Henri Texier Strada Sextet (New Morning - 1 Mars 2007)
Ce blogue n'est vraiment pas vieux, si je n'y ai pas encore commenté de concert du Strada, alors que je les ai déjà vus deux fois, en quintet au Duc des Lombards, sans doute mon premier concert de jazz, où j'ai dormi tout le deuxième set, assommé par la structure en solos successifs auxquels je ne comprenais rien, puis à la Cité de la Musique, en Septembre 2003, où Codjia venait d'agrandir l'effectif au sextet, et n'était pas encore totalement intégré.
Sextet donc, qui s'installe presque à l'heure sur la scène du New Morning, pour plus de deux heures de musique intense et généreuse.
A la contrebasse, Henri Texier dirige la manoeuvre, tour de contrôle, distributeur des cartes, glisse un mot amer sur les intermittents, une dédicace à Daniel Znyk, mais peu de mots, beaucoup de notes, et un plaisir visible à écouter ses partenaires, à se laisser surprendre par leurs interventions et leurs inventions.
A la batterie, Christophe Marguet, c'est du lourd, ce soir. Non qu'il ne soit par moments capable de légèreté, de subtile poésie dans les percussions exotiques ou les frôlements de cymbales, mais le plus souvent, c'est une énergie révoltée qu'il exprime, en pilonnage sauvage des tomes, une densité qui semble ne jamais pouvoir s'essouffler, une férocité assez rock, en fait, qui s'épanche dans de prodigieux solos.
Manu Codjia renforce parfois cette base rythmique, hachant du picking au-dessus de la contrebasse. Parfois au contraire lissant de belles nappes diversement colorées. Parfois enfin se lançant dans d'énergiques triturations hendricksiennes, qui viennent alors compléter le coté rock de Marguet. Une étendue de styles qui lui permet de ne jamais se répéter, de ne jamais être prévisible.
Au trombone, Guéorgui Kornazov voltige, des mélodies acrobatiques, des hululements que son instrument rend spectaculaires, courbé en arrière et bras tendu sur la coulisse.
La moins forte impression viendra de François Corneloup, au saxophone baryton, qui fera passer pas mal de solos en pure force, assez loin de l'évidence dégagée par ses comparses.
Reste Sébastien Texier, à la clarinette ou au saxophone alto. Il a gagné en maturité, en richesse de langages et de techniques, en intensité lyrique, en énergie et en émotion, une inspiration par moments coltranienne, par moments enrichie d'accents klezmers, des solos qui embarquent et nous emmènent très loin, monumental.
Dans ces heures magnifiques, on notera les deux "suites", montage de morceaux joués sans interruption, dont la deuxième qui s'achèvera sur un "Afrique à l'eau / O Africa" débordant d'énergie convulsive (presque trop à mon goût ...). ; les respirations des "flaques", morceaux joués en duo ; une version bouleversante de "Valse à l'eau", et un bis tout en subtile douceur, magnifique solo de contrebasse, puis batterie jouée à mains nues, pour finir dans des notes pleines de simple souffle par les trois cuivres.
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