Ligeti - Eötvös - Amy (Théâtre du Châtelet - 22 Mai 2006)
György Ligeti - Lontano
La lente accumulation des cordes, les lignes qui fusionnent en agrégats insolubles, la tension dans le mystère des couleurs, le temps dilaté d'un voyage à la destination inconnue, tout cela est bien rendu par l'Orchestre Philarmonique de Radio France, sous la direction de Peter Eötvös ; seuls les passages quasi-solistes, quand la matière se raréfie en deux ou trois instrumentistes jouant presque des mélodies, grincent un peu, dans une incertitude de direction dommageable.Peter Eötvös - Concerto pour piano
J'avais déjà constaté ne guère apprécier la musique de Eötvös, j'en ai une nouvelle preuve ce soir. Pierre-Laurent Aimard jongle entre deux pianos, un accoustique et un électrique au son sans doute modifié (mais cela se voyait plus que ce ne s'entendait, une opératrice muni de deux ordinateurs cliquant de temps en temps, sans guère de résultats audibles), quasiment sans pause, dans une architecture follement originale de cinq mouvements en arche rapide-lent-rapide (surtout dans un hommage à Bartok...), où le reste de la musique, qui accumule des clichés de jeux contemporains, se colle à la partie de piano en bribes comme arrachées et collées à la va-commme-je-te-pousse. Jolie partition pour les percussions. Mais cela ne fait que briller, de façon spectaculaire, et creuse.Gilbert Amy - Le premier cercle
De cet opéra créé en 1999, nous entendons ce soir la suite lyrique, de près d'une heure. Le livret s'inspire de Soljenitsyne, mais les paroles n'étant compréhensibles que par intermittence, l'histoire m'échappe, globalement. Ils auraient pu recourir aux surtitres, qui n'interviennent que pour les choeurs ! Cette difficulté de compréhension est simplement dû au chant, comme dans n'importe-quel opéra, car les lignes mélodiques utilisées sont pour une fois psychologiquement plausibles, en phase avec les émotions. De même, l'orchestration ne cherche aucune originalité avant-gardiste, soutient les deux chanteuses et les deux chanteurs, avec des combinaisons parfois belles, sinon utilitaires. Un opéra sans doute recommandable pour ceux qui n'aiment pas le contemporain ! Pour ma part, j'y ai pris un certain plaisir, mais j'ai déjà à peu près tout oublié ; à force de ne pas être original, il en est quelconque. La différence entre un bon artisan et un artiste, plus triste quand il s'agit d'une génération d'artistes qui décident de se contenter d'être des artisans, pour se faire plaisir, et pour le confort facile du public.Dans la distribution vocale, les femmes (Salomé Haller, Karine Deshayes) peuvent être oubliées (trop de puissance criarde pour l'une, pas assez pour l'autre), Alain Vernhes est tout à fait correct, et Laurent Alvaro est excellent, avec une voix qui porte de façon extraordinaire.
Pas de programmes à distribuer (les annonces seront aux micros) ni bouquets de fleurs à offrir à la fin, dans une salle limitée aux premiers étages à cause de la fort faible affluence, avec des ennuis techniques coté captation Radio-France, la soirée sentait le caffouillage. Ce cycle Aimard n'aura pas été un franc succés...
Mise à jour du Pot-Pourri : J'ajoute "Lontano", bien sur, apparement enregistré lors du concert de création. Puis le premier mouvement du premier concerto pour piano de Bartok, puisque celui de Eötvös en est un hommage. Et enfin, d'un disque que je viens d'acheter, du Levinas, un peu plus expérimental que Amy, et qui semble se souvenir de Ligeti (et de Xenakis).
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