Monnet - Ligeti - Stravinsky (Cité de la Musique - 24 Février 2006)
Marc Monnet - Mouvement autre mouvement (en forme d'étude)
Pour cor et ernsemble, cette pièce est composée de deux types de moments alternés : des séquences dirigées, aux rythmes assez complexes, et au climat plutôt enlevé, et d'autres non dirigées, plus introspectives, où le cor a plus de champ libre. Ce sont ces dernières qui ont ma préférence, les premières manquant d'originalité et de profondeur. Quelques scories, comme cette charleston sur laquelle le soliste doit marquer un tempo banal et inutile. D'étranges réminiscences de Wagner, mais ce doit être moi. La longueur de l'oeuvre, proche de la demi-heure, son découpage intensif, qui fait qu'elle retombe continuellement dans le silence, ne la rende pas facile à apprécier en entrée de concert. Plus généralement, la façon dont, dans le livret, Marc Monnet se présente et explique sa musique, dans une posture d'anti-conformiste rebelle et hors-sérail que le système tentera toujours de faire taire, n'arrange pas.György Ligeti - Concerto pour piano
Un classique. C'est Hidéki Nagano qui s'y colle, et c'est Susanna Mälkki qui dirige l'EIC, en attendant d'en assurer la direction musicale à partir de Septembre prochain.Nagano différencie presque trop les discours des deux mains, le feu roulant passant en arrière-plan, sur lequel les notes solos marquent lourdement. Le mouvement lent, "lento e deserto", se souvient des mouvements lents des concerti pour piano de Bartok ; le désespoir y est latent, puis lancinant, puis véhément, une magistrale réussite. Etonnant qu'il lui ait fallu plusieurs écoutes pour que Ligeti se rende compte de la nécessité d'ajouter des mouvements aux trois premiers. Le quatrième démarre par un échange très plat entre le piano et l'orchestre, qui se densifie peu à peu, dans un élan irrépressible. Interprétation formidable de précision, de netteté, impeccable.
Igor Stravinsky - Pulcinella
Je ne connaissais que la suite orchestrale, mais c'est l'intégrale qui est donnée ce soir, avec voix. Si la basse de Tigran Martirossian est un brin trop rude, et le ténor de Johannes Chum (qui remplace Topi Lehpituu souffrant) un peu fluet, Maite Beaumont, mezzo-soprano, ravit d'un velouté moelleux qui convient parfaitement à cette oeuvre ; et leurs voix en trio s'harmonisent à merveille. Le plaisir des mélodies de Pergolèse, à peine revues, des timbres juste un peu acides, parfois à la frontière de l'ironie, les rythmes simples et vifs, tout cela est parfaitement rendu ; il n'y a qu'à déguster sans arrière-pensée. Susanna Mälkii dirige un EIC augmenté (effectif quasiment doublé), pour un son ample et chaleureux, mais qui reste précis ; aux cordes, Hae-Sun Kang et Christophe Desjardins laisse chanter leurs instruments dans des couleurs fort séduisantes. Cela donne 40 minutes de musique qui pétille, qui gambade et qui chatoie.Mise à jour : J'ajoute dans le Pot-Pourri les deux derniers mouvement du concerto pour piano de Ligeti, joué par Aimard, et la suite Pulcinella de Stravinsky, dirigée par Boulez.
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