Courtois Quartet, Sclavis Quintet (Le Triton - 26 Mai 2011)
Vincent Courtois Quartet
Ce pourrait être un quartet de Jazz vocal assez classique - sauf que ce ne l'est pas. A la place d'un simple batteur, on a François Merville, qui y ajoute un rôle de percussionniste rubrique accessoiriste, avec tout plein d'objets divers pour frapper les peaux des tambours ou juste agiter en l'air pour faire du bruit. A la place du contrebassiste, on a Vincent Courtois, qui non seulement officie sur un violoncelle, mais l'équipe d'un tel dispositif électronique qu'il en fait varier le son, depuis une contrebasse jusqu'à une guitare électrique, volontiers saturée. A la place de la chanteuse de Jazz, on a Jeanne Added, une présence à l'intransigeance Punk-Rock, capable de psalmodier du "lalala" rugueux, puis de faire défaillir l'audience d'émotion (par exemple dans "Faible et faiblissant"). Et à la place du saxophoniste, on a Yves Robert, au trombone, et également, je l'y préfère, à la flûte. Ce dernier est le seul à ne pas avoir d'électronique à sa disposition pour perturber sa musique. Ce qui le range d'ailleurs un peu en marge du reste du groupe, où il est arrivé le dernier, et où il représente l'aspect le plus classiquement Jazz, alors que les autres ne sont jamais vraiment dans ce territoire-là.Où sont-ils, alors ? Dans de l'expérimental plus ou moins bruitiste, dans de la chanson déclamée presque à nu, dans de l'énergie rock déchaînée ; le paysage est vaste. Le slogan du premier album "what do you mean by silence" me semble un peu lointain : c'est plus le bruit qui prend le contrôle (mais si John Greaves décide que "The Rest is Silence", Alex Ross préfère croire que "The rest is noise", donc tout cela est très cohérent).
Et cohérent il l'est, ce projet, paradoxalement (même si les interventions d'Yves Robert peinent encore à s'inscrire parfaitement au milieu des autres, mais peut-être est-ce voulu, ou du moins assumé), dans ce mélange de sons malpolis, d'émotions brutes, de climats violemment changeants.
Pour le bis, Louis Sclavis et Matthieu Metzger viennent ajouter leur énergie, dans un morceau rock épique et incendiaire.
Louis Sclavis Quintet
Nous voici dans des territoires plus conventionnels, si on veut. A la batterie, nous avons de nouveau François Merville, mais dans un rôle beaucoup plus classique de batteur, dynamique et énergique. Accolé à la basse électrique d'Olivier Lété, cela donne une base rythmique solide et puissante. D'autant plus que s'y rajoute à la demande la guitare facilement rugissante de Maxime Delpierre. Et devant, on a les flux entremêlés des clarinettes de Louis Sclavis et des saxophones de Matthieu Metzger.Si certains démarrages de thème, en chorus puissants, me font beaucoup penser à Henri Texier, le développement des morceaux est plus complexe, aventureux et risqué en terme de structure, avec des solos qui se superposent, et une énergie plus grande, quand la guitare s'allie à la basse électrique.
Mais le meilleur du groupe reste dans les solos foudroyants, d'une vélocité virevoltante étourdissante, de Sclavis et Metzger, impériaux.
Spotify: Bruno Ruder, Jeanne Added & Vincent Lê Quang – Yes is a Pleasant Country, Tchamitchian, Roy, Courtois – Amarco, Louis Sclavis – Lost On The Way, Delpierre – Mutatis Mutandis
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