Nora Gubish et EIC (Cité de la Musique - 25 Avril 2012)
Lu Wang - Siren Songs
Nous commençons par une courte pièce d'une jeune compositrice chinoise. Quoiqu'instrumentale, on y sent l'empreinte de la voix qui a servi d'inspiration, celle d'un conteur eunuque qui l'avait fascinée. C'est une pièce qui raconte une histoire, un peu trop hystérique et emportée, mais avec des effets intrigants, et qui me donne envie de la réécouter.Igor Stravinski - Huit Miniatures instrumentales, Concertino
Dans le vaste catalogue de Stravinski, voici des pièces assez anecdotiques. On y reconnait les architectures rythmiques fraîches et savamment rebondissantes, les couleurs orchestrales pimpantes et parfois gentiment acides, et on ne s'y ennuie pas, mais ça ne va guère au-delà.Maurice Ravel - Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé
Entre sur scène la mezzo-soprano Nora Gubisch, dont la voix ne me fera pas spécialement effet. L'instrumentation de ces pièces est à la fois minimale et originale (les cordes en bariolage au début de "Soupir" me font rechercher une harpe inexistante). Les textes de Mallarmé vont du clair vers l'opaque. Il est plaisant de découvrir les aspects les plus avant-gardistes de Ravel, même si ces poèmes sont moins renversants que les "Chansons madécasses".Marc-André Dalbavie - Palimpseste
La belle surprise de ce concert fut cette pièce d'un quart d'heure, qui alterne des matériaux fort différents, où sous des couches post-spectrales (le scintillant du piano-flûte en trilles et en rebonds, une des figure mascotte de Dalbavie ; le pointillisme ou statisme plus morne des cordes ; les échanges et transformations entre ces deux matériaux) se dévoile un madrigal de Gesulado, qui impose une forme en couplet-refrain, et des bouts de mélodies classiques. Une pièce belle, et d'une grande tenue, qui sonne hors-mode.Je retrouve le CD où j'ai cette oeuvre gravée, et y lit que Dalbavie, du moins au début, écrivait de nouveaux passages pour chaque audition, multipliant ainsi les épaisseurs de son "palimpseste". Je ne sais pas s'il a continué ! Je préfère l'interprétation de ce soir, EIC dirigé par Alain Altinoglu, à celle du disque.
Luciano Berio - Folk Songs
Interpréter des oeuvres écrites spécialement pour Cathy Berberian peut toujours être un défi, que Nora Gubisch ne relève que partiellement, restant plus modeste dans sa manière de chanter ses mélodies, en presque hommage aux chansons populaires, avec le génie de l'instrumentation de Bério. Mais sans être anecdotique, ce n'est pas non plus l'oeuvre la plus marquante de ce compositeur, dont je préfère même le reflet pour alto et bandes magnétiques "Naturale". Ailleurs: C.Roch.NotesLe concert est disponible pour quelques semaines sur ArteLiveWeb, sauf les "Siren Songs", parce que les artistes étaient mécontents de leur interprétation.
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