dimanche 5 novembre 2006

Percussions de Strasbourg - Musicatreize (Cité de la Musique - 4 Novembre 2006)

Edgar Varèse - Ionisation

Les Percussions de Strasbourg ont du jouer ce grand classique, transposé pour eux par Georges van Gucht avec accord du compositeur en 1976, des centaines (milliers ?) de fois. Ils coupent le morceau en deux parties, la première très diffuse, temps dansant et suspendu, avec les sirènes au niveau plutôt faible, et la seconde beaucoup plus tonitruante, en temps brutal et concassé, où les sirènes, bien que hurlantes, ne sauraient surpasser le fracas percussif. Du grand classique.

Luciano Berio - Cries of London

Pour huit voix, ce morceau assez court reprend des concepts de musique vocale chers à berio, entre le "O King" de la Sinfonia, la Sequenza III, ou un "Coro" sans les instruments. Terrain bien connu, mais où je n'entends rien cette fois qui me ravisse vraiment - en fait, l'ensemble me semble envahi de traits mieux exploités ailleurs ; du coup, cela fait clichés.

Philippe Hurel - La Célébration des Invisibles

C'est la première pièce de Hurel que j'entende, qui soit d'une telle longueur : 45 minutes. C'est la version concert d'un drame lyrique avec choeur, percussions et théâtre d'ombre, créé à Strasbourg en 1992. Ce soir, sans aucun dispositif scénique, l'histoire nous échappe quelque peu. Il reste la musique, élaborée à partir d'un matériau restreint, percussions limitées aux claviers, et voix traitées sans artifices de jeux (pas de sifflements, roucoulements, cris, ou autres manifestations vocales qui firent modernes à une époque mais commencent à vieillir quand la nécessité ne s'en fait plus sentir - "Cries of London" par exemple ; la programmation de ce soir est fort bien conçue).
Hurel utilise fréquemment les vibraphones. Avec ici 6 musiciens, la matière est dense, assez complexe, échappant aux simplismes Reichiens des phases et décalages pour plonger dans des polyrythmies multi-couches, des cellules longues se répétant en variations, mais laissant la place nécessaire aux voix, aux lignes relativement simples. Deux intermèdes purement percussifs, remplaçant des scènes parlées, permettent des jeux plus immédiatement impressionnants. Les voix sont amplifiées, mais sans que cela ne soit vraiment génant ; cela permet un meilleur équilibre entre les solistes vocaux et les percussionnistes, et aussi une petite spatialisation, discrète.
Le climat général est plutôt calme, apaisant, on se laisse guider au fil de l'histoire, qu'on sent là, quoiqu'on ne puisse la comprendre. Malgré la longueur, qui semblerait annoncer un morceau ambitieux, il y a comme une paradoxale retenue dans les moyens mis en oeuvre. Le tout est agréable, même si cela ressemble plus à une étape qu'à un sommet.

Radio


J'ajoute la "Ionisation" de Varèse (par les premières Percussions de Strasbourg), la "Sequenza III" de Berio (un sommet d'extravagance vocale), et "Loops II" de Hurel (une pièce solo "de concours" pour vibraphone).

5 commentaires:

Anonyme a dit…

"il y a comme une paradoxale *retenue*"

;)

bladsurb a dit…

J'ai acheté du Fauré (et du Franck) ce WE (tu as une mauvaise influence :-)

Anonyme a dit…

Trop cooooooool ! Trop fière de moi !
De quoi voir cette rentrée positivement (quoi tout le monde n'était pas en vacances ?^^)

Anonyme a dit…

Ai tapé mon adresse au lieu de mon pseudo... l'habitude... ahhh je suis bête !

Anonyme a dit…

Une paradoxale retenue... J'ai trébuché, aussi ;)

J'avouerai par contre que le Loops II me touche beaucoup plus (malgré quelques motifs répétitifs qui, je l'avoue, m'émeuvent peu) !