samedi 12 mars 2011

Nono et Liszt par Diotima et Guy (Cité de la Musique - 8 Mars 2011)

Luigi Nono - Fragmente-Stille, an Diotima

Voici donc le quatuor Diotima jouant son oeuvre éponyme (à moins que ce ne soit l'inverse). Cette oeuvre charnière de Luigi Nono vers plus de silence et d'ésotérisme, se présente comme une longue suite (40 minutes) de courts événements musicaux (quelques notes tenues, une bribe de mélodie, un rapide rebond sur les cordes ...) séparés par des silences aux durées très précises. Les membres du quatuor Diotima ne cessent de se regarder, pour caler tous ces départs. L'oeuvre n'exige pas de rush virtuose, mais une concentration sans faille pendant une durée de temps inhabituelle. De la part des musiciens, et aussi de la part des auditeurs. L'oeuvre est charnière parce qu'elle possède pourtant encore un charme poétique relativement accessible (je décroche plus sur le Nono tardif ...), dans ce flirt avec le silence, ce souffle suspendu, ces structures qui malgré tout se devinent, ces miniatures méticuleusement agencées. Comme si on nous demandait de regarder, d'écouter, de respirer même, différemment.

Luigi Nono - ... sofferte onde serene ...

C'est essentiellement pour cette pièce que j'ai pris ce billet de concert. J'aime son atmosphère à la fois spectrale et animée par les sons de la vie d'une ville. La voir jouée en accroit les mystères, car il reste difficile de bien distinguer ce que François-Frédéric Guy joue de ce qui est pré-enregistré et diffusé sur bande (qui ne contient que des bruits de piano assez peu manipulés). C'est rempli d'échos et de souvenirs, mais on y entend aussi le bouillonnement de la vie si proche, dans le clair-obscur mental d'un homme en deuil dans une chambre aux fenêtres grandes ouvertes.

Franz Liszt - Sonate en si mineur

De la spécificité théorique de la forme, qui révèle l'homothétie de la sonate et de son premier mouvement, je ne saurais dire grand-chose, sauf que le retour du thème dans le dernier mouvement est en effet remarquable, même à première écoute ; cela semble une économie de moyens, qui a certainement beaucoup plu à Bartok, fan de cette oeuvre dit le livret. Aux passages les plus rapides, et un peu trop romantiques pour moi, j'ai préféré l'introduction, ce note à note hésitant, presque aussi percé de silences que du Nono, et d'autres passages similairement brisés, où le discours laisse entrevoir une obscurité silencieuse étonnante.

Spotify: Quatuor LaSalle Quartet – Nono: Fragmente-Stille, An Diotima, Pollini – Nono: Como una ola de fuerza y luz; ...sofferte onde serene..., Mardirossian – Liszt : Sonate en si mineur, transcriptions

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