dimanche 12 novembre 2006

Barber Gershwin Ives (Salle Pleyel - 11 Novembre 2006)

Samuel Barber - Adagio pour cordes

Commencer le repas par un bon bol de soupe, pourquoi pas, ça s'avale sans y penser, et ça met en appétit. Le livret explique curieusement qu'il conviendrait "aujourd'hui de réévaluer un créateur de premier plan de la scène musicale américaine et plus généralement du XXème siècle". Il faudrait pour cela programmer d'autres oeuvres que cette sempiternelle et usée dégoulinade de cordes.

George Gershwin - Rhapsody in Blue

Toujours dans le livret, je lis que Fazil Say, en plus d'être parail-il pianiste et compositeur, officierait dans des groupes de Jazz-World. Etrange, car dès la première cadence, il semble ignorer complètement ce que peut être un discours de Jazz, un groove, une structure qui fasse sens. Ayant décidé de démontrer sa totale liberté et indépendance, il en profite pour faire à peu près n'importe quoi, enchaînant au petit bonheur la chance des accélérations et des ralentis, des forte et des pianissimos, le tout avec force mimiques et gestuelles d'artiste inspiré tourmenté. Je pense aux notes récentes de Tlön : l'élégance d'Ellington (cruellement manquante), et la pose des artistes(insupportablement présente). Heureusement, toute cadence a une fin, et lorsque l'orchestre reprend les rènes, la musique réapparaît ; même si on sent que là n'est pas l'idiome d'origine de l'Orchestre National de France, ils mettent tout leur coeur dans les glissandi et les couinements d'orchestre de Jazz.
Simon Corley est plus indulgent envers le soliste ; j'ai pour ma part de brefs relents d'envie de meurtre, quand il revient en bis massacrer "Summertime" d'artifices techniques délirants. Qu'il écoute ce que Yaron Herman est encore capable d'extraire de ce matériau.

Charles Ives - Three Places in New England

Finie la soupe, exit le pitre, place à la musique. Les trois pages orchestrales sont de caractères assez différents - un climat aride, dur, une impression de vide, d'horizon bouché, pour évoquer la progression difficile du premier régiment de Noirs dans la Guerre de Sécession ; une suite échevelée de fanfares superposées dans une explosion de joie à la limite du chaos, pour un pique-nique du 4 Juillet ; et une ballade au gré d'une rivière, dans les vapeurs de l'amour, qui s'embrase vers la fin. Orchestre impeccablement tenu par Kurt Masur, dans la lenteur comme dans la frénésie.

George Gershwin - Porgy and Bess, A Symphonic Picture

Voilà sans doute le visage le plus familier de la musique populaire américaine, une suite de "songs" puissantes ou émouvantes, simples et directes, joliment orchestrées (élégance again), où tout le monde trouve un immense plaisir, orchestre, chef, et public. Ils en remettent une couche en bis (ils auraient pu, pour compléter notre bonheur, jouer du Bernstein, un extrait de "West Side Story" par exemple).

Radio

D'abord la "Rhapsody in Blue", dans ce miraculeux enregistrement où trone l'interprétation de Gershwin lui-même. Puis, de "Porgy and Bess", un extrait de l'opéra, suivi de quelques airs réinventés par Gil Evans et Miles Davis. Enfin, du Charles Ives, d'abord la promenade en barque, puis un extrait d'une pièce plus rare, "Robert Browning Overture", à la puissance apocalyptique.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens, il y avait mon père dans la salle (c'est intéressant comme remarque, non ?)

bladsurb a dit…

Ah oui, je suis impressionné !

Laurent a dit…

À découvrir d’urgence chez Barber : le concerto pour piano, le concerto pour violon, le concerto pour violoncelle.