dimanche 7 juin 2009

Copland Stravinski Weill (Salle Pleyel - 6 Juin 2009)

Aaron Copland - Music for the Theatre

Voici un début de concert bien pétaradant, et assez réussi. Ce n'est pas de la musique révolutionnaire, quelque-part entre Gershwin et Bernstein, tentant de fonder une musique américaine, entre structures symphoniques européennes et influences du Jazz africain, avec d'amusants passages dont le but évident est de choquer le bourgeois, mais c'est globalement de fort bonne facture, avec des rythmes urbains bien menés, des nocturnes bien doucereux, de jolis solos pour hautbois ou pour cor anglais. De nouveau, le public applaudit en fin de mouvement ! Cette ignorance des règles s'explique cette fois par la présence massive de fans de Mariannne Faithfull, qui rongent poliment leur frein en attendant leur idole en deuxième partie.

Igor Stravinski - L'Oiseau de feu (suite de 1919)

Dennis Russell Davies conduit son orchestre "Bruckner Orchester Linz" sans faute, mais sans guère de passion non plus, dans cette suite. Je n'ai en CD que les versions longues et courtes de 1910, du coup je ne sais ce qui tient à la prestation de ce soir, ou vient de la partition elle-même, mais je me suis un peu ennuyé, ce qui est quand même rare pour du Stravinski de cette époque.

Kurt Weill - Les Sept Péchés Capitaux

Deuxième écoute en concert, et c'est pas encore ça. Le problème étant toujours la chanteuse. Avec Marianne Faithfull, on a droit à une version en anglais, une octave plus bas que normalement, chantée au micro (mais parfaitement dosé, cela dit), et une optique délibérément cabaret plus qu'opéra. Faithfull n'est plus l'innocente amoureuse du diable Jagger, ni la survivante aux brisures déchirantes de "Broken English". Elle ressemble à ces vieilles chanteuses de club de Jazz, revenues de tout, posant sur la vie un regard sans illusions que le whisky permet d'adoucir d'un peu de pitié. Son interprétation pleine de gouaille met bien en avant l'ironie mordante du texte, et en "écrasant" un peu les mélodies, les rapproche de façon très intéressante du Sprechgesang de Schoenberg ! Mais l'émotion est un peu tenue à distance.
L'orchestre non plus n'est pas tout à fait assez "dedans". Certains traits de flute manquent d'acidité, les pages finales (L'Envie), qui devraient être presque effrayantes de monumentalité et de férocité, ne sont pas à la hauteur.
Les héros de la soirée, ce sont les quatre hommes du groupe vocal Hudson Shad, voix magnifiques, présence brillante, petit jeu théâtral, leur performance est tout simplement parfaite, et du coup, "La Gourmandise" est le meilleur passage (avec énumération de petits plats en français dans le texte !).

En bonus, voilà la première impression que j'ai eu de ces péchés capitaux.
La voix de Teresa Stratas, l'intelligence de Peter Sellars, la beauté de Nora Kimball, peut-être que je mets la barre un peu trop haut ...





Ailleurs : Palpatine, Aligateau, Paris-Broadway

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