Johann Sebastian Bach - Variations Goldberg BWV 988 (Eglise des Billettes - 7 Mars 2006)
Histoire de prolonger la série de concerts "Bach" (entre Marie Chouinard et Jean-Guihen Queyras dimanche prochain), j'ai finalement décidé d'aller voir Benjamin Alard jouer les variations Goldberg au clavecin (concert dont j'avais entendu parler plusieurs fois, pour des raisons en partie extra-musicales).
Dès l'aria initiale, il impose un climat : tempi lents, lignes lisibles mais non individualisées, son ténu, absence d'accentuations rythmiques (mais de mini pauses ça et là qui perturbent les airs de danse). Le tout baigne dans une grande douceur. Les variations sont clairement séparées, par des silences plus ou moins longs (parfois, pour se reprendre après quelque bourde). Une énergie plus grande réveille les dernières variations (s'est-il jusqu'ici économisé de peur de ne pas tenir la distance ?).
Dans le décor austère du temple luthérien, et le confort spartiate des bancs qui craquent à chaque mouvement, et même si le défaut d'une lecture trop calme, et qui n'est pas entièrement évité ici, c'est, à force de gommer les aspérités, la platitude, j'ai apprécié cette pâle lumière bleutée qui émanait de la musique, plus finalement que la prestation de Pierre Hantaï l'an dernier à la Cité de la Musique.
Le public enthousiaste réclame et obtient assez facilement trois bis, tout aussi calmes et tendrement rêveurs. Style qui n'est donc pas uniquement lié à un choix interprétatif, mais à la qualité même du clavecin, ou aux compétences techniques du musicien.
Je n'ai pas assisté à la suite, évoquée ou non ici ici et ici.
Mise à jour : Si j'ai apprécié ces tempi lents, c'est aussi parce qu'ils me rappelaient ceux utilisés par Scott Ross en 1988 (déjà fatigué par la maladie, disent certains vilains). C'est ce disque qui m'a initié aux variations Goldberg, et il me sert encore de para-insomnie efficace, dissipateur d'angoisse et calmeur de passion (et je ne veux pas ici me raccrocher au mythe ; j'ai une catégorie de disques écoutables la nuit pour me rendormir, et celui-ci en est le chef). Bref, dans le Pot-Pourri, pour poursuivre le chemin fait avec Gould de 3 à 9, j'ajoute, par Ross, les étapes 9 à 15.
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