Médéric Collignon solo (Galerie Hus - 22 Mai 2011)
A peu prés remis d'un hernie discale qui l'a immobilisé plusieurs mois, Médéric Collignon revient en piste, bonne nouvelle ! Le voici dans un nouveau lieu de concert, la galerie Hus, une galerie d'art animée par un couple qui a découvert la musique improvisée dernièrement et suit les conseils de Joëlle Léandre (quelle meilleure marraine possible ?) pour la programmation d'un concert toutes les trois semaines avec, à moins que j'ai loupé quelque-chose, seulement une boîte à l'entrée où chacun glisse la somme qu'il veut ! Une forme de sponsoring, donc.
Collignon commence sur les chapeaux de roues, un zapping de techniques impressionnant, avec un peu de cornet à moitié démonté, des jouets sifflants qu'il utilise deux à la fois, des triangles qu'il glisse dans la bouche, des jeux de voix, des frappes rythmiques sur le corps et le visage, et tout cela en combinaison diverses et variées, un peu comme s'il faisait d'entrée de jeu le tour de toutes les cartes qu'il a en main.
Cela fait, le déferlement se calme un peu, et il installe plus les climats successifs, avec finalement plus de voix que de cornet, et une très grande implication corporelle (ce qui n'est pas forcément indiqué suite à son accident, mais on ne se refait pas, et c'est là la manière dont la musique s'empare de lui). On sent aussi qu'il se lance des défis en cours de route, peut-on reprendre le même son à la voix que celui du cornet, ou des interrogations, peut-on utiliser les triangles avec les pieds. C'est intense, ludique, imaginatif, spectaculaire.
Après ce set d'une demi-heure d'une traite, les galeristes et une poignée d'enfants apportent une kyrielle de petits plats et de carafes, habitude des vernissages sans doute, et on se sent encore plus invités plutôt que clients ! Peut-être sommes-nous proches de l'ambiance des "concerts à la maison", avec des hôtes recevant amateurs et artistes (amateurs découvrant pour certains ce genre de musique, vues les questions posées à Collignon !).
Ca papote et grignote une bonne demi-heure, puis Collignon remet ça, pour une vingtaine de minutes plus posées, d'abord au cornet, puis au chant très mobile, et pour finir sur une séquence magnifiquement poétique de souffle polytonal, qui évoque comme le vent au-dessus du désert, un espace vide essentiel, existentiel, qu'il peuple enfin de chants d'oiseaux tropicaux, un dépaysement particulièrement sauvage.
Ailleurs: JazzMag
Spotify: Pas de disque sorti depuis Shangri Tunkashi-La, mais il envisage un disque solo (une partie en prise directe, performance brute, et une seconde en travail multi-pistes de studio). Miam !
1 commentaire:
Ah ! c'est quelqu'un ! Collignon !
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