Emmanuel Nunes - Litanies du feu et de la mer II
Vingt minutes de piano solo, jouées par Sébastien Vichard, qu'on commence à voir souvent, mais qui garde son allure timide, presque empruntée, quand il n'est pas assis à son clavier. Ces litanies commencent par un mouvement de notes tournoyant, comme une boucle qui lentement se déplace le long des touches. Mais rapidement d'autres éléments entrent en jeu, parfois brutaux (des ébranlements de forces primaires, martèlements), ou beaucoup plus subtils (pluies fines, des jeux complexes sur les étages de sons superposés en intensités différenciées), en séquences que creusent des silences de plus en plus nombreux, plus longs. On sent que tout cela vient d'un travail sur des improvisations, mais une ligne générale s'installe, un lent effondrement, comme une civilisation dont les traces s'effacent sous les assauts des éléments.
Emmanuel Nunes - Lichtung II
J'ai plus de mal à distinguer une ligne générale, ou une structure. C'est plutôt l'exploration d'un climat, par touches répétées et variées. Tempo assez constant, densité sonore assez égale, c'est la partie électronique qui fait l'essentiel de l'intérêt, fusionnant par moments des aigus des cordes et des bois, ou posant comme un microscope sur les pizzicati, ou s'amusant avec les percussions (fermement isolées derrière les plaques de plexiglass), et sans jamais dénaturer les sons. La notice explique que Nunes a utilisé une technique fétiche (paires rythmiques et plus petit commun multiple ; hum !?) à la spatialisation, et ça se sent.
Emmanuel Nunes - Lichtung III
Ecrit une dizaine d'années plus tard, et en création mondiale ce soir, cette pièce est assez différente. L'effectif plus important (cordes doublées, harpes comprises, vents augmentés ...) entraine une partition plus variée, avec des pleins et des déliés, une structure plus claire, plus classique, que je préfère ; par contre, la partie électronique est plus banale.
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