de Bethmann/Codjia/Jannuska (La Fontaine - 22 Février 2006)
Alléché par la chronique enthousiaste de Samizdjazz, je suis allé hier soir à La Fontaine, bar du Xème arrondissement, transformé, avec les moyens du bord, en laboratoire de la création. Devant les instruments rangés serrés, les quelques rangées de chaises sont prises d'assaut par un public très jeune ; rester au comptoir permet finalement de mieux respirer, même si le contact avec les musiciens en devient plus distant.
A la batterie, Karl Jannuska. Alternant souplement entre baguettes, balais et mailloches, il crée une frise rythmique soutenue, assez dense mais jamais lourde ; dans les solos, assez rares, il expose une idée, puis une autre, puis une autre, parfois brutalement, et sans grand lien avec le morceau lui-même. Ce n'est qu'ensuite, par cet entretien, que je me rends compte que j'ai un disque où il joue ; sa prestation ce soir fut heureusement bien plus convaincante (ce disque m'ennuie...).
A la guitare, Manu Codija, déjà vu avec Texier au sein du Strada Sextet. Dans le premier set, les morceaux choisis (du Oregon entre autres me souffle le collègue), sonnent un peu trop lisses, et il choisit un son assez liquide, pour de grands solos voyages agréables mais qui manquent de mordant. La sélection du second set lui permet de se lacher bien plus : une ritournelle pop, une bonne gorgée de blues, de l'avant-garde presque bruitiste, il s'adapte avec bonheur, et chaque fois décolle dans de belles explorations sonores, qui vibrent de plaisir communicatif.
Enfin, au piano, le leader, Pierre de Bethmann. Je ne sais si c'était une petite forme de sa part, ou une inadaptation à mes goûts, mais sa façon de jouer ne m'a guère emporté. De longues introductions vaguement rêveuses mais manquant de la magie nécessaire à ce genre d'exercice, à de puissantes chevauchées mais sans passion, j'ai le plus apprécié son support en bons accords plaqués, et quelques jeux rythmiques en décalages monkiens, mais cela fut peu. Dans le second set, alors que Codija adoptait aussitôt le son et le style adéquat au morceau, lui pateaugeait quelque peu dans des idées répétées et trop semblables. Bref, peu convaincu...
A part ça, c'est étrange (nouveau pour moi) d'écouter du Jazz de qualité dans un bar, au milieu des conversations et des bruits de verre. Mais cela est une sorte de retour aux sources. Il y a quelques disques mythiques qui ont été enregistrés dans ces conditions...
Mise à jour : Dans le Pot-Pourri, des ambiances de bar, avec des pianistes... Ahmad Jamal au Pershing Lounge de Chicago, et, album ô combien indispensable, Bill Evans au Village Vanguard. Et un peu en gag, un morceau du mix que Booster a réalisé par Blue Note ; l'extrait sonore "Sam, bring me some champagne", est-il un extrait connu de film ?
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