Sasha Waltz - Gezeiten (Théâtre de la Ville - 12 Mai 2006)
Les pièces de Waltz se suivent sans se ressembler. Après l'élégance ennuyeuse de Impromptus, "Gezeiten" (les marées) assurera une scénographie plus violente, explorant le thème des catastrophes.
Après une longue introduction où les danseurs avancent en couples à pas lents, dans les pas l'un de l'autre, comme hagards, en état de faiblesse, s'aidant les uns les autres, survient la première catastrophe, un vaste et tourbillonnant tumulte où les chaises les corps et des tuyaux voltigent en tous sens, qui s'achève lorsque tous se retrouvent prostrés sur quelques tables, radeau de fortune, d'où tombe un homme apparement malade, que tous rejettent alors, avant qu'une infirmière réussisse à imposer de le soigner.
La danse, intense, athlétique, fulgurante, laisse place au théâtre, en suite d'anecdotes réalistes. Préparer un repas en commun, se disputer des bouteilles d'eau, se saisir d'une arme quelconque pour imposer le calme, s'engueuler dans des langues différentes, cela retraduit toute une série de possibilités dans un groupe de rescapés.
Pour accompagner en musique, James Bush, sur violoncelle baroque, joue des extraits des suites de Bach, mais après l'interprétation de Queyras, elles sonnent bien tristounettes et sans relief.
Survient alors la deuxième catastrophe, un incendie extraordinairement spectaculaire, avec colonne de flammes qui lèche le mur et fumée épaisse. Lorsque la scène redevient claire, les 16 danseurs interprètent des petits scénarios surréalistes, issus de séances d'improvisation. Malheureusement, cela manque fortement de condensation et d'élaboration secondaire. Les images se juxtaposent et se succèdent dans le plus total arbitraire, sans qu'un fil général permette de suivre l'évolution de la situation. Bien trop longue, cette séquence ennuie, agace, excède.
Le violoncelliste ayant disparu, la musique n'est plus que bruitiste, synthétique ou concrète, par Jonathan Bepler.
Bien plus tard enfin, surgit la troisième catastrophe, un tremblement de terre, qui démonte le parquet, explose les murs, et où apparaissent d'étranges silouhettes empaquetées dans du tissu, qui ploient lentement dans une lumière chiche et superbe, pour fournir enfin une image splendide, post-apocalyptique, riche en échos.
J'espère qu'entre des spectacles trop propres à la "Impromptus" et d'autres livrés trop brut comme ce "Gezeiten", Sasha Waltz trouvera une voie vers des chorégraphies plus équilibrées, nourries de toutes ces expériences et interrogations entre danse et théâtre, improvisation et écriture, réalisme et symbolisme.
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