Johann Sebastian Bach - Suite pour violoncelle seul n°3 BWV 1009
J'avais choisi ce concert en partie sur le nom de Sonia Wieder-Atherton. Je ne pensais pas qu'elle ne ferait que jouer du Bach ! Ce qui surprend d'emblée, c'est le bruit de sa respiration. On a appris à supporter les pianistes qui chantonnent, voici une violoncelliste qui inspire et expire avec une rare intensité. C'est d'ailleurs l'ensemble de son interprétation qui est intense, mais malheureusement un peu trop forcée. Ici une pédale rythmique lourdement insistante, ici du métallique dans les cordes, là des crescendos trop marqués, généralement, elle en fait un peu trop. Plutôt que donner de la vigueur à de la musique qui n'a pas besoin de ces épices, cela fait perdre le fil général.
Helmut Lachenmann - Quatuor à cordes n°2 "Reigen Seliger Geister"
Deux types de matériau dans cette oeuvre : d'une part (je cite le livret) des sonorités étouffées, aériennes ou flûtées, d'autre part (en citant le livret qui cite sans doute Lachenmann) un "paysage de pizzicatos qui se dévoile peu à peu". La diversité et la subtilité des jeux des archets sur les cordes, la variété des types de pizzicato, le dialogue des yeux entre les membres du quatuor issu du Kammerensemble Neue Musik Berlin, maintiennent l'attention, et contribuent à la dramaturgie de la pièce. Comme l'oreille n'est pas forcément assez fine ou assez éduquée pour gouter ces minuscules différences d'attaques ou de tenues, le visuel permet de mieux pénétrer les arcanes de cette musique aux frontières du pur phénomène sonore, et gorgée de silences. En disque, cela doit être assez peu supportable. Sur scène, c'est plutôt fascinant.
Johann Sebastian Bach - Prélude de la suite pour violoncelle seule n°3 BWV 1011
Retour de Wieder-Atherton, qui cette fois, en plus, tape du pied ! Sinon, même qualité, et mêmes défauts.
Pierre Jodlowski - Is it this ?
Du même auteur, je n'avais guère apprécié
Drones. Et c'est ici un peu pareil. Un percussionniste imite sur ordinateur une frappe sur machine à écrire (avec les "chding" de retour chariot), qui résulte en des messages qui s'affichent sur grand écran au-dessus de la scène : "Is this it ? Is it this ???? Is it really what it is ?? Eat this heat ? It is really as real as it seems to be ????? Really ??" etc. Sonorement ça ressemble à du Steve Reich, scéniquement c'est rigolo et vaguement angoissant. Puis viennent s'installer un violoniste et un clarinettiste. Mais ce qu'ils ont à faire est trop entre deux registres : c'est trop policé pour être convaincant dans le registre jazz bruitiste ou rock industriel, et ce n'est pas assez élaboré pour être convaincant dans le registre musique contemporaine. Pareil pour un passage où le percussionniste joue avec un fut métallique, un peu de sable et un gros caillou ; on est loin de l'émotion que savait tirer de semblables éléments FM Einheit pour "Stein". De la vidéo d'immeubles berlinois, ou un passage à la batterie, ne me convainquent pas plus.
2 commentaires:
C'est tout à fait un truc de l'école du violoncelle... et ça étonne le profane, mais les joueurs de violoncelle respirent comme des judokas ou des haltérophiles... et c'est VRAIMENT très pénible... ????
Certes, il faut se colleter à l'instru, pas facile à jouer, c'est sûr... mais ces respirations forcées , façon apnée de plongeur au sortir de 3 mn sans respirer, c'est vraiment PENIBLE !!! et je connais des instrumentistes de bons niveaux à qui je n'ose pas le dire : que cela me gave de les entendre souffler sur ces opus mythiques...
Pour moi les 6 suites restent une oeuvre "enregistrée" , CD ou vinyle... alors qu'en général je suis fan de "Live" avant toute chose...
Mais qui aller voir pour jouer ces opus après avoir écouté Pierre Fournier depuis Moultes années...
Je les ai entendues jouées par Queyras, et c'était beau ...
http://bladsurb.blogspot.com/2006/03/jean-guihen-queyras-suites-pour.html
Depuis, j'en ai acheté 3 versions CD (dont Fournier ... et Queyras ...)
Enregistrer un commentaire