des wilsonneries traditionnelles, en fait ; on gagne peu au change.
Sur le fond de scène, où l'éclairage évoque un ciel changeant, parfois agrémenté d'un soleil, des poutres passent en oblique, accompagnées un moment d'un néon : discret rappel d'une croix, et renvoi peu explicite vers les suprématistes. Certains acteurs, d'un geste des bras, provoquent des sautes violentes d'éclairage : ça réveille, mais ça signifie quoi ?
Mais le pire vient de Lucinda Childs, la seule à être un peu huée lors d'applaudissements finaux assez frénétiques (mais bon, il y en a qui ont trouvé tout ça génial) : ses poses, ses courtes courses rapides, ses robes aux longues traînes, tout cela est d'une telle absence d'intérêt que cela ressemble parfois à un gag.
Malgré tout, écouter une Passion, c'est toujours une expérience. Il doit être difficile de ne pas rendre bouleversant toute la fin de l'oeuvre, depuis le dépouillement de "es ist vollbrach" jusqu'aux choeurs finaux. L'an prochain, j'essaierai d'être plus attentif à certaines annonces, quand elles pointaient vers d'autres hauteurs d'émotions...
6 commentaires:
Tout compte fait, j'y vais ce soir.
Dommage ! Je viens d'écouter, coincidence, pour la Nième fois la St Mathieu.
je n'aurai qu'un seul mot : Whaou !
Je n'aurai qu'un seul mot : magnifique
Je confirme : gé-nial (et ça va être impossible de le revoir, zut :/). Y'a de la passion selon St-Matthieu au TCE, lundi, sinon ;) (mais il reste super peu de places paraît-il)
J'essaie d'expliquer chez Philippe[s] ce qui m'a pris à froid dans ce spectacle (et pour la St-Jean au TCE de Samedi prochain, j'ai pu prendre une place sans problème !)
Au TCE ce soir, ce sera très bien (sauf que manifestement, on n'a pas toujours le même avis !)
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