samedi 11 novembre 2006

Sylvie Courvoisier (Centre Culturel Suisse - 9 Novembre 2006)

Ouf, cette fois, je n'ai pas oublié ! Et fort heureusement, car cette prestation solo fut enthousiasmante !
Nous n'étions pas très nombreux dans la petite salle, fonctionnelle mais sans grande âme, du Centre Culturel Suisse, niché au fond d'une impasse, près de la rue des Francs-Bourgeois. Après une présentation par le directeur du lieu, la pianiste s'installe, et pose son jeu dès les deux premiers morceaux : d'abord une courte étude, jouée avec partition, qui n'est pas sans évoquer du Ligeti, puis une vraie improvisation, où se mèlent jeu sur le clavier et interventions percussionistes dans la caisse. Armée d'une série de baguettes, mailloches, bandes de ruban adhésif, boules métalliques, elle transforme son piano (splendide Bechstein) en tambour, en harpe, lorgne vers le clavecin. Il n'y a pas de référence directe à John Cage, il me semble - on est loin du gamelan. C'est une approche beaucoup plus ludique et instinctive, et où elle ne recule pas devant des effets faciles mais impressionnants (frapper fort les cordes basses, pour obtenir le maximum de résonnances). Ce plaisir très direct de créer des sons inusuels se conjugue avec une rigueur intellectuelle, qui s'exprime directement dans les morceaux beaucoup plus écrits (études), et dans une canalisation des explorations sonores qui ne sombrent jamais dans le n'importe quoi gratuit. Souvent, les deux aspects de ce jeu sont simultanés - une main sur le clavier pour une pluie de notes qui ne tombent jamais vraiment au hasard, une main dans la caisse pour compléter en cordes pincées ou en bois frappé. Le paysage sonore ainsi créé est riche, varié, jamais excessif, et très controlé, finalement. Pour preuve, après un peu plus d'une heure, elle entame quelques rappels, mais attend le troisième pour offrir une conclusion qui, sans résolution d'accords ni effets trop évidents, semble néanmoins suffisament définitive pour qu'on comprenne bien que c'était la fin du concert.
A lire : le compte-rendu de Samizdjazz.

Radio

J'ai lu des critiques qui décrivaient Cecil Taylor comme un danseur, plus qu'un pianiste ; parfois, le jeu des mains de Courvoisier sur le clavier, se pourchassant ou se rejetant, s'approchait de cette vision. Je mets donc un morceau de ce grand maître du piano improvisé. Puis quelques improvisations du trio Abaton, où on peut entendre un peu d'explorations percussives. La Suisse connaît une autre pianiste Free, Irène Schweizer ; je n'en ai qu'un disque, en duo avec Marilyn Crispell ; leur complémentarité est extraordinaire, et pourtant c'est bien de l'improvisation totale, sans répétitions ni partitions. C'est un disque que je redécouvre à cette occasion ! Enfin, ce programme s'achève avec le livre des anges, volume 3.

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