Emile Parisien Quartet / Archimusic + Rocé (La Dynamo - 21 Mars 2011)
Emile Parisien Quartet
Une caractéristique de ce quartet, c'est la complexité de leurs compositions. Elle peut être presque un défaut sur disque, où les transitions d'une ambiance à l'autre sont parfois brutales. Mais quand elles ont été peaufinées par deux ans de tournées, et qu'elles prennent le temps de se déployer, elles deviennent sur scène de splendides épopées, où on traverse éberlués nombre d'émotions, happés que nous sommes par l'énergie et la maestria de ces musiciens. Pas d'inédit, donc, au contraire : les quatre morceaux joués sont, dans l'ordre, ceux de l'album "Original Pimpant", et le dernier "Sopalynx" est sans doute ce qu'ils jouent en bis, quand ils en ont le temps.Sylvain Darrifourcq à la batterie possède une magnifique technique, qui donne une grande énergie et une grande richesse de timbres et de couches rythmiques. Ivan Gélugne l'épaule à la contrebasse, lui aussi en énergie et en masse sonore, à l'archet comme à la main, ça drive dru. Au piano, Julien Touery ne joue pas les partitions Jazz habituelles, les deux mains sont souvent dans le même registre, clusters dans les basses, ou pluie de notes dans les aigus. Enfin, au saxophone soprano (le ténor présent sur scène ne sera pas touché), Emile Parisien me fait penser à la boxe de l'homme ivre : frénétique et titubant, tout en mouvements circulaires et en limite, mais inarrêtable et bien souvent flamboyant.
Mais ce qui emporte, au-delà de leurs talents individuels, c'est la cohésion du groupe, et l'allant irrésistible qu'ils impriment à cette musique, quels que soient les épisodes traversés, du bruitisme rigolo, un duo piano batterie méchamment violent (tout en clusters et en fill-ins !), de la poésie sonore finement travaillée (cymbales frottées à l'archet, piano joué dans les cordes), etc. Et puis, il y a la présence sur scène d'Emile Parisien, qui s’assoit ou part en fond de scène quand il ne joue pas, et triture constamment le bec de son instrument, puis se lance, posture guerrière, sauts, danse sauvage, très charismatique.
Bref, une belle claque, à la hauteur du Jus de Bosce de Collignon (mais lui renouvelle plus son répertoire ; si Emile Parisien joue tous les soirs les mêmes morceaux dans le même ordre, je me demande si ça ne devient pas assez vite un peu lassant ...).
Jean-Rémy Guédon Archimusic + Rocé - Le rêve de Nietzsche
Curieux projet, basé sur le mélange des genres. L'ensemble Archimusic est déjà une conjonction rare, entre un quatuor de bois (hautbois, clarinette, clarinette basse, basson) traité comme un ensemble classique en contrepoint Stravinskien néoclassique, et un quartet Jazz (batteur qui sait rester spartiate, bassiste électrique orienté Funk, trompettiste brillant, et Jean-Rémy Guédon au saxophone et à la direction). A ces éléments s'ajoute le rappeur Rocé, qui scande des textes de Nietzsche.La musique est sympathique, par cet assemblage d'univers différents, néoclassique, jazz, rap, mais tous les morceaux se ressemblent un peu. Le point fort, c'est la manière dont Rocé s'est approprié les textes de Nietzsche, dont il n'a pas changé une virgule, mais auxquels il donne, par la scansion à la fois posée et énergique, et par le choix des extraits, entre slogans prophétiques et poésie brutale, une présence bien moderne et vivifiante.
Ailleurs: JazzMag, mes photos.
Spotify: Rocé – Identité En Crescendo, Archimusic - Parthéos
1 commentaire:
Grave erreur ! j'ai raté ce concert "parisien" !
Merci de ce cpte rendu !
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