Robert Schumann - Ouverture de Manfred
C'est peut-être la première fois que j'entends du Schumann par un orchestre professionnel, ici l'Orchestre Philharmonique de Radio-France, dirigé par Lothar Zagrosek. Ca ne change pas grand-chose au résultat final : j'écoute sans déplaisir, mais sans aucune excitation particulière. Je crois que ce qui me surprend le plus, c'est justement l'absence de surprises dans l'orchestration et les couleurs, tout est traité dans une pâte bien trop homogène, où il manque pour me capter l'oreille des passages solistes plus chambristes, ou des alliages de timbres plus inattendus.
Hanspeter Kyburz - A travers
Il avait fallu attendre un bon quart d'heure le début du concert, parce qu'un musicien avait un problème de santé, et il faut de nouveau attendre un bon quart d'heure le début de ce concerto pour clarinette, parce qu'il faut déplacer tous les pupitres, afin de découper l'orchestre en deux parties à droite et à gauche, le soliste étant bien sur au milieu. C'est une pièce de 1999, révisée en 2004, mais que je situerais quand même dans les oeuvres anciennes de Kyburz, quand il était un compositeur intéressant, mais pas encore passionnant. Il y a une trop grande quantité d'informations à digérer sans repères suffisants, du coup, j'assiste de l'extérieur aux démonstrations de virtuosité d'Alain Damiens, et aux déferlements orchestraux. Alors que j'adore la clarinette, il ne me reste que peu de souvenirs au final.
Robert Schumann - Concerto pour violoncelle
Après le musicien de l'EIC Alain Damiens, l'ex-musicien de l'EIC Jean-Guilhen Queyras. Qui commence par longuement régler son siège - que de temps morts dans ce concert ! Le livret est assez ambivalent, où les adjectifs enivrant pétillant ou magique sont suivis de "l'attention peine à se maintenir dans une forme sonate peu impulsée de l'intérieur", "mouvement un peu mécanique", "d'essence lyrique et non-brillante, l'oeuvre tarda à gagner la faveur des interprètes". De fait, la ligne de chant du violoncelle ne me touche pas, et les couleurs orchestrales me semblent tout aussi banales et quelconques que pour Manfred, du coup ça m'entre dans une oreille sans faire frémir l'autre ...
Hanspeter Kyburz - Touché
J'espère que c'est à cause des retards accumulés que plusieurs spectateurs quittent la salle avant le début de cette pièce. Tant pis pour eux : ils ratent le meilleur ! Que ce soit un mini-opéra (ou un oratorio ?) pour deux voix qui gagne la palme par rapport à un concerto pour clarinette et un concerto pour violoncelle, je ne m'y serais pas attendu ! Mais dans cette oeuvre écrite en 2006, et en création française ce soir, je retrouve les aspects néo-classiques de Kyburz, qui lui vont à ravir, parce qu'il les mélange à de l'avant-garde, en créant des tensions et des changements de climats qui aident à structurer l'architecture, à maintenir l'attention, et à relancer le discours dans de nouvelles directions. Il s'agit d'un dialogue entre un ténor (Daniel Kirch) et une soprano (Cornelia Horack), couple qui se dispute, par des lambeaux de phrases échangées ou interrompues, acerbes, avec des formules répétées, avant de chanter plus en duo. Pendant ce temps, l'orchestre brille de mille feux, lance des mélodies que le couple se refuse, communique des émotions, exacerbe et résout les tensions. Dans l'entretien publiée dans le livret, le compositeur explique avoir utilisé des algorithmes pour la partie musicale et aussi pour le texte, sous forme de contraintes imposées à la librettiste Sabine Marienberg. Mais c'est suffisament digéré et retravaillé pour que cet aspect devienne invisible. Ce qui ressort, c'est la sensation d'une forte structuration, mais sans qu'on sache exactement laquelle, et une beauté, une variété, et une puissance, dans le traitement orchestral, qui me donne envie d'en entendre plus.
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