jeudi 23 novembre 2006

New York EIC (Cité de la Musique - 21 Novembre 2006)

Tristan Murail - Légendes urbaines

De son séjour dans la Grande Pomme, le compositeur spectral ramène des images, disposées comme les Tableaux d'une exposition. Des passages dans le métro, remplis de cuivres aigus et de tierces grinçantes, séparent une promenade crépusculaire dans Central Park (mais je n'ai pas reconnu Charles Ives), une description du pont George Washington (bel hommage à varèse), ou des courses dans des coins fort venteux (Skidoo 23 ?). Un chapitre final tentera d'établir des liaisons entre ces divers épisodes. Le tout est agréable, mais assez superficiel. De la belle musique, mais sans grande ambition. Un peu dommage.

Elliott Carter - Concerto pour clarinette

La structure est beaucoup plus nette sur scène que sur disque. L'EIC, qui commanda cette pièce, est divisé en groupes de musiciens ; devant chacun d'eux, quelques pages de partitions sur un pupitre ; le clarinetiste passera donc d'un groupe à l'autre, qui aura alors la vedette. Quelques cuivres dans les gradins assurent une spatialisation, discrète ce qu'il faut, pour donner du souffle et de la vigueur. Le principe rappelle bien sur les "Domaines" de Boulez, mais le résultat est beaucoup plus attrayant. Les passages lents sont pleins d'intensité et de beautés, les rapides tombent parfois dans une virtuosité moins intéressante. Alain Damiens joue haut la main cette partition, où les rares interruptions ne tiennent qu'au passage d'un groupe au suivant, et où ne figure aucun effet (pas de doubles notes, pas d'effets de souffles, que des notes absolument normales ! - gajeure paradoxalement avant-gardiste !).

Steve Reich - City Life

Il me semble avoir assisté à la création française de cette pièce, qui m'avait quelque peu étonné par le volume de la sono, et qui avait marqué mes premiers doutes sur la profondeur musicale des oeuvres du monsieur.
Les décalages de bribes de voix, lors de la partie 3, "Honeymoon", sont insupportablement irritants ; et l'évocation des pompiers dans la fumée de la partie 3, "Heavy Smoke", sont noyés dans un hululement grisatre d'où rien ne ressort. Je continue de bien aimer l'évocation des bateaux et des ports de la partie 4. Mais dès que Jonathan Nott lève la baguette, que le quatuor à cordes se lance, et que le son surgit, non des instruments, mais des haut-parleurs quelques mètres au-dessus d'eux, le malaise s'installe. Ce n'est pas encore Carmina Burana au Stade de France, mais c'est un premier pas qui suffit à ne plus pouvoir profiter de la musique correctement. Que la musique soit somme toute sommaire et répétitive n'aide pas.

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