Retrouvailles avec l'EIC : Susanna Mälkki toujours en noir, pantalon de cuir, et long manteau ; un nouveau violoniste dans les rangs, Diégo Tosi ; Daniel Ciampolini désormais listé en tant que "musicien supplémentaire".
Des cartes postales distribuées à l'entrée nous informent d'un nouveau site, Musicaréaction, une sorte de blog de l'EIC permettant d'écouter des extraits musicaux, de réagir et de commenter, dans une ambiance peu guindée, initiative qui me semble fort intéressante ! Vous pouvez y entendre des extraits (de plusieurs minutes) de trois des oeuvres présentées ce soir.
György Ligeti - Melodien
Tiens, du Ligeti que je n'ai pas dans mes CD ! Plus que les mélodies, ce qui me frappe, c'est la texture : de longues notes tenues discrètement dans le fond sonore, un poudroiement scintillant au premier plan de cellules brèves et aiguës, et l'essentiel de la sauce en lignes entrecroisées, parfois strictement, parfois plus relâchées, qui donne une sensation de flux à la fois libre et sous contrôle. La polyrythmie, bien qu'omniprésente, n'est jamais mise en avant, les couches s'agencent, s'intègrent et mutent de manière très naturelle, limpide et chatoyante.
Pierre Jodlowski - Drones
Dès que les musiciens commencent à jouer et que le son sort, simplement amplifié, par les haut-parleurs, je grimace. Cela permet à un pizzicato de violoncelle d'entrer en compétition sonore avec un roulement de caisse claire, de procéder dans l'orchestre à des sortes de gros plan grossissants, mais cela contribue, et pas qu'un peu, à une certaine artificialité de l'ensemble de l'oeuvre, en création ce soir. L'auteur évoque faux-bourdon, avions furtifs, et David Lynch. L'engagement physique des musiciens m'a semblé surtout bruyant, banalement brutal, cherchant à impressionner, et du coup assez ennuyeux.
Veli-Matta Puumala - Chains of Camenae
23 musiciens, cela ressemble plus à un orchestre. Il y a de bout en bout une forte tension narrative, Puumala menant de front diverses contraintes qui structurent les développements successifs, avec comme effet qu'on se demande "où va-t-il nous mener ?" et "va-t-il s'en sortir ?". L'efficacité indéniable de l'écriture orchestrale s'appuie néanmoins sur des effets parfois un peu douteux, l'oeuvre résisterait-elle à des écoutes répétées ?
Gérard Grisey - Le temps et l'écume
La soirée était placée sous le signe de "La Genèse", c'est cette dernière pièce qui l'évoque le mieux, avec cette longue et lente introduction en bruit presque imperceptible "dans la plaine naît bruit / c'est l'haleine de la nuit", que parcourt et agite de légères vagues crissantes, pour peu à peu enfler, nous amener du monde sonore des insectes à celui des baleines (dixit le livret), un voyage à la fois physique et mystique, organique et onirique, dans le son et dans les étoiles. Comme souvent pour ce genre de musique (spectral accompli, ou post-spectral), je m'endors à moitié (mais pas
à la Raymond, chez moi ce type d'engourdissement est plutôt bon signe), embarqué volontaire dans des visions fascinantes mais frustrantes (j'aimerais en même temps être pleinement attentif aux événements musicaux, c'est une pièce que je n'aurai pas la possibilité d'écouter à nouveau avant longtemps, et pouvoir l'absorber de cette manière mi-consciente qui me comble si plaisamment d'images).
1 commentaire:
oui ! excellente initiative, ce site... déjà parce qu'il permet de réécouter des oeuvres déjà entendues.
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