Rien de vraiment passionnant à la télé ce soir, du coup, à la veille d'un début de semaine bien rempli, autant rédiger de suite ce billet qui reste sinon d'être trop différé.
Je ne me souvenais plus qu'une lecture de Joyce était prévue lors de ce concert, que les ayant-droits ont empêchée, désirant, en contrepartie de leur autorisation, avoir leur mot à dire sur le programme musical. Pas bien grave ...
Luciano Berio - Thema Omaggio a Joyce
Cathy Berberian lit du Joyce, Berio manipule le son de sa voix électroniquement ; d'abord imperceptible, le traitement peu à peu compresse le spectre, ou au contraire l'étire, enfin le déforme jusqu'à l'abstraction totale, fouillis de gazouillis et pépiements, tempête, souffles de vents ... La pure récitation, et la poésie sonore finale, sont très agréables ; le passage intermédiaire un peu moins, qui fait son âge - bande de 1958, les procédés de mixage vocal sont devenus depuis plus subtils.
Philippe Fénelon - Ulysse (Mythologie IV)
C'est le remplaçant de la lecture supprimée. Pièce pour cinq instruments (flûte, clarinette, cor, violon, violoncelle) et en 5 parties (de "La caverne du cyclope" au "Retour à Ithaque") avec des intermèdes entre. Pas désagréable, mais pas vraiment passionnant non plus, une écriture somme toute assez classique et un brin répétitive au long des 23 minutes, on note de belles interventions solistes (belle cadence pour violoncelle au début de Calypso, me semble) ; l'écriture plus abrupte des intermèdes aux formes concentrées me plait bien.
Rebecca Saunders - Molly's Song 3 shades of crimson
J'ai cette pièce en CD, mais la voir jouer permet de l'apprécier encore davantage. L'échange des "coups de fouets" entre la flûte et la guitare, la façon dont celle-ci joue les percussions, tout devient plus limpide ; à l'alto, Odile Auboin charge les parties les plus mélodiques d'une charge dramatique surprenante ; à la flûte, Emmanuelle Ophèle insuffle une telle énergie qu'elle manque parfois faire basculer sa chaise ; Christian Rivet tourne et retourne sa guitare (avec cordes d'acier) pour y gratter quelques accords, y glisser un bottleneck, y tapoter un rythme ; lorsque la matière sonore se raréfie, après l'irruption de la boîte à musique, chaque note semble plus essentielle. La pièce est courte, guère plus de 8 minutes, et pourtant nous embarque dans un long voyage, avec une succession d'émotions et de climats. Superbe, splendide interprétation.
Bernd Alois Zimmermann - Présence
Ballet blanc en cinq scènes pour violon, violoncelle, piano et récitant muet. Musiciens déguisés (la violoniste en Molly Bloom, le pianiste en Don Quichotte, le violoncelliste en Ubu), musique grossière (pianiste insistant sur les échos jusqu'à en devenir ronflant, et ponctuant ses interventions de citations diverses ; cordes dont les longues lignes se mêlent sans me laisser grand souvenir), phrases poétiques sur de grands cartons brandis pour séparer les scènes, par un récitant muet (il essaiera vainement d'aligner trois syllabes), tout cela aurait été, chez Kagel, plus drole, moins prétentieux, sans doute plus intéressant et surprenant.
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