Gonzales Solo Piano
Du coup, j'arrive dans la salle de la Cité au beau milieu de ce concert. Sur la scène, un piano droit partiellement désossé, au-dessus duquel est fixée une caméra qui relaie sur grand écran l'image du clavier où virevoltent les doigts de Gonzales, grand escogriffe dandy, et clown poète à ses heures. La salle, visiblement charmée par le personnage, lui obéit joyeusement, chantonnant ici, sifflant les airs requis là, riant beaucoup. Mais de quoi s'agit-t-il ? De détournements musicaux, principalement. Gonzales se saisit d'airs connus, ou de ritournelles personnelles, et les expose au piano de mille manières successives, empruntant à tous les genres, grands arpèges classiques, clusters dévastateurs, minimalisme mono-doigt, le tout pimenté de gags, de petites surprises, de jeux avec les attentes du public. C'est parfaitement ludique, rigoureusement léger, assurément superficiel, mais cela fonctionne, comme une gourmandise délicieusement sucrée.
Laurent Garnier
Le concert est bien présenté ainsi : Laurent Garnier, featuring Bugge Wesseltoft et Philippe Nadaud. Et c'est bien le DJ compositeur techno qui est aux manettes, qui sélectionne ses propres compositions et quelques autres, qui lance ses comparses, et qui impose son climat. De la techno, donc ; je ne suis plus ces courants d'assez près pour savoir à quelles sous-branches cela appartient. Mais dans les moments les plus réussis, cela donne de la musique qui déchire en même temps les tympans (la densité sonore est parfois volontairement poussée au-delà des capacités de digestion de la salle), les tripes (la musique de Garnier est souvent pleine de solitude urbaine, de paysages déshumanisés, d'une violence rageuse sans cause), et les pieds (impossible de résister aux montées de transe hypnotique, aux envolées rythmiques qui commandent la danse).
Il est peu possible de savoir qui fait quoi exactement entre Garnier et Wesseltoft, qui lancent des boucles de sample, des éléments rythmiques, diverses sources de bruit. Wesseltoft complète par de vrais solos au clavier (même si la sonorité choisie, habituelle chez lui, est un peu trop liquide dans cet environnement ; j'aurais préféré un son plus tranchant), et Philippe Nadaud vient compléter par des interventions musclées aux saxophones. Les deux rencontrent d'ailleurs le même problème : leurs solos ont du mal à trouver leurs marques, entre les couches électroniques, et doivent du coup passer en force. Par contre, une fois lancés, ils arrachent, principalement Nadaud, avec un son énorme, qui enflamme le son et la salle. A l'heure des derniers métros, la salle se vide un peu, cela laisse plus de place pour danser (de la bonne musique comme ça, sans fumée de cigarettes, sans cohue et avec une vraie belle sonorisation, faut en profiter !).
Du coup, fin à 2h30, rentrée à pied, jambes cassées, repos mérité, après cette énivrante (eh eh) soirée marathon.
Mise à jour : Toujours dans le
Pot-Pourri, un morceau de l'album Live de Bugge Wesseltoft, même si cela n'exprime pas vraiment l'esprit de cette soirée ; il faudrait du Laurent Garnier Live, mais pas en DJ ... et j'ai pas ça en stock.