samedi 17 mars 2007

Présences électronique 1 (Maison de Radio France - 15 Mars 2007)

Simon Corley ayant expliqué que les concert du festival "Présences" étaient peu pleins, je tente son versant "musique électronique", même lieu (la salle Olivier Messiaen), mêmes modalités (gratuité, files d'attente, organisation un peu bizarre).

Edgard Varèse - Poème électronique

Écrit il y a 50 ans, ce court morceau de musique concrète et électronique est donné dans une version amplement spatialisée, les sons surgissant un peu de toutes parts, des bribes de percussions ou de voix humaines, des sonorités d'orgue ou de pures vibrations, ça chuinte, ça couine, ça vrombit ; le statut de l'oeuvre aujourd'hui est difficilement définissable - daté ou pas ? vintage ?
Il y a une trop grande part d'expérimentation, de défrichement d'un territoire alors globalement inconnu, pour que cette oeuvre devienne vraiment un "classique". Disons que cela donne une idée de l'époque, de l'appétit de Varèse à goûter ces nouveaux fruits sonores, mais cela ne figurera pas parmi la liste de ses chef-d'oeuvres.

Mimetic - Virtual (Around Me ?)

Sur scène s'installe Jérôme Soudan, derrière un ordinateur - est-ce bien utile, le spectacle des hauts-parleurs qui jonchent la scène aurait suffi. Pièce divisée en deux parties : une surface étale gonflée de basses, où surnagent quelques sifflements électrostatiques, et des vrombissements insectoïdes ; puis une irruption brutale de rythmes triviaux, vaguement crescendo, avant un retour au calme. Aucun charme, pas de profondeur, un morceau sans intérêt.

Sogar - Mai Motive

Encore un alias, cette fois-ci pour Jürgen Heckel, qui s'installe aussi sur scène (dans les concerts acousmatiques auxquels j'assistais il y a des années, les compositeurs se contentaient de la place derrière la table de mixage, et c'était très bien ainsi). Il nous propose un voyage agréable dans un paysage formé de climats variés, glissant de l'un à l'autre dans un fondu enchaîné quasi constant, une musique d'états d'âme, tranquille, peut-être un peu trop, apaisante à la limite de l'ennui.

Matmos

Le livret indiquait une reprise à 22h. Le temps de manger dans un bar proche, retour à 21h50, et le duo de Matmos est déjà sur scène, devant un écran montrant un clip nuageux ; depuis combien de temps ont-ils commencés ? Mystère. Ils enchaînent et terminent par une pièce de Robert Ashley, le final de "Perfect Lives". L'un pianote sur plusieurs claviers, pour mettre en place des boucles plus ou moins synchrones, un fond mouvant de rythmes et de sons, dont les variations maintiennent l'attention. L'autre gratouille par moments une guitare, ou l'utilise en percussion, et surtout récite le texte de Ashley, sur une femme dans son jardin, aux répétitions hypnotiques, dans un flux verbal façon Laurie Anderson au masculin. Excellent, très américain. Performance un peu courte (ou écourtée par mon retard ?).

Hector Zazou - Corps électriques

Cette étrange soirée entre musique contemporaine électronique expérimentale et bidouillages électros-rocks se termine par un groupe monté par Hector Zazou (musicien touche à tout, néo-classique, world musique, rock ...), avec Bill Rieflin(électronique et percussions, principalement quelques cymbales), Katie Jane Garside (chanteuse sorcière allumée, lignes vocales simplissimes entremélées de cris façon Blixa Bargeld), Nils Petter Moelvaer (trompettiste qui retrouve des sonorités de son album "Khmer", mais qui a du mal à trouver sa place ce soir, et reste assez minimaliste), et Lone Kent (guitariste). Ils jouent de la Dark Pop, imbibée de Trip-Hop, dans des ambiances lourdes, Lynchiennes. Le public, resté froid pendant toute la soirée, déserte la salle.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Rassure-toi, tu n'as pas loupé grand chose, ils ont effectivement démarré sur fond nuageux, avec ces boucles faussement bancales qui caractérisent une partie de leur oeuvre. Un live qui ne laisse pas insensible. En revanche j'ai trouvé la lecture de Ashley très froide.
Quant à la dernière partie, ça touchait au pathétique, entre deux frottis de cymbales et trois beats lourdement balancés en accompagnement d'une voix fluette gentiment écorchée