Le Livre du Graal : Astuce légale
Une demoiselle arrive à la cour du roi Arthur pour y accuser la reine Guenièvre d'être une usurpatrice. Le moyen le plus simple de régler la question est un duel judiciaire, mais le champion de la reine est Gauvain, formidable combattant. Comment éviter cette dangereuse épreuve ?
Alors la demoiselle saisit la main du chevalier qu'on nommait Bertelai le Vieux et elle le présenta au roi en disant : "Bertelai, réclamez le combat à titre de témoin et en vertu du droit, contre monseigneur Gauvain ou tout autre chevalier, s'il y en a un qui ose ainsi relever le défi contre vous." Aussitôt Bertelai s'agenouilla devant le roi et se proposa pour le duel tel qu'il avait été décidé. Monseigneur Gauvain le regarda et, très embarrassé en le voyant si vieux, le considéra avec mépris. [...]
Dodinel jura par Dieu qu'il ne combattrait pas plus un chevalier si âgé qu'un homme mort. "Et je ne resterai pas en un lieu où monseigneur Gauvain se couvrirait de honte en combattant cet homme." Sur ce, Dodinel s'en alla en jetant des regards de mépris à la ronde. Mais à peine avait-il fait quelques pas qu'il revint auprès du roi pour lui dire : "Sire, après réflexion, je sais qui affrontera ce chevalier : Chenu de Quel, qui n'est pas trop jeune, puisque ce fut un chevalier renommé pour ses exploits avant que votre père ne fût chevalier." A ces mots, tous éclatèrent de rire. Cependant le vieux chevalier était toujours à genoux et réclamait le combat.Galehaut, §29-30
En utilisant de pareils procédés, se pliant à la règle du combat judiciaire tout en l'empêchant grâce à un tabou plus puissant, le parti de la demoiselle indique assez bien de quel coté est la vérité. Malheureusement, l'attitude de la reine n'ayant pas été irréprochable (ah, Lancelot ...), et le roi s'apprêtant à fauter pareillement avec la fausse Guenièvre, l'affaire sera bien plus compliquée à dénouer.
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